Pour la première fois en droit international moderne, les victimes d’un génocide obtiennent des mesures d’indemnisations et de restitutions. Si ces accords sur les « réparations » allemandes constituent une étape déterminante dans le long et lent processus visant à rendre justice aux victimes et aux rescapés de la Shoah, il est étonnant de constater à quel point l’impact de ces réparations est faible sur l’évolution de la mémoire de la Shoah. En Allemagne, ces accords de réparations créent l’illusion selon laquelle les Allemands ont soldé les comptes du génocide des Juifs. Cette illusion aura deux conséquences désastreuses : le refoulement allemand du passé nazi et la dilution de la responsabilité du peuple allemand dans la Shoah. Dans le monde juif, cette vaste entreprise d’indemnisations des victimes de la Shoah n’a pas non plus exercé la moindre influence sur la mémoire de celle-ci. Pendant plus de quinze ans, cette tragédie n’entre pas dans le champ de la mémoire collective. Si c’est le cas, comme en Israël, c’est exclusivement dans le registre de la généralisation que la Shoah est évoquée. L’expérience et les récits des rescapés en sont exclus. Pour que cette situation change, il faut attendre le procès d’Adolf Eichmann en 1961. Ce procès historique va libérer la parole du rescapé pour le faire entrer dans la mémoire du génocide.
Hanoucca 5785 : La toupie, le hasard et notre refus de l’incertitude
À Hanoucca, une petite toupie tourne. Elle tourne entre les mains des enfants, des adultes, et elle semble, l’espace d’un instant, suspendre le temps. Sur ses quatre faces sont inscrites les lettres Noun, Guimel, Hé et Shin, formant l’acronyme de la phrase « Nes Gadol Haya Sham », « Un grand miracle a eu lieu là-bas ». Pourtant, lorsque la toupie s’arrête et tombe, personne ne peut choisir la face qui apparaît. Le hasard décide.