Forte de son expérience de militantisme actif au sein de l’Union des étudiants juifs d’Allemagne et de l’Union mondiale des étudiants juifs, Avital Grinberg n’est pas une néophyte. Elue cet été à la présidence de l’Union européenne des étudiants juifs (EUJS) où elle était déjà responsable des programmes, cette Berlinoise de 27 ans s’était présentée avec un programme intitulé « Houtzpah Time ! ». Dans celui-ci, elle se propose entre autres de créer, « un réseau paneuropéen d’activistes juifs » et de mettre un accent particulier sur l’éducation juive.
Mot hébraïque et également yiddish, la houtzpah signifie à la fois l’audace, le culot, l’impertinence mais aussi le sans-gêne ou l’insolence. « Il signifie être charmant et effronté ou courageux », complète Avital Grinberg. « C’est exactement ce qui manque à mes yeux dans la politique et la société : des personnes authentiques, accessibles, passionnées, proactives et dotés d’intelligence affective qui, en même temps, n’ont pas froid aux yeux et peuvent aussi taper du poing sur la table. Mes actions doivent donc être guidées par des idéaux, que je ne dois pas oublier en cours de route, afin que je suive ma voie de manière rigoureuse et que je défende inlassablement mes valeurs de démocratie, de justice et d’ouverture sur l’Autre ».
Fondée en 1978, l’EUJS est une organisation faitière pluraliste et non partisane, qui regroupe 36 organisations d’étudiants juifs européens, dont l’Union des étudiants juifs de Belgique (UEJB). Dans ses missions, L’EUJS apporte son soutien aux étudiants juifs à travers l’Europe et représente ses organisations membres auprès des institutions et organisations internationales. Cela implique donc que l’EUJS respecte la diversité des opinions et des sensibilités politiques et religieuses de ses membres. « Même s’il y a parmi nous des Juifs orthodoxes, nous sommes aussi ouverts à tous et à toutes, quelle que soient leur genre ou leur orientation sexuelle : les LGBTQ+ sont absolument les bienvenus », explique Avital Grinberg. « Faire vivre cette diversité et ce pluralisme est un défi de tous les jours mais au bout du compte, cela nous permet de vivre notre identité juive telle qu’elle est : plurielle, diverse et profonde. Elle va du laïque au religieux et de l’engagement politique au désintérêt total pour toute forme d’activisme. Elle est liée à la recherche de la manière dont on peut concilier les valeurs juives avec les valeurs politiques et sociales ».
Vivre la diversité juive au quotidien
Mais comment être inclusif et tolérant sans accepter des pratiques qui ne le sont pas ? « Nous nous efforçons d’être inclusifs tout en remettant en question les dogmes et les idées reçues de chacun. Lors de nos réunions ou des évènements que nous organisons, orthodoxes, libéraux et laïques peuvent sans problème y participer », insiste Avital Grinberg. « Ainsi, à shabbat, nous proposons quatre manières différentes de le célébrer. Il existe des options différentes mais il y a aussi des moments où chacun d’entre nous peut découvrir d’autres manières de vivre son identité juive. Le kiddoush de shabbat peut être fait selon le rite orthodoxe et la havdala peut être célébrée par une femme. Tout le monde est donc amené à questionner ses propres certitudes. Moi-même qui suis issue d’une famille laïque ayant grandi dans un environnement juif dominé par les orthodoxes, c’est lors de mon séjour dans une yeshiva pluraliste de Jérusalem que j’ai pu saisir comment je peux vivre pleinement une judéité conforme à mes convictions démocratiques et féministes. Cette découverte est essentielle et des tas d’étudiants juifs européens l’expérimentent chaque jour. C’est d’autant plus important pour des jeunes Juifs issus de pays où les structures communautaires sont faibles ou inexistantes comme c’est par exemple le cas, en Norvège, en Estonie ou en Lettonie. Et à l’autre bout du spectre, il y a des jeunes Juifs français qui n’ont jamais assisté à un office dirigé par des femmes. C’est précisément cette diversité juive que nous expérimentons au quotidien au sein de notre organisation ».
