FAC OFF

Roland Baumann
Premier roman de Frédéric Sojcher, FAC OFF révèle les travers du milieu universitaire : luttes internes, précarisation de l’emploi, wokisme, etc.
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Cinéaste et professeur des universités, Frédéric Sojcher utilise la fiction pour peindre une critique pleine d’humour du système académique français. Le titre du roman, jeu de mots entre « Fuck Off » et « Fac » (faculté), annonce l’ironie du récit qui suit le parcours d’un étudiant gravissant les échelons pour devenir professeur. Pour ce faire, il s’est inspiré de sa propre expérience et dévoile la réalité de l’enseignement supérieur, où la réussite dépend autant de compétences académiques que de la capacité à naviguer habilement dans un environnement ultra-compétitif. Les relations entre enseignants et étudiants sont souvent teintées de condescendance et d’une compétition sous-jacente. Ces dynamiques de pouvoir, présentes dans la société en général, sont exacerbées par le cadre académique.

Le roman critique le centralisme parisien qui domine l’université française, et crée une hiérarchie implicite entre les facs parisiennes et celles des régions, constituant un frein à la diversité et à la reconnaissance des talents, et contribuant aux sentiments d’aliénation des enseignants, forcés de s’éloigner de leur environnement familial et culturel. Sojcher évoque avec humour les rapports de genre à l’université, souvent marqués par un déséquilibre de pouvoir, en particulier les relations amoureuses et sexuelles, les mettant en perspective avec les évolutions sociétales, notamment suite au mouvement #MeToo.

Pourquoi Frédéric Sojcher choisit-il la forme du roman pour cette critique du système universitaire français ?  « La fiction me permet de raconter une histoire », répond-il. « Ma passion est le cinéma, et je trouve essentiel de créer une intrigue avec des personnages. Je m’inspire du milieu que je connais, puisque je suis moi-même professeur des universités, mais à partir de là, j’invente une histoire avec une intrigue et riche en rebondissements qui, j’espère, permettent de mieux comprendre le fonctionnement de l’université, tant du point de vue de l’enseignant que de celui des étudiants. Ce qui est fascinant à l’université, c’est la confrontation entre ces deux générations, leur rencontre intergénérationnelle. Aujourd’hui, il est crucial d’avoir un lieu où ces générations peuvent se rencontrer et échanger des savoirs ! FAC OFF aborde aussi de nombreux enjeux sociétaux qui enrichissent les péripéties du récit, tels que le wokisme, l’égalité entre les sexes, le débat sur ce qu’il faut enseigner aujourd’hui : faut-il céder à la culture de l’effacement ou non ? »

Ce roman rend hommage aux « petites mains » qui assurent le fonctionnement quotidien de l’université : secrétaires, gardiens et autres employés, souvent mal rémunérés et peu valorisés, et pourtant essentiels à la vie universitaire. Frédéric Sojcher défend l’université comme lieu de transmission intergénérationnelle du savoir et de débat critique.

Attaché à l’idée d’une université publique et accessible à tous, il plaide pour la défense de cette institution face à la montée en puissance des écoles privées qui menacent l’essence même de l’université, lieu essentiel de réflexion et de libre-pensée, pilier de la société démocratique. 

D’une mésaventure à l’autre, le héros maladroit de ce roman décapant et hilarant nous révèle les travers de cette institution en péril et à laquelle son auteur est très attaché…  

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