Jusqu’en 2011, il était impossible de revenir à un nom qui avait été francisé. Les requérants étaient déboutés quasi systématiquement au motif, entre autres, de la consonance étrangère de leurs noms : on ne change pas un nom qui a été francisé. Telle était la position du Conseil d’État.
Des demandes de « changement de nom » (c’est l’expression juridique pour désigner le retour au nom) déposées par le collectif « la force du nom » après 2011 ont été acceptées. Cela signifie un revirement de jurisprudence. Certaines familles juives voulaient retrouver le nom « perdu » de leur père afin de le « sauver » de la disparition et le porter comme reste d’une histoire meurtrie. Le nom témoignerait alors du monde des disparus, de la yiddishkayt lorsqu’il s’agit de Juifs ashkénazes.
Dans ce film qui nous conduit sur la route de soi, Adélie Pojzman-Pontay (anc. Pontay), Michel Aronovicz (anc. Colin), Roland Djaoui Dajoux et Bertrand Leibovici (anc. Lebeau) témoignent de leur retour au nom.
Alexandre Beider, linguiste et spécialiste d’onomastique raconte les origines des noms « juifs » et Natalie Felzenszwalbe, avocate, témoigne de son travail auprès des familles qui ont souhaité revenir au nom de leurs aïeux.
Ce film a été produit par Anima & Cie, avec le soutien du Centre d’Histoire des Sociétés, des Sciences et des Conflits, les Editions Hermann, le Centre Medem Arbeter Ring, l’Œuvre de Secours aux Enfants, la Fondation du Judaïsme Français et le partenariat du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme.
Céline Masson est psychanalyste, professeur des universités, Centre d’Histoire des Sociétés, des Sciences et des Conflits, directrice du Réseau de recherche sur le racisme et l’antisémitisme et présidente de l’Association française de recherche sur les processus de création – Pandora