Bizarro World

Noémi Garfinkel
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Bizarro, c’est le super-vilain des bandes-dessinées DC Comics qui fait tout le contraire de Superman, le Moïse des temps modernes venu de l’espace. Inspirés par le concept de l’ombre développé par Jung, les créateurs de Bizarro font aussi référence au miroir (où tout est inversé) et au négatif (au sens photographique) pour décrire Bizarro, ce produit frelaté d’une expérience de clonage ratée. Il est incapable de parler correctement, les mots qu’il emploie sont vidés de leur sens originel, remplacés par un antonyme : bon veut dire mauvais, sauver signifie tuer, et vice-versa. En bref, il n’est bon qu’à être mauvais. Et, bien sûr, il vient d’un monde à son image.

Ce « Bizarro World » où tout est inversé est devenu le nôtre le 7 octobre. On y trouve une rapporteuse de l’ONU qui nie le caractère antisémite des massacres, un politicien norvégien qui soumet la candidature de l’UNRWA au prix Nobel de la paix, tandis que son président ignore tout de l’existence de locataires terroristes au sous-sol de son quartier général à Gaza, des gens d’extrême droite qui se posent en rempart pour protéger les Juifs de l’antisémitisme, un brocanteur des Marolles qui vend tranquillement des insignes nazis frappés de la croix gammée le dimanche au marché, des ONG féministes qui taisent les violences sexuelles parce que les victimes sont des Juives, une « prison à ciel ouvert » qui se révèle être une base militaire/data center/geôle souterraine, et même… quelques Juifs, qui servent de caution morale à ceux qui ne défendent les Palestiniens qu’en tapant sur Israël. Que ceux qui disent qu’ils ont honte d’être Juifs soient rassurés, moi aussi j’ai honte pour eux.

Dans ce monde à l’envers, Israël est méchant, et le Hamas est gentil, même quand il se sert d’hôpitaux gazaouis pour lancer ses missiles dégradés vers des objectifs civils israéliens. Même quand ces missiles ratent leur cible et ne s’écrasent, par chance, que sur les parkings des hôpitaux de Gaza. À travers le monde, le public, mais aussi des journalistes, des hommes et femmes politiques relaient les informations du Hamas comme de parfaits petits sténographes.

Récemment, la Première ministre d’Irlande du Nord a déclaré que : « Le Hamas sera finalement considéré comme un partenaire pour la paix au Moyen-Orient. » Au secours Superman, Bizarro a une sœur ! Dans l’univers parallèle du Bizarro World, l’Afrique du Sud, inventeur breveté de l’apartheid, poursuit Israël pour génocide devant la Cour internationale de Justice. Et qui s’honore à défendre la seule démocratie du Proche-Orient ? L’Allemagne naguère nazie et la France jadis pétainiste !?! Vivement qu’à la fin de la guerre, comme à la fin du dernier épisode de Bizarro, l’éditeur place la mention « Not to be continued » (à ne pas continuer). 

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