Les réparations allemandes et leur impact sur la mémoire

Le 10 septembre 1952, la République fédérale d’Allemagne (RFA), l’Etat d’Israël et la Jewish Material Claims against Germany signent à l’Hôtel de ville de Luxembourg des accords en vertu desquels la RFA s’engage à assumer ses obligations à l’égard des victimes juives des persécutions nazies. Ces accords, fruits de négociations complexes et difficiles entamées six mois auparavant au château de Wassenaar dans les environs de La Haye (Pays-Bas), sont historiques.
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Pour la première fois en droit international moderne, les victimes d’un génocide obtiennent des mesures d’indemnisations et de restitutions. Si ces accords sur les « réparations » allemandes constituent une étape déterminante dans le long et lent processus visant à rendre justice aux victimes et aux rescapés de la Shoah, il est étonnant de constater à quel point l’impact de ces réparations est faible sur l’évolution de la mémoire de la Shoah. En Allemagne, ces accords de réparations créent l’illusion selon laquelle les Allemands ont soldé les comptes du génocide des Juifs. Cette illusion aura deux conséquences désastreuses : le refoulement allemand du passé nazi et la dilution de la responsabilité du peuple allemand dans la Shoah. Dans le monde juif, cette vaste entreprise d’indemnisations des victimes de la Shoah n’a pas non plus exercé la moindre influence sur la mémoire de celle-ci. Pendant plus de quinze ans, cette tragédie n’entre pas dans le champ de la mémoire collective. Si c’est le cas, comme en Israël, c’est exclusivement dans le registre de la généralisation que la Shoah est évoquée. L’expérience et les récits des rescapés en sont exclus. Pour que cette situation change, il faut attendre le procès d’Adolf Eichmann en 1961. Ce procès historique va libérer la parole du rescapé pour le faire entrer dans la mémoire du génocide. 

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