Hanoucca Matata

Noémi Garfinkel
Telle est la devise de tant de parents à l’approche de la fête qui dézingue en une semaine tous les efforts déployés le reste de l’année pour faire de leurs enfants des humains pas trop nuls.
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Pas de problème, du 10 au 18 décembre cette année, on va offrir des cadeaux raisonnables, utiles, et d’ailleurs pas qu’à nos enfants, à nos parents aussi, histoire de huiler à la fois la friteuse à latkes et la chaîne de transmission intergénérationnelle qui a particulièrement souffert cette année. Mais comme ils nous le rappellent régulièrement, nos parents nous ont tout donné… Alors, que peut-on offrir à ceux et celles qui ont déjà tout ? (à part une alarme anti-cambriolage, cadeau 2019).

Un smartphone ? Si vos parents s’en sont passé jusqu’à présent, c’est soit qu’ils vivent parfaitement sans, et dans ce cas, à quoi bon créer un besoin ? Soit qu’ils souffrent d’une phobie technologique incurable, au point de confondre recharge de crédit d’appel et recharge de batterie. Donc à moins de trouver le moyen révolutionnaire de transformer les prises électriques en mister cash -ce qui résoudrait bien des problèmes à l’échelle de l’humanité- mieux vaut vous en tenir au coup de fil par ligne téléphonique fixe, à la fréquence décidée d’un commun accord par eux seuls.

Un ordinateur ? Personnellement, ça fait dix ans que je tâte le terrain, en mettant régulièrement en contact mon propre ordinateur avec mes propres parents. Au-delà du spectacle improvisé (sans cesse renouvelé, jamais égalé) qui surpasse celui de la poule qui a trouvé un couteau, la conclusion de cette expérience est simplissime : tant qu’on n’aura pas remplacé le bouton start par un bouton « mais allez vas-y allume-toi maintenant oh mais ça marche pas ce truc », je ne vois pas bien l’intérêt de s’infliger collectivement une telle épreuve, invariablement et inéluctablement vouée à ce que ce soit de votre faute.

L’ouverture d’un compte sur les réseaux sociaux ? Attention, fausse bonne idée. Même si les phases successives de confinement-déconfinement-confinement partiel ont mis à mal les liens sociaux ces derniers mois, entre la pandémie, les fractures sociales, le terrorisme islamiste, les frasques de dirigeants populistes élus ou auto-proclamés, et les fluctuations de mouvements complotistes antisémites directement corrélés à ce magma politico-paranoïaque, soit vous vous abstenez, soit vous engagez illico une psychothérapeute comme dame de compagnie.

Non, décidément, mieux vaut éviter le cadeau 2.0. Rabattez-vous plutôt sur un dessin, une plante verte, un abonnement à une revue d’art ou de nature. Ou bien engagez simplement une conversation intéressante, vos parents regorgent de sujets profonds, captivants et intarissables comme les déboires sentimentaux de leurs voisins ou votre façon de vous tenir à table.

 
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