Depuis que de nombreuses manifestations pacifiques sont organisées chaque semaine en Israël pour appeler à la démission du Premier ministre suite à son inculpation, des incidents violents ont été causés par des militants pro-Netanyahou. Ces derniers agressent les manifestants en les frappant, en projetant du gaz lacrymogène, ou en essayant de les écraser avec leur voiture. Des dizaines d’incidents de ce type ont été commis cette année.
C’est la raison pour laquelle, le lendemain de l’assaut du Capitole par les partisans les plus violents de Donald Trump, de nombreux journalistes israéliens n’ont pu s’empêcher de penser aux partisans les plus fanatiques du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Si ce dernier perd les prochaines élections ou s’il est condamné dans la procédure judiciaire qui le vise, ils craignent que ses partisans organisent des manifestations qui risquent de se terminer par une prise d’assaut de la Cour suprême. Si ce scénario est peu probable, tout le monde, à gauche comme à droite, a fait le lien entre les partisans les plus acharnés de Trump et ceux de Netanyahou.
« Il y a effectivement dans la base du Likoud, une frange de partisans inconditionnels et fanatiques de Benjamin Netanyahou présentant de nombreuses similitudes avec les partisans les plus opiniâtres de Donald Trump aux Etats-Unis », observe Simon Epstein, historien israélien. « Du point de vue sociologique, les partisans de Trump et ceux de Netanyahou sont largement issus des classes moyennes inférieures et des couches populaires en voie de prolétarisation et surtout, en voie de précarisation. Privés de couverture sociale et de sécurité de l’emploi, ce sont des victimes de l’effondrement de l’Etat-providence. Ce sont eux qui paient le prix du capitalisme sauvage dont Trump et Netanyahou, leurs idoles, furent les idéologues et les promoteurs, chacun à sa manière et chacun dans son pays. Au plan politique, ils tirent leurs informations, voire leurs directives d’action, des réseaux sociaux où prolifèrent les mensonges et les théories conspirationnistes. Ils évoluent dans une sphère culturelle étrange et fantasmée, toute empreinte de religiosité, de racisme et de culte du chef ».
Une haine commune des « élites »
Ils partagent une vision du monde lourde de récriminations et de ressentiment dans laquelle les « élites » sont responsables de leurs malheurs. « Dans les deux cas, les élites abhorrées sont identifiées aux professions libérales ou intellectuelles, soupçonnées de voter à gauche. Le système judiciaire est particulièrement visé, et c’est ainsi que l’inculpation et le procès de Netanyahou ont maximisé le prestige dont il jouit auprès des membres de son parti, auprès de l’ensemble de la droite israélienne et, tout particulièrement, auprès du public religieux. Trump et Netanyahou sont passés maîtres dans l’art d’orchestrer les sentiments complotistes qui animent leurs partisans. Ils savent leur parler, ils savent qu’il suffit d’agiter l’épouvantail des médias, des juges ou de la gauche pour les mobiliser », fait remarquer Simon Epstein.
Cela peut apparaitre comme un détail marginal mais parmi les manifestants aux abords du Capitole de Washington, il y avait un petit groupe d’Israéliens vivant aux Etats-Unis. Des journalistes israéliens présents ont réussi à les identifier et à les interviewer. On a pu remarquer, que ces Israéliens étaient semblables à ceux qui soutiennent Netanyahou avec obstination et violence : une même manière de parler, une même démonisation de la gauche, des médias et de la justice. S’exprimant devant les caméras de la Douzième chaîne, l’un de ces manifestants israéliens a même raconté qu’il a pénétré dans le Capitole où il est resté environ trente minutes. Y trouvera-t-il une source d’inspiration lorsqu’il s’agira de défendre Benjamin Netanyahou ? Une question qui traverse effectivement les esprits.