7500 euros. Pastiches politico-littéraires

Henri Raczymow
On ne discutera pas ici la question théorique de discriminer parodie et pastiche. Peu importe. Ce à quoi se livre David Spector, dont c’est le premier ouvrage de fiction, c’est bien un à la manière de. De qui ? De Proust, de Nabokov, de Flaubert, de Modiano, de Perec, de Houellebecq et de quelques autres.
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On ne discutera pas ici la question théorique de discriminer parodie et pastiche. Peu importe. Ce à quoi se livre David Spector, dont c’est le premier ouvrage de fiction, c’est bien un à la manière de. De qui ? De Proust, de Nabokov, de Flaubert, de Modiano, de Perec, de Houellebecq et de quelques autres. Le prétexte ? Une campagne présidentielle en faveur d’Emmanuel Macron (c’est d’actualité !) et une levée de fonds à la clé, à hauteur de 7500 euros maximum, d’où le titre. Il fallait être rudement fortiche pour accomplir cette prouesse. Il y fallait de l’érudition, de solides lectures digérées, un amour immense de la littérature (alors que l’auteur est matheux de formation), du style à en revendre, de la finesse et, last but not least comme disent les cuistres, une bonne dose d’humour. C’est le cas de Spector, qui, enfant gâté, chéri des dieux, a tout ça dans sa besace de cinquantenaire parisien et qui aurait pu, du coup, en laisser un peu aux autres, plus tâcherons. On visitera donc le personnage houellebecquien d’un professeur de grec ancien en panne sexuelle quoi qu’intermittente ; le jeune narrateur proustien qui découvre, dans les propos boursouflés et creux du diplomate M. de Norpois, la révélation quasi extatique du « en même temps » ; le scabreux Nabokov nous présente une antique Brigitte épris d’un fort jeune Lolito dit le nymphet ; etc. On lira ce livre « en même temps » pour l’indéniable plaisir et pour tester sa culture littéraire.

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