Le 21 octobre, une nouvelle base de données créée par le CegeSoma facilitera les recherches sur la Résistance en Belgique dans la Deuxième Guerre mondiale.
Le Centre d’Étude Guerre et Société (CegeSoma) est connu pour la qualité de ses recherches historiques et ses importants fonds d’archives sur les conflits du XXe siècle. Le projet Wikibase Résistance, lancé par le CegeSoma au printemps 2021 et dirigé par Fabrice Maerten et Anne Chardonnens, veut fournir un outil de recherche avancée sur toutes les personnes engagées dans des activités de résistance en Belgique occupée en 1940-1944. Le contenu de cette base de données est constitué surtout d’informations sur plus de 150.000 résistants provenant de dossiers personnels de reconnaissances de statuts établis dans l’après-guerre et conservés par le CegeSoma et le Service Archives des Victimes de la Guerre.
Chaque entité dans la base de données est dotée d’un identifiant unique, associé à plusieurs propriétés : nom de famille, prénom(s), date de naissance, domicile, mouvement ou réseau de résistance, statut de reconnaissance nationale, références d’archives, numéro d’inventaire. Des informations complémentaires précisent le genre, la langue, la nationalité, le lieu de naissance, l’état civil, la profession, ou encore les dates d’arrestation, de libération, de décès. Wikibase Résistance facilitera enfin l’accès aux informations disponibles sur les résistants, souvent fragmentées et dont la consultation exigeait parfois de longues recherches dans différents dépôts d’archives. Le 21 octobre, la plateforme Wikibase Résistance mettra à disposition du public les données issues des dossiers de la Sûreté de l’État sur quelque 40.000 femmes et hommes qui demandèrent une reconnaissance de leur participation à la résistance en qualité d’agents des services de renseignement et d’action (ARA), et plus de 25000 dossiers relatifs aux résistants reconnus par la presse clandestine, actifs dans la rédaction, l’impression, ou la diffusions de tracts, journaux et affiches sous l’Occupation.
Dans un entretien récent accordé au Soir, Nico Wouters, directeur du CegeSoma, soulignait l’intérêt croissant pour l’histoire de la résistance en Flandre, ce dont témoigne notamment la création d’une chaire à la VUB sous la houlette de l’historienne Nel de Mûelenaere, initiatrice du site internet créé par l’ASBL Helden van het Verzet. Wouters est cofondateur du nouveau réseau « Histoire de la résistance » composé de chercheurs universitaires et d’historiens dont Chantal Kesteloot et Fabrice Maerten. Il se félicite du lancement de la base de données Wikibase Résistance le 21 octobre, mais pointe du doigt la situation budgétaire alarmante qu’entraineraient les réductions draconiennes de la politique scientifique reprises dans la “note du formateur” Bart De Wever.
Résistance juive
Wikibase Résistance permet notamment de retrouver des traces de résistants juifs dont les histoires étaient enfouies dans des fonds d’archives dispersés. Ainsi, Nico Theunissen, bénévole au sein de l’équipe Wikibase Résistance a découvert cet été le dossier de Samuel Mossel. Né en 1879 à Middelburg, ce Juif hollandais travaille durant la Première Guerre mondiale au consulat britannique de Rotterdam. Dans l’entre-deux-guerres, il vit à Bruxelles et travaille au port d’Anvers. Après l’invasion, il fournit des faux papiers à ceux qui veulent gagner l’Angleterre. Il fait partie du Front de l’Indépendance et du Comité de Défense des Juifs. Arrêté le 26 juillet 1942, Mossel est emprisonné au fort de Breendonk, puis déporté et assassiné à Auschwitz. On lui décernera à titre posthume, les statuts de résistant civil et de prisonnier politique.
La page Facebook du CegeSoma publie régulièrement des nouvelles du projet Wikibase, telle cette notice du 18 juillet dernier sur l’engagement d’un Juif polonais dans la presse clandestine. Né à Radom, Abram Ryba est journaliste et vit dans la clandestinité à Bruxelles au début de l’Occupation. Membre du Mouvement National Belge, il diffuse les journaux clandestins Le Flambeau, Unser Wort (dont il est cofondateur) et De Vrije Gedachte. Il est reconnu Résistant par la presse clandestine pour ses activités exercées du 11 novembre 1942 jusqu’à la Libération de Bruxelles, le 3 septembre 1944.
Lancement de la nouvelle plateforme Resistance in Belgium le 21 octobre 2024 (14 -16 heures) au CegeSoma
Salle de conférence du CegeSoma, Square de l’Aviation 29 – 1070 Bruxelles
Inscription obligatoire : [email protected] ou 02.556.92.11