L’histoire juive est imprégnée de militantisme politique, et tout particulièrement en Europe. Les étudiants juifs européens bénéficient donc d’une expérience sur laquelle ils peuvent constamment s’appuyer pour mener des campagnes en faveur de causes importantes. « L’histoire de l’EUJS nous a appris que notre militantisme doit être universel », rappelle Avital Grinberg. « Ainsi, en tant que Juifs européens descendants de survivants de la Shoah, nous ne voulons pas être les spectateurs de violations flagrantes des droits de l’homme qui se produisent aujourd’hui à travers le monde comme tant d’Européens ont été les spectateurs passifs de la Shoah durant la Seconde guerre mondiale. C’est dans cet état d’esprit que nous avons lancé la campagne Never Again. Right Now pour dénoncer la politique génocidaire chinoise envers la minorité ouïghoure. Cette campagne reflète précisément ce que nous sommes et ce que nous cherchons à promouvoir. Les droits de l’homme font partie de l’identité juive et cette dernière est intimement liée aux droits de l’homme. L’un ne va pas sans l’autre. Ils sont indissociables ». Dans ce même élan universaliste, l’EUJS se montre solidaire du peuple ukrainien dans la guerre meurtrière que la Russie lui fait subir. « Comme beaucoup d’autres jeunes Juifs, je me suis porté volontaire à la frontière ukrainienne et j’ai appris la signification de fournir l’aide nécessaire en cas de crise. C’est dans cet esprit que je souhaite vous offrir la possibilité de participer à des projets d’aide humanitaire concrets ».
Bien que l’histoire de l’EUJS soit jalonnée de campagnes contre l’extrême droite et en faveur des droits de l’homme, cette organisation juive est pleinement consciente des menaces que font peser sur les Juifs toute une mouvance d’extrême gauche dont l’antisionisme radical glisse souvent vers un antisémitisme virulent. Toute une génération d’étudiants juifs a été profondément marquée par les explosions d’antisémitisme lors de la Conférence de Duban contre le racisme et lors de différents forums altermondialistes. Lorsque la haine antisémite s’exprime dans la langue de l’antiracisme, cela oblige les Juifs à faire preuve de vigilance mais aussi de mieux cerner les nouveaux visages de cette haine meurtrière. « Nous sommes droits dans nos bottes lorsqu’il s’agit d’avancer sur le terrain de l’antiracisme », précise Avital Grinberg. « Nous examinons scrupuleusement quelles sont les organisations avec lesquelles nous serons amenés à travailler dans ce domaine. Il est impératif pour nous de ne pas apparaitre à la tribune d’une conférence aux côtés d’une organisation ayant des positionnements problématiques concernant les Juifs. Et à cet égard, la définition de travail de l’IHRA est un instrument précieux. Si une organisation antiraciste l’a adopté ou n’a aucun problème avec celle-ci, nous sommes à l’aise pour travailler avec elle. Dans la majorité des cas, cela se passe bien ».
Sioniste et antiraciste à la fois
Puisque la lutte contre le racisme et l’extrême droite ne se mène pas à géométrie variable, l’EUJS et sa présidente actuelle ne feignent pas d’ignorer les derniers développements de la vie politique israélienne. En tant qu’organisation juive, sioniste et fondamentalement antiraciste, elle a exprimé publiquement ses craintes face à la formation d’un gouvernement d’extrême droite incompatible avec les valeurs de démocratie, d’égalité et de droits de l’homme. Dans un communiqué de presse publié en novembre 2022, Avital Grinberg prend soin de préciser que « L’EUJS ne peut pas se permettre de rester les bras croisés et de regarder ces hommes, qui contrastent fortement avec les valeurs de notre organisation, accéder au pouvoir sans que nous ne soulevions de sérieuses inquiétudes et préoccupations. Le respect des droits de l’homme, la dignité et l’inclusion ne sont pas négociables et doivent être respectés ». Et à ceux qui lui reprocheront de faire le jeu des ennemis d’Israël en tenant de tels propos, elle répond à juste titre que « Ce gouvernement constitue une menace grave pour le caractère démocratique d’Israël et du sionisme. Moralement et politiquement, le silence est intenable pour une organisation comme la nôtre. Comment pouvons-nous passer sous silence des remises en cause de la démocratie et de l’Etat de droit alors que nous les dénonçons constamment et systématiquement lorsqu’elles se produisent en Europe ! Allons-nous nous taire au nom d’une soi-disant loyauté sioniste ? Non. Bien au contraire, notre adhésion au sionisme et notre attachement à Israël nous obligent à prendre position publiquement pour dénoncer ces dérives antidémocratiques ».
