Mahinur Özdemir, Farida Tahar et Frères musulmans à Bruxelles

Willy Wolsztajn
Les élections communales 2018 virent l’absence remarquée des militantes islamistes et conseillères sortantes Mahinur Özdemir (Schaerbeek) et Farida Tahar (Molenbeek). Si la première se replie sur l’associatif, Ecolo a récupéré la seconde pour le scrutin régional bruxellois 2019. Leurs liens sociaux permettent de cartographier des sphères d’influence liées aux Frères musulmans, actives en région bruxelloise. Tour d’horizon.
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Elue grâce au Centre démocrate humaniste (CDH) première parlementaire en hidjab de Belgique, proche du néo-sultan Recep Tayyip Erdogan – il assista, alors Premier ministre, à son mariage – Mahinur Özdemir consacre le dress code musulman comme étendard politique. Le CDH l’exclut en 2015 pour négationnisme du génocide des Arméniens.

Mahinur Özdemir reçoit alors le soutien de l’Union of European Turkish Democrats (UETD), un réseau AKP, le parti d’Erdogan. Un certain Mehmet Alparslan Saygin en exerça la fonction de secrétaire général pour la Belgique. Fort d’un ouvrage sur la laïcité préfacé par le libéral Hervé Hasquin, cet activiste islamo nationaliste et antikurde laboure désormais les terres laïques, muni de son faux-nez.

Frustrée de ne pouvoir accéder à l’échevinat, Mahinur Özdemir se retire de l’action politique. Elle milite au collectif Les Cannelles, asbl molenbeekoise fondée par Ihsane Haouach au départ de l’opération de propagande vidéo islamiste « Bruxelloise et voilée. » Les Cannelles et son double, L’Epicerie, se consacrent à « l’art et l’éducation pour une société plus inclusive ».

 

Structures gigognes, machines à islamiser les mœurs

Bruxelloise et voilée, Les Cannelles, L’Epicerie, « inclusivité » : ces structures gigognes promeuvent une vision de la femme musulmane, bien entendu voilée, idéal de femme pudique, fer de lance de l’islam visible qui affirme l’Oumma, la communauté des croyants. Mahinur Özdemir, Ihsane Haouach et quatre autres Cannelles cosignent une tribune européenne revendiquant le hidjab au travail comme droit musulman inaliénable.

Parmi la centaine de signataires on épingle Julie Pascoët pour l’ENAR (European Network Against Racism), que dirige l’ex (?) Frère musulman Michaël Privot, des activistes FEMYSO et EFOMW, fédérations européennes proches des Frères musulmans affiliées à l’ENAR, Malika Hamidi, grande prêtresse du « féminisme islamique » et égérie du très peu féministe Tariq Ramadan, des militantes des Collectifs contre l’Islamophobie en France et en Belgique ainsi que l’inévitable Rokhaya Diallo.

Farida Tahar, quant à elle, a été adoubée en politique par feu Philippe Moureaux (PS), intéressante convergence entre socialisme marxiste et socialisme bigot. Coordinatrice de l’asbl Le Figuier, ex Service social musulman, fondatrice en 2010 de l’association Tayush avec son désormais colistier Ecolo Henri Goldman, membre de l’Association belge des Professionnels musulmans (ABPM), elle avait participé en 2007 au « putsch » islamo-gauchiste qui inaugura la désastreuse ère Bouhlal au Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie (MRAX). En 2015, avec d’autres, elle dévoie en manif anti islamophobie la protestation bruxelloise contre le massacre de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Administratrice du Collectif contre l’Islamophobie en Belgique (CCIB), elle contribue en 2016-2017 à torpiller les tentatives d’ouverture du MRAX.

De 1999 à 2003, Farida Tahar parfait sa formation religieuse à Alkhayria Belgica, établissement d’inspiration salafiste et Frères musulmans. Il compte parmi ses conférenciers Hani Ramadan, le frère de l’autre, celui qui trouve des vertus à la lapidation. « Puisse Dieu, exalté soit-Il, faire miséricorde et le couvrir de Sa bénédiction. » Ainsi adresse-t-elle ses condoléances au vice-président du CCIB Hajib El-Hajjaji pour le décès de son oncle Mohamed. Président de la fondation Aksahum Belgium, celui-ci levait des fonds pour les œuvres sociales du Hamas. Hajib El-Hajjaji, chef de file Ecolo à Verviers, est renseigné de longue date comme lié aux Frères musulmans malgré les dénégations de ses coprésidents Zakia Khattabi et, à l’époque, Patrick Dupriez.

En 2016 le ministre Didier Gosuin (Défi) alloue un subside de 26.000 euros au CCIB et à l’ABPM. UNIA, Centre interfédéral pour l’égalité des chances, a coproduit avec le MRAX et le CCIB un PowerPoint qui place sur un même plan l’interdiction de signes convictionnels ostentatoires et les incitations à la haine raciste. UNIA n’a pas saisi que si l’on peut ôter son hidjab, on ne peut changer de peau ni d’origine ethnique.

