Quelle est l’histoire de Silent Girl ?
Catherine Israël : Le film suit la destinée de Claudia, jeune comédienne et doublure plongeuse en apnée, bouleversée lorsqu’elle apprend la mort de son père biologique, un artiste renommé qu’elle connaît mais qui ne l’a jamais reconnue. Silent Girl raconte l’histoire d’un trop long silence, du cheminement de Claudia pour affronter le déni familial et social qu’elle ressent. Il est question de quête d’identité, de reconnaissances, de loyautés inhibitrices, de libération de la parole par la parole, et de gratitude envers les parents de substitution.
Quelle a été la genèse du projet ?
Catherine Israël : Je suis partie d’une histoire intime dont un des éléments déclencheurs m’a poussée, en 2015, à noircir des carnets de notes. Évoluant dans le milieu du cinéma depuis mon enfance, étant moi-même directrice de casting, la forme du scénario s’est naturellement imposée à moi. À l’opposé de la solitude de l’écrivain, j’aime être entourée et partager le récit d’une histoire forte. Mon imagination est très visuelle et ma formation de comédienne m’a aussi amenée à investir les personnages et leurs aspérités, à construire leur passé et à imaginer leur vie. J’ai un véritable amour des acteurs et du travail accompli ensemble. L’échange est permanent : ils accueillent mes intentions de jeu tandis que je suis toujours à l’écoute de leurs propositions, riches et intuitives. Cette synergie crée une belle alchimie et inversement, l’alchimie crée aussi de belles synergies. Ma disponibilité pour eux a aussi été accrue du fait de ma collaboration, à la réalisation, avec mon merveilleux complice Philippe Weberman.
Comment s’engage-t-on sur la route d’un court-métrage ?
Catherine Israël : Alors, qu’on se le dise, même un court-métrage s’avère une grande aventure humaine ! J’ai d’abord présenté mon projet à la Commission du Film, à trois reprises. Sans subsides, je me suis ensuite dirigée, pour la recherche de fonds, vers Prométhéa for Culture qui m’a fructueusement accompagnée. J’ai aussi eu la chance d’avoir le soutien de la société de production Les Films de la Mémoire pour la recherche d’un partenaire de Tax Shelter (un incitant fiscal pour les entreprises participant à des œuvres audiovisuelles et artistiques) et pour la direction de production. J’ai modifié le scénario une quinzaine de fois et je l’ai encore ajusté durant les huit jours de tournage jusqu’au montage. Le cinéma exige de s’adapter à 1001 situations – belles surprises et imprévus, il faut, sur le vif, faire des choix, hiérarchiser les priorités, temporelles, matérielles et humaines. L’enjeu, en tant que « capitaine » d’équipe, consiste à maintenir son cap tout en retenant les conseils de chaque professionnel du cinéma, sur le plateau notamment. Enfin, sur un court-métrage, le budget de la production et le temps de tous les participants étant comptés, il faut rationaliser beaucoup de choses.
Quels ont été les premiers retours ?
Catherine Israël : J’ai été très touchée de voir que Silent Girl a créé de belles émotions dans le public, auprès de mes proches comme auprès de spectateurs qui ne me connaissaient pas. Le film, ponctué de séquences oniriques, semble avoir plu au plus grand nombre. Les salles ont été très réceptives et ce partage à travers le travail artistique est intense.
Quelles voies empruntera Silent Girl ?
Catherine Israël : Il m’importait que le film sorte, en avant-première, dans ma ville et dans un excellent festival. Je suis déjà comblée, car il a été sélectionné pour le Brussels Short Film Festival (BSFF) et projeté en avril dernier. Il empruntera ensuite le chemin d’autres festivals nationaux et internationaux, selon leurs différents critères. La RTBF vient de faire l’acquisition du court-métrage qui sera diffusé sur la 3 avant d’être disponible sur Auvio. Par après, nous mettrons le lien de Silent Girl sur une plateforme d’accès public. La prochaine grande étape consistera à me lancer dans l’aventure du développement de cette histoire qui pourrait prendre la forme d’un long métrage ou d’une minisérie. Cette adaptation demandera encore de longues séances de travail, d’écriture, de recherche de financements, etc. Je suis, par ailleurs, déjà investie dans le scénario d’un autre court-métrage : une nouvelle passion est née et j’ai très envie de continuer ce métier !