Serge Rezvani, Les années-lumière, roman, Editions Philippe Rey, 512 p.

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Le nom de Serge Rezvani ne vous est pas forcément familier. Mais au moins connaît-on ses chansons mythiques, Le tourbillon de la vie et J’ai la mémoire qui flanche, que chantait la divine Jeanne Moreau. Né à Téhéran en 1928, d’une mère juive russe et d’un père iranien, il a aujourd’hui 96 ans, et on réédite dans un format de poche son premier roman, Les années-lumière, qui raconte son amour fou avec Lula. On vient même de lui attribuer un prix littéraire – il était temps –, le Renaudot-poche. Quand le roman parut, Rezvani reçut une lettre d’un jeune révolutionnaire enfermé dans une geôle bolivienne, Régis Debray. « Quand je commence à tourner en rond et à manquer d’air, lui écrit-il, j’ouvre votre livre et c’est comme une fenêtre sur l’autre côté. L’angoisse s’en va tout de suite. »

Son enfance est aventureuse et douloureuse, ballotée entre des nourrices et des pensions cauchemardesques. Sa mère, sujette à des transes, l’abandonne pour aller mourir à Varsovie, tandis que son père, tout aussi fantasque et histrion, magicien, voyant et charlatan tout à la fois, disparaît à Téhéran.

Avant de devenir écrivain, vers quarante ans, Rezvani fut un peintre accompli. Il écrit comme il peignait, en expressionniste violent et visionnaire, à la façon d’un Soutine. C’est parfois d’une cruauté insoutenable, où l’amour de l’enfant pour sa mère malade, au corps mutilé, est toujours exacerbé, excessif. C’est cette vie-là que Rezvani raconte, à Lula autant qu’à nous, jour après jour, page après page, obsessionnellement, entre deux balades dans la campagne méridionale, en conteur oriental, tel la Shéhérazade chère à son persan de père. 

 

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