Le lac de Tibériade atteint un niveau record

Nathalie Hamou
La mer de Galilée, menacée d’assèchement il y a moins de deux ans, pourrait se remplir pour la première fois depuis 1992.
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La nouvelle est tombée en plein confinement, comme une sorte de lueur dans un océan de mauvaises nouvelles liées à l’épidémie de coronavirus. A la mi-avril, le lac de Tibériade est monté à seulement 21 centimètres sous « la ligne rouge supérieure » (le niveau remplissage maximal) et pourrait se remplir pour la première fois depuis 28 ans. Après un hiver particulièrement pluvieux, la mer de Galilée, le plus grand lac d’eau douce d’Israël, serait donc susceptible de déborder ! Depuis début janvier, les pluies ont été si abondantes que le niveau de l’eau a progressé de 3,12 mètres, une remontée renforcée par la fonte de la neige des sommets du plateau du Golan.

Les experts cités par les médias israéliens ont estimé que le niveau de l’eau atteindrait la ligne rouge supérieure de 208,8 mètres en dessous du niveau de la mer dans les premiers jours de mai, ce qui serait sans précédent depuis février 1992. Si cette hypothèse se confirmait, les autorités pourraient donc avoir à intervenir pour ouvrir le barrage situé au Kibboutz Degania, permettant à l’eau de se déverser dans le fleuve Jourdain. Un tel scénario ne s’est produit que deux fois -en 1969 et en 1992- depuis la construction de l’infrastructure en 1931.

En tout état de cause, la configuration actuelle reste d’autant plus exceptionnelle qu’en 2018, l’Autorité des eaux israéliennes avait à l’inverse averti que la mer de Galilée s’asséchait en raison de faibles précipitations enregistrées depuis cinq ans. Et qu’elle approchait de la « ligne noire », marqueur selon lequel la qualité de l’eau risque de se détériorer notamment à cause du limon.

Interrogé par les médias, Uri Schor, porte-parole de l’Autorité des eaux israéliennes, avait rappelé à l’époque que l’Etat hébreu souffrait généralement d’un manque d’eau. Blâmant le changement climatique, il avait déclaré : « Nous recevons de moins en moins de pluie en moyenne ces dernières années, et avant l’année dernière, il y a eu cinq années de sécheresse sévère, principalement dans le Nord et la mer de Galilée ».

Autant dire que la situation actuelle crée un contraste saisissant. De fait, depuis le début de 2020, les habitants de la région n’ont pas manqué d’exprimer leur joie face à ce spectacle nouveau. « J’ai vécu à Tibériade toute ma vie et je ne me souviens pas d’une météo pareille », a commenté Shimi Ben-Nissim, cité par le Times of Israel en début d’année. « C’est un sentiment d’émerveillement, comme si quelque chose de magique était en train de se produire ». De là à dire que le Kinneret (nom du lac de Tibériade, en raison de sa forme de harpe, kinor en hébreu) est définitivement sorti d’affaire, il y a un pas. Mais à un niveau d’eau record, la mer de Galilée qui a toujours influencé le moral de la nation ne peut que mettre du baume au cœur des Israéliens confinés.

Une nouvelle espèce d’oiseau se pose en Israël

Pour la première fois, une nouvelle espèce d’oiseaux migrateurs, le pluvier à triple collier, a été repérée en Israël. Ce petit échassier d’origine africaine appartenant à la famille des oiseaux de rivage (limicole) s’est posé à la mi-avril aux environs de Zichron Yaakov, dans l’enceinte du kibboutz Ma’ayan Tzvi. Répandue en Afrique (du Sud ou orientale) comme à Madagascar, cette espèce fréquente généralement des milieux marécageux et les zones humides. Chaque année, Israël, situé aux confins de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, accueille sur son territoire une vingtaine d’espèces d’oiseaux migrateurs au kilomètre carré, soit un niveau record. « Ce n’est pas la première fois que je débusque une espèce rare, mais c’est sans doute la trouvaille la plus émouvante qui m’a été donnée de faire », a confié au site d’informations israélien Ynet, Shachar Alterman, l’ornithologue qui a découvert le premier pluvier à triple collier à se poser en Israël. L’histoire ne dit pas si cette découverte a un quelconque lien avec le confinement de plus d’un tiers de l’humanité.
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En Israël, à l’approche du premier anniversaire des massacres du 7 octobre, les hommages aux victimes se déclinent à travers des œuvres puissantes, des cérémonies plurielles et des témoignages à foison qui résistent à la récupération politique.

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