Le positionnement de la présidente de l’EUJS clairement ancré dans la défense des valeurs démocratiques ne doit étonner personne. Non seulement il s’inscrit dans l’histoire de cette organisation juive mais il reflète parfaitement l’état d’esprit et la conception du monde d’une majorité de jeunes Juifs européens avides de rester fidèles à l’héritage spirituel et culturel du judaïsme tout en étant très impliqués dans les grands combats progressistes de leurs temps. Le dernier exemple qui illustre ce positionnement et cette Houtzpah revendiquée par Avital Grinberg est l’action en justice que l’EUJS a engagée aux côtés de HateAid contre Twitter afin de déterminer si ce réseau social a une obligation contractuelle envers ses utilisateurs de supprimer les Tweets antisémites. Les communautés juives ont besoin de ces jeunes car le supplément de houtzpah qu’ils leur insufflent ne peut que garantir leur existence en Europe à long terme.
Ceux qui maintenant ont peur ou sont descendus dans la rue contre le projet de ce gouvernement qui prévoit essentiellement de modifier les prérogatives de la Cour suprême par un vote à la Knesset de 61 députés, n’ont pas eu peur ni ne sont descendus dans la rue, quand sans vote de la Knesset , le Juge Barak a modifié encore plus fondamentalement les prérogatives de la Cour suprême. Tous ceux qui usent actuellement du double standard contre ce gouvernement israélien soit par ignorance soit par mauvaise foi renforcent le camp des ennemis d’Israël. Certains députés qualifiés d’extrémistes qui soutiennent ce gouvernement ne sont pas plus extrémistes que d’autres qui soutenaient le gouvernement précédent. Quant à qualifier d’homophobes sans doute le seul ou un des rares gouvernements au monde à avoir élu un homosexuel à la présidence de son Parlement, c’est vraiment risible. Je ne suis pas d’accord avec chacune des mesures mentionnées dans ce projet qui reprend les demandes principales de chaque parti de la coalition et qui sera quelque peu amendé lors des votes et/ou négociations mais la réaction de certains est inadmissible: menaces de mort, appels à la désobéissance civile, interventions des Juges dans le débat politique , …
Les rédacteurs des 4 articles dans ce numéro de Regards , relatifs à ce nouveau gouvernement et/ou au projet de réforme judiciaire ainsi que les personnalités y mentionnées qui commentent ces 2 sujets sans oublier la caricature que je m’abstiendrai de qualifier pour rester poli, nuisent à Israël soit par ignorance , soit par mauvaise foi . Mention spéciale pour le Professeur Dershowitz avec lequel je suis quasiment toujours d’accord mais a-t-il réellement dit ce qui est rapporté ? A d’autres sources , je trouve : « This is not the time to further politicize a great Israeli institution” ( Ce n’est pas le moment de politiser davantage une grande institution israélienne) ; ce qui démontre qu’il n’ignore pas que la Cour suprême est actuellement politisée.
Pour revenir aux 4 articles, il est vrai que la matière est complexe et qu’en marketing on
conseille la méthode Kiss (keep it simple and stupid). Je suis souvent en désaccord avec les articles parus dans le “Times of Israël” et ne suis pas tout à fait d’accord avec Micah Goodman, le célèbre penseur/philosophe israélien mais force est de reconnaître que sa description de la situation actuelle est assez nuancée et ne passe pas sous silence la “révolution” du Juge Barak dans un article/podcast paru récemment dans le Times of Israël.
Les prérogatives de la Cour suprême doivent effectivement être réduites. En ce qui concerne les mariages juifs, j’estime qu’ils doivent être possibles pour les Juifs orthodoxes mais aussi les libéraux et même les non-croyants. La définition “Juif” qui pourrait être prise en compte: toute personne qui se considère comme juive, solidaire du peuple juif et d’Israël comme Etat juif et qui a un lien familial avec le peuple juif à savoir au moins un ascendant considéré après 1948 comme Juif par le judaïsme orthodoxe ou les 2 grands courants libéraux; autre lien familial à prendre en compte : un conjoint, un fils ou une fille. La Loi du Retour devrait permettre à toute personne répondant à cette définition d’obtenir la nationalité israélienne. Il est évident que des contrôles sévères devront être effectués pour éviter par exemple d’octroyer cette nationalité à des personnes qui ont prouvé leur hostilité à Israël dans le passé.
Bonjour
Quand je lis les déclarations de cette jeune femme au demeurant surement intellectuellement honnête j’ai l’impression d entendre jean Luc Mélenchon ou une autre extrémiste islamo gauchiste .
Trop centrée sur sa propre culture personnelle de gauche
Obliterant totalement notre héritage et nos valeurs traditionnelles…sûrement téléguidée par de hauts esprits éclairés du côté marxiste.
Son discours est élitiste et très sectaire
Un ancien étudiant qui continue d étudier et solidaire de son histoire familiale.