Je lis, tu lis, ils écrivent… La pouponnière d’Himmler, Caroline de Mulder, Éditions Gallimard, 285 p.

Henri Raczymow
Je lis, tu lis, ils écrivent par Henri Raczymow
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Nous sommes au sein d’un Lebensborn, ces foyers nazis où naissent des bébés d’une parfaite aryanité, futurs Seigneurs de guerre, conçus à cette fin. Pour le Führer. Nous y sommes conduits par une très jeune femme, presque encore une adolescente, Renée. Elle est française, elle est rousse, elle servait dans un hôtel de Normandie, d’où elle vient. Elle a « fauté » avec un jeune soldat allemand, et fut tondue pour cela à la Libération. Elle a alors rejoint ce Heim près de Munich (et de Dachau), où elle attend en vain des nouvelles du futur père, Arthur Feuerbach. Des mères, des femmes enceintes, filles-mères pour la plupart, des Schwestern en cornettes, des épouses de SS aussi, toutes blondes bien entendu, Vom besten Blut, comme elles disent. Tout est propre et silencieux, la guerre est loin. Des déportés de Dachau sont requis pour entretenir le parc, des femmes témoins de Jéhovah sont là comme servantes. Un mot d’ordre : hygiène avant tout, l’amour des enfants n’est pas requis. Univers glacé, fonctionnel et tragique. Ce roman distancié de Caroline de Mulder est d’autant plus efficace, d’une mécanique implacable. L’autrice, née à Gand, enseigne la littérature à l’Université de Namur. 

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