Hanoucca 5784 : Où trouver la lumière ?

Pierre Briand
Comment parler de Hanoucca, la fête des lumières dans un moment troublé comme celui que nous vivons depuis début octobre ? Et comment le faire avec justesse, en adéquation avec l’histoire même de la fête ?
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Si le judaïsme laïque et particulièrement dans sa composante sioniste a fortement utilisé Hanoucca comme symbole de l’émancipation juive c’est que Dieu est absent du déroulement de l’histoire. Tout ce qui s’y passe est donc laissé entre les mains des êtres humains, seuls à pouvoir décider de leur destinée.  

Hanoucca commémore la victoire des Maccabim sur les Grecs. Une victoire militaire, religieuse et culturelle, nécessaire à cet instant précis de l’Histoire pour empêcher la disparition d’un judaïsme déclaré illégal par l’occupant Grec.  

Hanoucca est donc une victoire. Une victoire militaire avant tout. Mais le judaïsme ne retient-il que cette victoire des armes ? 

« NesGadol Haya Cham – Un grand miracle a eu lieu là-bas »

Ce sont en fait deux épisodes « miraculeux », inattendus que Hanoucca commémore. 

Le premier est la victoire acquise sur les Grecs plus puissants. C’est ici le symbole de l’émancipation juive, d’un acte de souveraineté et de libération face à une menace existentielle. 

Le second est bien évidemment l’épisode de la fiole d’huile qui brûla au Temple pendant 8 jours. La tradition nous indique que, ne pouvant pas nous réjouir de la guerre même si elle est gagnée, ce second miracle est là pour nous donner une occasion positive de réjouissance.  

C’est ce second « miracle » que nous célébrons chaque année en allumant les bougies de Hanoucca. Que signifie-t-il ? Il s’agit de la victoire de l’espoir, à travers la lumière, en opposition avec la nuit de l’hiver qui s’avance. 

Tout comme les jours raccourcissent avec la fin de l’année, la lumière diminue. De la même manière, lorsque nous nous trouvons dans une situation de grande détresse ou de violence, tout semble plus sombre et menaçant autour de nous. C’est là que doit intervenir la victoire de l’esprit, celle de la lumière et de l’espoir sur les ténèbres. C’est le symbole de notre émancipation de la peur, de la haine et de la vengeance. 
Nous allumons les bougies de Hanoucca pour nous rappeler que même au cœur de cette nuit qui nous semble sans fin, le vrai miracle réside dans une combinaison subtile de deux grandes victoires de l’être humain : Notre capacité de résistance face à l’oppression et notre capacité à garder espoir en des jours meilleurs. 

A n’en pas douter, toutes les deux doivent être réunies pour nous permettre de passer l’hiver.  

« Hanoucca n’est-elle pas un symbole du peuple d’Israël, et sa lumière un symbole de son immortalité ? »    

Leo Jung (1892 -1987) 

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