10/09/2025
Regards n°1118

Rester, c’est affirmer notre place, librement et dignement.

À Rosh Hashana, nous nous souhaitons d’être inscrits dans le Livre de la Vie. Cette bénédiction ancienne prend aujourd’hui une force nouvelle : elle devient un acte de résistance, une affirmation de vie, un engagement à rester debout, malgré la tempête qui nous entoure.

Car nul ne peut l’ignorer, l’année écoulée a été marquée par la peur et la violence. L’antisémitisme a ressurgi, brutal et bruyant. Dans nos rues, nos universités, nos institutions, des slogans de haine ont résonné, parfois jusqu’à appeler à notre effacement. Et parfois, la tentation du départ se fait entendre, comme si l’exil était encore et toujours notre seule issue. Mais au CCLJ, nous choisissons une autre voie : nous choisissons de rester.

Rester ici, chez nous. Rester debout, visibles, fiers. Rester pour dire que nous ne céderons pas à la peur. Que le silence ne sera pas notre refuge. Que l’ombre ne sera jamais notre horizon. Nous choisissons de rester, non par défi, mais par engagement envers les générations futures, et par volonté de défendre ce que nous avons bâti ici.

Nous savons que l’antisémitisme change de masque, mais pas de visage. Nous savons reconnaître la haine, même quand elle se déguise en indignation morale. Rester debout, visibles, fidèles à notre histoire et confiants dans l’avenir. Rester pour dire que nous ne céderons ni à la peur ni au silence. Rester pour défendre la vérité, la dignité et la liberté. C’est pourquoi nous resterons vigilants. Sans haine, mais avec détermination.

Au cœur de ce combat, il y a une exigence : défendre la laïcité. Non comme une posture, mais comme une digue. La laïcité, c’est ce qui nous protège tous ; c’est l’espace où l’on se rencontre d’égal à égal, sans dogme, sans hiérarchie de souffrances, sans concurrence victimaire, sans capitulation devant les communautarismes. Elle est le dernier refuge du vivre-ensemble, et nous en serons les gardiens.

Oui, Israël doit exister en sécurité ; oui, les Palestiniens ont droit à un État

En ce temps de Rosh Hashana, où l’on se tient face au Livre de la Vie et face à notre conscience, il nous faut aussi nommer les choses avec clarté. Le Hamas, dans son cynisme meurtrier, se sert des otages israéliens et des civils gazaouis comme de boucliers humains. En regard, la réponse du gouvernement israélien aujourd’hui en place n’apporte ni justice, ni sécurité, ni avenir. Dire cela ne contredit en rien les vérités essentielles : oui, Israël doit exister en sécurité ; oui, les Palestiniens ont droit à un État viable, démocratique et sûr ; oui, les antisémites et les extrémistes, d’ici comme de là-bas, sont les pires ennemis de la paix ; oui, la libération des otages est la condition première. La compassion humanitaire n’efface pas le défi militaire ni la question politique, mais elle en est le socle. Car sans secours, sans perspective apportée aux populations civiles, jamais le Hamas ne tombera, et la promesse de deux peuples vivant libres et en sécurité s’éloignera toujours davantage. C’est cette impasse politique que nous souhaitons voir disparaître du Proche-Orient, pour sortir de ce cycle meurtrier et de ces générations de haine au plus vite.

Rosh Hashana est aussi le temps des commencements. Et notre commencement à nous, qui vivons en Belgique, cette année, c’est une promesse : celle de bâtir un judaïsme vivant, ancré dans Bruxelles, fier de ses racines et ouvert sur le monde. Celle d’accompagner notre jeunesse, d’inspirer nos familles, de défendre les valeurs universalistes qui font tenir notre démocratie debout. Celle de rappeler que nous sommes un peuple qui célèbre la vie, toujours.

À ceux qui nous demandent pourquoi nous restons, nous répondrons : parce que le monde a besoin de notre lumière, comme nous avons besoin de sa justice. Parce que nous avons promis à nos anciens et à nos enfants de ne plus jamais disparaître. Parce qu’il y a, dans l’acte de rester debout, une force, une dignité que nul ne pourra nous enlever.

5786 s’ouvre devant nous comme une page blanche. Je vous invite à l’écrire avec nous, au CCLJ.

Par votre présence, vos idées, votre énergie, vous êtes le cœur battant de notre communauté. Venez construire avec nous le judaïsme de demain : il y a au moins 5786 raisons de le faire.

Shana Tova ! Soyez inscrits dans le Livre de la Vie. Le’hayim !

Écrit par : Benjamin Beeckmans
Président du Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind
Benjamin Beeckmans président

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