Comment qualifier le 7 octobre et mettre un mot, le plus juste possible, sur la terreur, la destruction, les exactions commises ce jour-là ? Le terme pogrom, issu du russe pour « destruction » et employé à partir de la fin du XIXe siècle pour qualifier les exactions perpétrées contre la population juive dans l‘Empire russe, a immédiatement sauté à l’esprit de bien des observateurs. « Dans l’imaginaire collectif », explique Marie Moutier-Bitan, historienne de la Shoah et docteure en histoire contemporaine de l‘EHSS, « le pogrom est une émeute de civils assassinant leurs voisins juifs, dans un accès de rage antisémite. Cette violence est préparée, guidée, instrumentalisée. Elle est le fruit de la décision d’une autorité politique ou morale. » À ce titre, Moutier-Bitan a identifié plusieurs composantes du pogrom dans les attaques menées par le Hamas dans les kibboutzim.
Les crimes commis le 7 octobre dans le sud d’Israël ont réactivé des imaginaires et autres traumas ancrés de longue date dans la psyché juive et dans l’héritage commun aux Juifs de la diaspora et d’Israël. Dans la revue K. Les Juifs, l’Europe, le XXIe siècle[2], Frédérique Leichter-Flack, professeure de littérature et d’humanités politiques au Centre d‘Histoire de Sciences Po, souligne que « Bien sûr, ce n’était pas stricto sensu un pogrom. Mais que dit la convocation de l’imaginaire du pogrom, outre la violence extrême, la cruauté, les viols barbares et les mutilations des corps ? Il dit la vulnérabilité, l’impuissance, et l’abandon. Et il dit la honte. La honte de ce qu’on vous a fait et de ce qu’on a fait de vous. La honte de ce qu’on a fait de vos êtres chers, et celle de votre impuissance à empêcher ces actes. La honte de la mère qui n’a pu protéger sa fille du viol. La honte du frère qui n’a pu protéger sa sœur de l’éviscération. La honte du père qui n’a pu empêcher ses enfants d’être brûlés vifs, les mains attachées dans le dos. La honte de l’État, qui n’était pas là au moment où on avait si vitalement besoin de lui. »
Penser la razzia
Le vocable pogrom marque les consciences. Mais un autre mot pourrait bien aider à définir autrement le 7 octobre : celui de razzia. « On a eu tendance à présenter le 7 octobre comme un pogrom. Il y a bien sur des éléments qui vont dans le sens de cette qualification », analyse Hugo Micheron, maître de conférences à l’École des affaires internationales de Sciences Po. « Mais du point de vue des perpétrateurs, pour le Hamas, ce n’est pas le cas. Il ne s’agit pas d’un pogrom mais d’une razzia. Dans la théologie islamique médiévale à laquelle se réfère le Hamas pour justifier ses actions, la razzia est très encadrée. Elle considère qu’une force musulmane, si elle se trouve en incapacité de tenir un rapport de force militaire face à un ennemi déclaré, peut multiplier les incursions en territoire ennemi pour se saisir en butin. Ce butin, matériel ou humain, est qualifié de “ghanima”, qu’il faut comprendre comme le butin légal qu’on peut aller s’offrir sur le dos de l’ennemi. » L’objectif de la razzia est d’abord d’exposer les faiblesses défensives de l’ennemi eu utilisant l’humiliation. Une attaque humiliante conçue pour traumatiser la partie adverse dans le but d’entraver sa capacité de réaction.
Correspondant trait pour trait aux caractéristiques du 7 octobre, le terme razzia apparaît dès lors comme particulièrement opérant. Et Hugo Micheron de poursuivre : « Israël s’est retrouvé face à un choix restreint : ne rien faire et abdiquer ou bien répondre et se venger. Tout cela est pensé et codifié dans la tradition islamique médiévale. Si l’ennemi reconnaît sa défaite, il s’expose à de nouvelles razzias et à sa destruction à long terme. L’autre possibilité, c’est l’invasion militaire, dans une optique de contre-attaque. Dans ce dernier cas, la réponse a été également théorisée : elle débouche sur une déclaration de djihad défensif. » Et en effet, dès le 11 octobre, dans une vidéo Youtube, un des porte-paroles du Hamas a appelé les savants du djihad global à se prononcer sur la suite des événements. « De cette manière, le Hamas fait un appel du pied direct aux djihadistes pour les inciter à prononcer un djihad global contre les Juifs. Un appel de ce type, aussi clair, n’avait pas eu lieu depuis Ben Laden. » Ou quand les mots ajoutent au malheur du monde.
J’ai apprécié la description de razzia
Comment qualifier vous demandez-vous ? Comme le crime le plus barbare qui soit qui n’a pas été dénoncé avec suffisamment de force par les partis islamo gauchistes belges (PS et Ecolo sans parler du PTB)
On verra très rapidement si le CCLJ qui se dit sioniste aura le courage et la dignité nécessaire pour refuser tout interview ou encart électoral émanant de ces partis qui sont nos ennemis et pour lesquels aucun juif sauf les traîtres de l’UPJB ne devrait voter car voter pour eux c’est comme approuver les horreurs du Hamas.
Si le CCLJ accepte de les publier il aura perdu toute ma sympathie et je me désabonnerai du Regards et ne mettrai plus les pieds au 52.
Elie
Fidèle du “52” comme vous écrivez, je pense que la direction du CCLJ ne sera pas sensible si vous ne deviez plus y aller ou vous désabonner du Regards.