Je ne crois pas qu’Israël commette un génocide à Gaza. Mais ce dont je suis sûr, c’est que son gouvernement est dirigé par une bande d’irresponsables qui font honte à la nation israélienne et au peuple juif.
Et je ne parle même pas de Smotrich ou de Ben Gvir, messiano-fascistes assumés, mais de Netanyahou, de Chikli, de Saar et, surtout, de ce sinistre Israël Katz, ministre de la Défense. Celui-ci n’en rate jamais une : le 16 septembre dernier, il se plut à claironner urbi et orbi que « Gaza brûle ». Cela ne vous rappelle rien, chers lecteurs ? Moi, si : « Es Brent » (Ça brûle), ce poème poignant de Mordechai Gebirtig, écrit après le pogrom de Przytyk en 1936, et dont l’auteur fut assassiné en 1942 dans le ghetto de Cracovie. Pour ne pas être accusé de tronquer les paroles du ministre, je cite la phrase entière : « Gaza brûle, Tsahal frappe d’une main de fer les infrastructures terroristes… Nous ne relâcherons pas l’effort et nous ne reculerons pas tant que la mission n’est pas achevée. » Israël Katz, vous êtes juif, vraiment ? On en douterait presque. À moins que votre ambition ne soit, par fidélité de figurer au côté de votre seigneur et maître, au palmarès de la Cour pénale internationale. Cette rhétorique de pyromane n’est pas une maladresse, mais un aveu : celui d’un gouvernement pris dans son propre piège et qui, faute d’issue, s’obstine dans la fuite en avant.
Contrairement à Smotrich et Ben Gvir, qui raisonnent comme les zélotes d’autrefois convaincus que du pire sortira le meilleur, que des douleurs de l’enfantement naîtra le Messie, Netanyahou, lui, sait qu’il s’est fourvoyé. N’a-t-il pas réussi l’exploit de transformer Israël en paria universel, en « Juif des nations » ? Chaque jour apporte son lot d’exclusions : tournoi sportif, festival, colloque scientifique. Oui, nos ennemis n’attendaient que cela. Mais pourquoi leur avoir tendu tant de perches ? Pour Netanyahou, tout est désormais bon pour maintenir l’illusion de puissance : jusqu’à désavouer son propre chef d’état-major et bombarder Doha comme si de rien n’était : un acte insensé qui relève tout à la fois du sabotage (pour les otages) et du terrorisme d’État. Le couple Netanyahou est définitivement shakespearien : unis dans l’aveuglement, jusqu’à la destruction. Quand Bibi cite Sparte en modèle, on comprend qu’il est lucide. Hier érigé en Athènes, Israël risque précisément de finir comme Sparte, Babylone, Ninive, rayé purement et simplement de l’histoire. Et de Sparte à Massada, il n’y a qu’un pas. Alors Sparte ou Massada ? Telle est la question.
Le plus étrange est que Bibi et ses ministres disent tout haut ce qu’ils pensent vraiment. Or dire ce que l’on pense — surtout quand on pense mal — est la pire des politiques. Car la politique, c’est aussi l’art du mensonge et du camouflage. Machiavel l’avait bien vu : « Les hommes sont si simples et obéissent à leurs besoins du moment, que celui qui trompe trouvera toujours quelqu’un qui se laissera tromper. » Le Hamas, lui, l’a compris : ce mouvement proto-fasciste parvient à se présenter en champion des droits humains. Et cela fonctionne ! Voyez Petra De Sutter, première ministre puis première rectrice transgenre d’Europe : elle semble convaincue que les droits des minorités sexuelles sont mieux protégés à Gaza qu’à Tel-Aviv. Peut-être faudrait-il envoyer Netanyahou, Katz et Saar à la prochaine université d’été du Hamas à Doha. Un petit stage intensif de communication ne leur ferait pas de mal. Es brent.







