Signification et date de la fête

Pessah désigne la fête de Pâques. Il s’agit d’une des trois fêtes de pèlerinage présentes dans la Torah. Elle commémore l’histoire biblique de la libération des Hébreux de l’esclavage en Égypte, telle que décrite dans le livre de l’Exode. La fête commence le 15ème jour du mois hébreu de Nissan, qui tombe généralement en mars ou en avril dans le calendrier grégorien. Selon le calendrier religieux, elle dure 7 jours en terre d’Israël et 8 jours en diaspora. Cette année, elle se déroule du soir du 05 avril au soir du 13 avril. 

Le mot “Pessah” vient de la racine hébraïque “Pe-Samekh-Het”, qui signifie “passer par-dessus”, « sauter ». Le nom est dérivé de l’histoire biblique dans laquelle Dieu est “passé par-dessus” les maisons des Hébreux pendant la dixième et dernière plaie en Égypte, durant laquelle les premiers-nés de chaque famille égyptienne ont été tués. 

En plus de commémorer l’histoire de l’Exode, Pessah est également associée aux thèmes de la renaissance et du renouveau, ainsi que de la liberté et de la rédemption. La fête est célébrée avec une variété de rituels et de traditions, notamment le retrait de tous les produits levés (connus sous le nom de Hametz) de la maison, la consommation de Matzah (pain non levé), le récit de l’histoire de l’Exode lors du Seder de Pâque, et la récitation de prières et de chants spéciaux. 

Comment ?

Pessah peut traditionnellement se diviser en plusieurs étapes, celles en amont de la fête, la célébration en elle-même et les derniers jours de celle-ci.  
Avant la fête, on opère ce qu’on appelle la recherche du Hametz. Durant la fête de Pessah, il est interdit de posséder, de consommer ou de vendre tout produit à base des 5 céréales suivantes :  

  • Blé 
  • Orge 
  • Avoine 
  • Seigle 
  • Epeautre  

Il est de coutume d’effectuer un grand nettoyage de sa maison la veille de la fête pour s’assurer qu’aucun produit à base de Hametz ne se trouve plus chez soi. Les produits interdits sont détruits ou vendus.  

Le premier jour de la fête (et les deux premiers jours en diaspora) étant des Yom Tov, des jours fériés, il est d’usage d’allumer les bougies le premier soir comme s’il s’agissait d’un shabbat.  

Se tient ensuite le Seder« ordre » en hébreu. Loin de n’être qu’un diner de fête, c’est un rituel essentiel, suivant un ordre particulier nécessaire à la compréhension de celui-ci. Se déroulant en 15 étapes, il permet à chaque participant de vivre pleinement la fête, de s’en réapproprier le récit et ainsi d’accueillir pleinement le sentiment de la liberté acquise lors de l’exode des Hébreux hors d’Egypte.  

L’élément fondamental du seder est son plateau. Celui-ci rassemble impérativement sept éléments symboliques qui seront consommés dans un ordre particulier en même temps que seront bus 4 verres de vin. 

L’histoire de Pessah

Il nous parait important de préciser qu’aucune recherche historique sérieuse ne permet de prouver la réalité du récit biblique de l’Exode. Ce récit, écrit bien après la période qu’il prétend traiter fait référence à des endroits ayant existé mais, bien après la période indiquée. Il doit être considéré comme une construction mémorielle commune, visant à donner corps à l’unité souhaitée du peuple juif. Par ce récit et l’invention de ce que l’époque contemporaine qualifierait de « roman national », le peuple juif se constitue et s’affirme comme une entité diverse mais issue d’un même passé. 

Que nous raconte ce récit biblique ? 

Pendant près de 400 ans d’esclavage en Egypte, les Hébreux furent soumis à un travail épuisant et victimes d’atrocités. Le pharaon décida de faire tuer tous leurs enfants mâles, convaincu par un de ses oracles que l’un d’entre eux parviendrait à le défaire. Déposé dans une corbeille sur le Nil, un de ces bébés fût recueilli par la fille de pharaon et élevé, par elle, comme un fils ; il s’agit de Moïse.  

Celui-ci, après avoir pris en pitié ses frères exploités et avoir fuit la colère de Pharaon, se trouve investi par Dieu, comme messager chargé d’exiger la libération de son peuple. 

Face à l’intransigeance de Pharaon, Dieu inflige alors, par l’intermédiaire de Moïse, dix plaies aux égyptiens :  

Accablé par cet ultime malheur, Pharaon chasse les Hébreux. Revenu sur sa décision, il les prend en chasse jusque sur les rivages de la mer. Mais, Moïse la fait s’entrouvrir, menant son peuple en sécurité sur l’autre rive et la fait se refermer sur les chars de ses assaillants.  

A la suite de cette fuite hors d’Égypte, les Hébreux s’enfoncent dans le désert du Sinaï. C’est là sur le mont Sinaï que, selon le récit, Moïse se verra confier les tables de la Loi sur lesquelles sont gravés les dix commandements et où Dieu lui dictera la Torah. 

