20/09/2024
Regards n°1055

Jim Moskovics, de Radio Judaïca à BX1

Né à Bruxelles, Jim Moskovics grandit avec son frère cadet au sein d’une famille juive laïque, un père israélien et une mère belge, tous deux commerçants. Ses deux grands-pères ont survécu d’Auschwitz. « Seule ma grand-mère maternelle n’était pas juive », explique Jim. « Elle a malheureusement perdu son mari très tôt. Ma mère, à peine âgée de 13 ans, et sans parent juif, s’est alors vue rejetée et a fait le choix de se convertir ».

Jim suit sa scolarité à l’école Beth Aviv, fréquente le club de foot du Maccabi et l’Hashomer Hatzaïr comme mouvement de jeunesse. Souhaitant sortir de la sphère communautaire, il fera une tentative avortéeau Lycée Dachsbeck, avant de se résoudre à faire ses secondaires à Maimonide, dont les dernières années de crise lui laisseront un souvenir amer.

L’Hashomer, en revanche, forgera clairement son identité. « Quand tu passes tous tes samedis et tes vacances avec des gens, tu crées immanquablement des liens très forts. Qu’ils vivent à Bruxelles ou à l’étranger, mes meilleurs amis aujourd’hui viennent tous de l’Hashomer », affirme Jim, qui retire aussi du mouvement ses bonnes relations en société, son sens du partage et du respect des autres. Son rôle de rosh ken pendant deux ans lui aura appris la notion d’entreprendre, mais aussi à « assumer des responsabilités, sans trop se prendre au sérieux ».

A la fin de ses études, la question de partir en Israël se pose forcément pour le jeune homme qui a baigné dans un milieu sioniste, mais il opte finalement pour une bourse du Plan Marshall qui lui permet de passer un an en Irlande et aux Pays-Bas, et d’y perfectionner ses connaissances en langues. Jim s’inscrit ensuite en faculté de Droit à l’ULB, sans idée réelle de ce qu’il souhaite faire, pensant que cela lui ouvrira des portes. Mais il se rend compte presque aussi vite qu’il n’est pas fait pour ce type d’études, et penche pour l’IHECS la rentrée suivante,  s’accrochant pendant cinq ans pour obtenir son diplôme en Journalisme. Depuis toujours « très bruxellois », Jim a choisi un Master en Information régionale, où il se sent dans son élément. Quelques stages plus tard, à LN FM (Louvain-la-Neuve), aux Niouzz de la RTBF à Liège, et dans la matinale de la DH Radio, une annonce de Radio Judaïca pour les flashs infos attire son attention. « Mon premier jour de travail a été le premier jour de l’opération « Bordure protectrice » », se souvient-il. « Avec Miri Maman, rédactrice en chef depuis Israël, cela a été un vrai baptême du feu qui m’a tout de suite mis le pied à l’étrier. En interviewant toute une série de personnalités, en couvrant les sujets les plus sensibles, alors que je m’attendais à parler de sujets d’été, j’ai acquis en deux mois une incroyable expérience et expertise. C’est aussi l’avantage des petites structures, on peut y réaliser des formats inédits, des émissions spéciales de parfois… 5 heures ! »

 L’attentat du Musée juif, comme un fil rouge

Jim se rappelle avoir postulé à Judaïca juste après l’attentat du Musée juif de Belgique, dans un climat d’antisémitisme et d’insécurité auquel il n’avait plus été confronté depuis longtemps, marquant à jamais la mémoire collective de la communauté. Particulièrement motivé par l’arrivée d’un nouveau conseil d’administration, par le projet et la professionnalisation de l’équipe, il se propose comme rédacteur en chef et reprend la matinale pendant deux ans, sans compter ses heures. Ce sera aussi l’époque du déménagement des studios rue Fourmois à Ixelles, et les retours positifs de son travail le stimulent plus que jamais.

Les attentats du 22 mars 2015 à Zaventem, alors qu’il devait décoller le lendemain à la même heure, suivis du procès Nemmouche resteront des moments forts. « Le procès de l’attentat du Musée juif, l’attaque d’un symbole juif auquel je me suis identifié, a un peu constitué le fil rouge de mes cinq années à Judaïca », estime Jim avec le recul. « Je ne me serais pas vu partir avant la fin… ». Sa volonté de ne pas donner la parole à l’avocat de la défense Maitre Courtois fera l’unanimité au sein de la rédaction et ses directs depuis le Palais de Justice de Bruxelles seront largement relayés, avec une sensibilité qu’aucun autre média ne semble adopter. « On n’a pas décidé de ne pas interviewer l’avocat de Mehdi Nemmouche, c’est apparu comme une évidence », souligne Jim. « On ne va pas donner la parole à des néonazis, ni à des négationnistes ou des révisionnistes, Courtois rentrait dans toutes les cases ».

De la même façon qu’il a vu la radio se moderniser, Jim Moskovics a pu apprécier l’évolution de Télé Bruxelles devenue BX1. Séduit par le projet de lancement d’une radio par la chaîne régionale, Jim voit l’occasion d’un tournant dans sa carrière. « BX1 a pris le positif du service public et d’une rédaction privée, canalisant à la fois l’esprit d’entreprise dynamique et le souci de bien faire », apprécie celui qui se réjouit de faire partie de ce nouveau média. Fini les levers à 5h du matin, Jim Moskovics donne désormais la réplique à Fabrice Grosfilley dans l’émission d’actu quotidienne du 12h-14h. Il n’en oublie pas pour autant son expérience à Judaïca, au contraire. « J’y ai fait énormément de rencontres, sans parler de ma future femme ! Je m’y suis fait des amis chez les administrateurs comme les techniciens, les chroniqueurs, les invités… Je serais heureux de pouvoir, un jour qui sait, y apporter mon expertise auprès des jeunes qui y font leur entrée ».

Écrit par : Géraldine Kamps

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