 

Rompre avec l’islam politique, lui couper les vivres

Le gala 2018 du CCIB affiche les logos de ses partenaires : MRAX, BePax (ex Pax Christi), CEJI (Contribution juive pour une Europe inclusive), Vie Féminine, Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International, Fédération des Etudiants Francophones, Groupe Socialiste d’Action et de Réflexion sur l’Audiovisuel, Média Animation, Fédération Wallonie Bruxelles, Région de Bruxelles-Capitale, Agence européenne des Droits fondamentaux, UNIA. Qu’attendent ces institutions pour rompre avec l’islam politique ?

« Je ne peux prétendre à une responsabilité telle que je suis.» Ainsi Farida Tahar annonce-t-elle sa décision de jeter l’éponge aux communales 2018. Sous-entendu : à cause de son hidjab. En fait, il s’agirait d’une banale querelle de préséance sur la liste. Cela ne l’empêche pas de pleurnicher sur Facebook.

Parmi les marques de sympathie reçues relevons Mustapha Chairi (président du CCIB, ex Ecolo), Hajib El-Hajjaji (vice président, Ecolo), Benoît Mouraux (administrateur, exclu de Défi). Les Ecolo Sarah Turine, Zubida Jellab, Ahmed Mouhssin, Rajae Maouane, Jean-Claude Englebert, le parlementaire bruxellois Fouad Ahidar (SP.A), le patron d’Actiris Grégor Chapelle (PS), etc.

Les accointances militantes entre Mahinur Özdemir et Farida Tahar ne datent pas d’hier. Quand le CDH éjecte la première, la seconde lui exprime sa solidarité. D’autres Molenbeekois font chorus : les Ecolo Sarah Turine et Rajae Maouane ainsi que le parlementaire bruxellois Jamal Ikazban (PS), l’homme au signe de rabia[1] lors d’un rassemblement pro palestinien. On peut voir aussi Farida Tahar flanquée de Jamal Ikazban, rigolards et en parfaite harmonie avec Mahinur Özdemir et Ihsane Haouach sur la vidéo de présentation des Cannelles.

Les liens sociaux de Farida Tahar et Mahinur Özdemir mettent en évidence des réseaux d’activistes et de structures. Ils quadrillent en région bruxelloise l’ensemble de l’éventail politique démocratique, le monde associatif et les institutions publiques. Ils appliquent sur le terrain des préconisations stratégiques énoncées dès 2000 par le leader Frère musulman Youssef Al-Qaradawi. Ils édifient une contre société islamique visible, vaste secte refermée sur elle-même, séparée du monde sécularisé ambiant, dans le but d’islamiser les rapports sociaux.

Cordon sanitaire autour de l’islamisme, comme autour de l’extrême droite

A la fois islam 2.0, moderne dans ses procédures et modalités et à la fois porteur d’obscurantisme, de conservatisme, d’identitarisme communautaire et religieux, cet islam politique alimente de fait le marais jihadiste. En effet « l’islamisation telle qu’elle a été construite aboutit à une radicalisation[2] » laquelle conduit à la violence. Comme l’islam saoudien d’il y a 40 ans, l’islam Frères musulmans d’aujourd’hui creuse le lit du terrorisme de demain.

Cet islam heurte de plein fouet le sécularisme de l’Europe et les valeurs qui le portent : liberté de penser, y compris par l’insolence, l’humour et le rire, liberté de la presse et des médias, égalité entre femmes et hommes, émancipation personnelle, métissage, cosmopolitisme, primauté de la loi humaine sur la loi de Dieu, etc. ainsi que la croyance en l’universalisme de ces valeurs.

Les démagogues de tous poils ont fait de l’islam le fonds de commerce de leurs diatribes xénophobes. Un islam qui, hélas, s’y prête à bien des égards. Abdiquer devant le terrorisme intellectuel qui taxe d’« islamophobe » et de raciste toute critique de l’islam leur ouvre un boulevard. Alliés objectifs, islam politique et extrême droite se renforcent mutuellement. Il serait temps d’arrêter de tendre les micros à l’islamisme, de lui offrir des tribunes, de subsidier ses officines. Il est nécessaire de dérouler autour de lui un cordon sanitaire, comme autour de l’extrême droite.

 

[1] La DH – 17.05.2016 – Geste de ralliement Frère musulman lors des mobilisations pro Morsi en Egypte, le signe de rabia s’exécute main ouverte, pouce rabattu, quatre doigts tendus.

[2] Felice DASSETTO – Jihad u Akbar – Essai de sociologie historique du jihadisme terroriste dans le sunnisme contemporain (1970-2018) – Presses de l’UCL – 2018 – P 210.

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