Par la suite, les Hébreux erreront dans le désert pendant 40 années avant d’accomplir la promesse qui leur avaient été faite : la conquête de la Terre d’Israël.  

Pour nous, Pessah

Pessah célèbre notre libération, le chemin parcouru vers cette liberté. Elle nous remémore également que c’est dans l’effervescence de cette libération que va se forger le peuple juif. Cette commémoration a donc comme but de nous rappeler d’où nous venons pour également de nous rappeler vers où nous devons nous diriger. Cette destination étant le Tikkoun Olam, la réparation du monde, ère de justice sociale et environnementale.  

Symbole puissant de la lutte continue pour la justice et la libération aujourd’hui, cette fête nous rappelle l’importance de lutter contre les systèmes d’oppression, de discrimination et d’inégalité, et de travailler à une société plus juste. Ayant connu le statut d’esclave, nous ne souhaitons plus être esclaves, ni avoir des esclaves ou même nous trouver responsables ou complices d’un système d’oppression. Car ayant connu la souffrance, nous nous sentons responsables de ne pas la reproduire. Ainsi, comme illustration de l’importance de rester attentif à l’autre et à ses souffrances, Moïse abandonne son statut de prince pour prendre la tête d’un peuple d’esclave qui cherche à se libérer.  

L’histoire de l’Exode n’est pas seulement une histoire de libération physique de l’esclavage, mais aussi une histoire de libération spirituelle de la mentalité de l’oppression. Guidés par Moïse, les israélites ont réussi à se libérer des liens de l’esclavage en reconnaissant la valeur et la dignité de chacune et chacun parmi eux, se reconnaissant comme frères et sœurs malgré leurs différences, unis et renforcés par l’expérience commune de l’oppression.  

Cette unité est d’autant plus importante symboliquement qu’elle nait d’une grande diversité. Les Hébreux du récit biblique, qui sortent d’Égypte, étaient un groupe diversifié de personnes qui venaient d’horizons variés et avaient des expériences différentes, mais qui ont pu se rassembler et former une communauté basée sur des valeurs et des croyances communes et guidés par une soif d’indépendance, de liberté et de justice.  

Lors du don de la Torah sur le mont Sinaï le peuple présent est composé de membres de plusieurs nations. En plus des israélites se trouvent également des membres d’autres peuples ayant choisit de partager leur destin (le plus connu d’entre eux étant le beau-père de Moïse, Jethro, prophète de la nation des Madianites qui choisit de quitter son peuple pour rejoindre les enfants d’Israël) et c’est avec cette foule diverse rassemblée que le renouvellement de l’alliance avec le dieu d’Abraham a lieu. C’est à ce moment et au cours de l’errance de 40 ans dans le désert que se forge, à partir de toutes ces individualités, le peuple juif en tant que Nation. Le récit est là pour nous rappeler que de la même manière, le peuple juif n’est jamais tant fidèle à lui-même et à sa tradition que lorsqu’il se trouve capable de célébrer la diversité de nos propres communautés et de travailler à construire des espaces inclusifs et accueillants pour les personnes de tous horizons et de toutes identités. 

Le message de Pessah est celui de l’espoir, de la résilience et de la force du collectif. Il nous ramène à la conscience que même dans les plus sombres périodes et aux plus sombres endroits notre habilité à nous rassembler autour de nos valeurs, notre capacité à nous soutenir les uns et les autres, à reconnaitre en l’autre un frère ou une sœur en humanité est ce qui nous permet d’imaginer et de créer un meilleur futur.  

Ce message universel est si puissant qu’il fut repris par de nombreuses populations opprimées dans l’Histoire. Un exemple très marquant est sûrement celui des noirs américains, dont la théologie entière opère un parallèle entre les israélites et leur propre lutte pour les droits civiques durant le siècle entre la fin de l’esclavage et le Civil Rights Act de 1968. 

Pessah nous connecte au passé, aux racines mêmes de la construction de l’identité juive, à la mémoire de nos morts et à l’amertume des oppression passées. Nous célébrons notre libération et exigeons celle de toutes et tous. Nous affirmons ainsi, en miroir à l’antique interjection Dayenu – selon laquelle nous avons reçu suffisamment, que nous ne saurions être pleinement libres tant qu’il reste un seul affamé, un seul persécuté, un seul opprimé.  

Recettes de Harosset pour Pessah par Michèle Baczynsky

La ‘harosset aux couleurs de l’argile extraite des limons du Nil, symbolise les briques que les esclaves devaient porter pour construire les pyramides et autres bâtiments pharaonesques. Le mot ‘harosset vient d’ailleurs du mot hèrès, argile en hébreu. A l’instar du grand Hillel le Sage, nous casserons deux morceaux de matza dans lesquelles nous glisserons une rawette de ‘harosset, enrobée d’une feuille de laitue ou autre herbe amère : le Koreh ou sandwich de Hillel. Oui, il y a plus de 2000 ans, le sandwich existait déjà !

Hag Pessah sameah !