Au moment de célébrer Rosh Hashana, le Nouvel An juif, nous nous rassemblons en tant que communauté pour célébrer ce moment significatif de renouveau. C’est un moment où nous réfléchissons sur les expériences de l’année écoulée, où nous nous tournons vers l’avenir avec espoir et, où nous renforçons nos liens en tant que famille et communauté.
L’attaque du 7 octobre, la guerre et les violences qui en découlent, ont plongé non seulement Israël, mais aussi la diaspora, dans un contexte de défi existentiel. L’antisémitisme en forte recrudescence appelle une réponse communautaire unie et résolue. Les événements tragiques de cette année exigent plus que jamais que nous réaffirmions notre engagement envers la justice, l’unité et la paix.
En cette période annuelle d’introspection, où commencent les dix jours qui nous séparent de Yom Kippour, nous pouvons toujours nous inspirer de la symbolique des sonneries du Shofar, qui nous enjoignent à maintenir vivants les idéaux et les valeurs d’un judaïsme humaniste.
Tekiah (le son long)
Il nous appelle à l’unité, cet idéal que nous devons continuer de poursuivre avec force. Plus que jamais cette unité est menacée, nous seulement au sein de notre communauté juive, de notre communauté nationale en Belgique, et dans le monde entier. Tekiah nous appelle à transcender ces fractures, à viser l’unité dans l’adversité car c’est ensemble que nous pourrons construire un avenir de paix et de justice.
Shevarim (les sons brisés)
Ils symbolisent la nécessité de réparer ce qui est abîmé ou détruit. Cette année particulièrement, les fractures ont été visibles et profondes, causées par la montée de la haine, de l’antisémitisme, des racismes et des replis identitaires. Notre devoir est de répondre à ces divisions par la promotion de la justice, de l’équité et de la défense des droits. Comme le disait Albert Einstein : « La vraie grandeur d’une nation réside en sa capacité à protéger ses minorités. ».
Teruah (les sons courts et rapides)
Ils nous appellent à l’action immédiate. La guerre entre Israël et le Hamas, le retour des otages, la crise humanitaires terrible à Gaza, l’augmentation des actes antisémites, tout cela nous montre que l’attente ne peut plus être un luxe. Ces urgences exigent des réponses rapides. Qu’ils s’agissent de protéger les plus vulnérables de nos communautés ou de lutter contre la haine et la violence, Teruah nous pousse à agir sans tarder. Notre judaïsme humaniste nous enjoint à être les artisans du Tikkoun Olam – la réparation du monde – ici et maintenant.
Tekiah Gedolah (le son prolongé)
Il illustre la réflexion et la détermination nécessaire pour avancer avec sagesse et clairvoyance dans ces situations. Les leçons du passé, les connaissances accumulées dans notre longue histoire collective, doivent éclairer notre chemin. Comme un rappel de la profondeur de la pensée juive, le son du Shofar nous guide pour trouver les ressources morales et spirituelles, pour redéfinir nos engagements à long terme.
Que cette nouvelle année soit l’occasion pour notre communauté de se rassembler et de renforcer nos engagements : pour la justice, pour la solidarité, pour l’inclusion, pour la paix. En réaffirmant ces valeurs dans cette période de Techouvah – de retour sur nos expériences passées – nous répondons aux défis de notre époque et nous nous inscrivons dans le processus créatif de réparation et d’harmonie du monde.
Que cette nouvelle année soit celle où nous transformons les cris de douleur en chants d’espoir.
« Nous devons chercher à construire des ponts, même lorsqu’il est plus facile de se concentrer sur les murs qui nous séparent. L’unité est le fondement sur lequel repose notre capacité à changer le monde. »
Rabbin Sharon Brous, fondatrice d’IKAR