Il est porté « roman » sur la couverture, mais ce petit livre est tout sauf un roman. Ce sont des micro-récits, comme l’autrice en a pris l’habitude, un genre où elle excelle. C’est fin, ciselé comme le ferait un joaillier qui viserait la perfection. Avec ce qu’il faut d’ironie, de sous-entendus, d’allusions discrètes, autant de clins d’œil au lecteur averti, un tour parfois grivois ou acerbe, ou cruel. Voici des petites vieilles au sein d’une résidence qui les accueille. Elles s’appellent Madame Spinette ou Madame Pincemin. On est en Belgique, mais on regarde la télé française.
On est vieille mais on ne se morfond pas le moins du monde, même si son squelette arrive « tout près du bord ». On est parfois la proie d’un rêve éveillé, d’un plaisir, d’une sensation douce, d’une réminiscence sensuelle qu’induit une sensation présente, comme par exemple la couleur rouge d’une grenadine, et nous voici replongés dans une situation bien intéressante du temps lointain de sa jeunesse. On éprouve en somme l’expérience proustienne de la madeleine, un gros plaisir à la clé. Ou un petit d’ailleurs, qui vous console amplement de votre défunt mari, un nommé Désiré, un sacré ronfleur, qu’on ne désire plus guère. Non, semble nous dire Corinne Hoex, la vieillesse n’est pas forcément un naufrage… On l’aura compris, j’adore la prose de madame Hoex, dont je vous avais chaudement recommandé le précédent ouvrage, tout aussi subtil et grinçant, Nos princes charmants. Chacune de ses pages est un bonbon acidulé, à savourer le plus longtemps possible, comme un péché délicieux.