Les miettes de gâteau au pavot qui changèrent la vie de Romain Gary

Michèle Baczynsky
Accusé de trafic d’objets volés, au bord du désespoir, Romain Gary, qui n’avait alors que 8 ans, décida de mettre fin à ses jours. Il dut son salut à un chat… et à un morceau de gâteau au pavot qui lui redonnera goût à la vie, comme il le raconte dans son roman auto-biographique La promesse de l’aube.
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« Je me mis en position. Puis, je me rappelai que j’avais dans ma poche un morceau de gâteau au pavot que j’avais volé dans l’arrière-boutique d’une pâtisserie située dans l’immeuble, et que le pâtissier laissait sans surveillance lorsqu’il y avait des clients. Je mangeai le gâteau. Je me remis ensuite en position et, avec un gros soupir, me préparai à pousser. Je fus sauvé par un chat. (…) Il me regarda attentivement, après quoi, sans hésiter, il se mit à me lécher la figure. (…) Je ramassai les miettes du gâteau au fond de ma poche et les lui offris. Il me mordit l’oreille. Bref, la vie valait la peine d’être vécue. (…) J’ai toujours pensé qu’il vaut mieux avoir quelques miettes de gâteau sur soi, dans la vie, si on veut être aimé de manière vraiment désintéressé ».

Je connais beaucoup de personnes qui partagent la même passion gustative que Gary pour le gâteau au pavot originaire d’Europe de l’Est. La raison en est-elle le goût réconfortant du pavot ? Par fidélité au Yiddishland disparu ? Ou alors, par nostalgie, ce vague à l’âme qui traverse le temps et toutes les générations confondues qui, à la longue, finissent par ressembler aux couches successives de pommes et de pavot d’un flodni hongrois ? Ou tout cela, à la fois ?

Pour Rebecca Fruitman (29 ans), la cuisine est synonyme de partage et les fêtes juives, l’occasion pour elle, sa mère et sa grand-mère, de se réunir et de cuisiner ensemble pour préparer le repas. Un véritable moment de partage transgénérationnel.

Rebecca m’a transmis sa recette familiale du gâteau au pavot très simple à réaliser, un gâteau de réconfort savoureux, avec une pointe de citron qui vient rehausser avec bonheur le goût du pavot.

Ca tombe bien. Le gâteau au pavot est une spécialité ashkénaze de la fête de Pourim qui tombe le 9 mars prochain. Vous pourrez, si le cœur vous en dit, préparer ce gâteau que Romain Gary n’aurait pas boudé et même, il s’en serait rempli les poches. C’est sûr !

 

Le gâteau au pavot de Rebecca Fruitman

Ingrédients / 8 personnes

5 œufs

200 gr de graines de pavot ou moulues

(ma préférence, en vente dans les épiceries polonaises)

400 gr de farine

200 gr de sucre

200 gr de beurre doux

1 sachet de levure chimique

200 ml de lait

Le jus d’un gros citron et son zeste râpé

(bio de préférence)

1 pincée de sel

Préparation

1. Faites fondre le beurre au bain-marie et incorporez-le au sucre.

2 Mélangez rapidement sans blanchir.

3. Séparez les jaunes et blancs d’œufs. Ajoutez les jaunes d’œufs dans cette préparation et mélangez énergiquement.

4. Ajoutez la farine, la levure chimique et
une pincée de sel. Mélangez.

5. Ajoutez les graines de pavot et le lait. Mélangez. Ce n’est qu’à ce moment que vous rajouterez le jus de citron et le zeste. Mélangez.

6. Battez les blancs en neige jusqu’à ce qu’ils soient bien fermes.

7. Incorporez-les progressivement à la préparation en mélangeant délicatement.

8. Versez la pâte dans un moule beurré.

9. Préchauffez le four à 170 degrés.

10. Enfournez et laissez cuire 20 minutes,
puis baissez la température du four à 150°C. Laissez cuire encore environ
40 minutes. Le gâteau doit être légèrement doré, pas trop gonflé. Vérifiez qu’il est cuit à l’intérieur en plantant une lame de couteau qui doit ressortir sèche.

11. Démoulez-le à l’envers sur une grille.

12. Emballez-le immédiatement de film alimentaire pour qu’il conserve toute
son humidité. De cette manière, il gardera sa texture moelleuse et ferme à la fois.

13. Placez le gâteau au frigo et sortez-le 20 minutes avant dégustation.

Bon appétit et Hag saméah, bonne fête de Pourim !

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