C’est la première fois que je lis des textes de Pascale Bouhénic. Autant vous le dire aussitôt : ça me plait beaucoup. Si je disais d’eux qu’ils sont charmants, ce ne serait pas tout à fait juste, ce serait trop mièvre et banal. Non, ses textes ont du charme, c’est tout autre chose. Ils sont légers, mais dans le bon sens du mot. Ils ne pèsent pas, ils sont ailés. Ils ne sont pas gracieux, ils ont la grâce. Par exemple, elle nous parle de sa grand-mère, Juive d’Algérie, qui a quitté Alger pour Marseille en 1962. Elle la retrouve par hasard, une image fugitive où elle est tout entière, dans un film de Nelly Kaplan à la télévision. Nelly Kaplan, proche des surréalistes et surtout d’Abel Gance, la cinéaste magicienne de La fiancée du pirate avec la merveilleuse Bernadette Lafont. Heureuse de vivre à Marseille, cette ville qui, à ses yeux, ressemble tant à Alger qu’elle a dû quitter, avec les mêmes marchés de produits méditerranéens que Jeanne, la grand-mère, adore arpenter.

Dès lors Pascale se livre à une déambulation mémorielle où les souvenirs se mêlent indissolublement aux images de films. Images sensibles, parfois tremblées, magiques en tout cas. On la suit volontiers, depuis les rues du quartier algérois de Bab el-Oued d’où viennent les deux branches de la famille et où la narratrice, née à Paris en 1963, n’a jamais mis les pieds. On ne peut pas vraiment en rendre compte. C’est comme la poésie, ça s’explique mal. On risque de tout effacer. Un livre de piété, de délicatesse.






