Chroniqueuse humoristique, ce n’est pas le même métier que voyante, comme chacun sait – y compris mon banquier. Ces lignes paraissent en novembre, alors qu’elles ont été écrites mi-octobre. Je ne sais pas ce qui se sera passé entretemps. Tout ce que je sais, c’est que depuis le pogrom qui a eu lieu le 7 octobre dans le sud d’Israël, les occasions de rire se font plus rares que le courage politique à gauche, et que d’ici à ce que cette chronique soit lue, on n’aura certainement pas eu plus d’occasions de se fendre la gueule. Selon Romain Gary : « L’humour est la politesse la plus raffinée du désespoir. C’est une affirmation de la dignité, une déclaration de la supériorité de l’homme face à ce qui lui arrive. » Soit. Rions, puisque c’est poli, raffiné, digne et… désespéré.
Rions grâce à Rachel Edery, habitante d’Ofaqim, située à 28 km de la frontière avec Gaza qui, pour gagner du temps en attendant l’arrivée des secours après l’intrusion de cinq terroristes dans sa maison, leur a servi boissons et petits gâteaux. Rions du niveau d’abrutissement des soutiens du Hamas à travers le monde, dont des Pakistanais filmés en plein déchiquetage de drapeaux israéliens avec les dents, écume aux lèvres comme s’ils avaient la rage. Rions de ce qui les aurait fait s’étrangler avec leur maigre pitance : le drapeau israélien serait donc halal ?! Rions de la double fessée déculottée donnée à ces étudiants américains qui défilent décorés d’écussons représentant des parapentistes ou en traitant de nazis leurs condisciples Juifs : exclus des campus et/ou mis sur liste noire professionnellement avant même d’entrer sur le marché du travail. Rions de ces messages reçus en cascade, relayant la demande des soldats israéliens aux familles ashkénazes d’arrêter de leur envoyer de la nourriture, la situation étant assez pénible telle qu’elle est. Rions avec mon amie d’enfance Noa, dont la mère, sourde comme un pot, n’entend pas les notifications de son téléphone portable préalables aux alertes pour lui signifier le repli nécessaire dans le hall de son immeuble à Tel-Aviv et qui, lorsque sa fille lui dit qu’elle devrait faire un peu plus attention à son téléphone, ne l’entend pas non plus et répond : « Ah oui, mon téléphone, j’ai reçu des messages adoraaables de Paris et Bruxelles aujourd’hui ! » Rions de la malhonnêteté et de la misère intellectuelles de Raoul Hedebouw, qui lui font confondre « critiquer la politique israélienne » et « être anti-État d’Israël » lorsqu’il rejette les liens évidents entre antisionisme et antisémitisme. Rions de l’hypocrisie, de la soumission et de la perversité de l’UNWRA, contrainte de supprimer son propre tweet dénonçant le vol, par le Hamas, de matériel médical destiné aux Gazaouis en le qualifiant de « rumeur des réseaux sociaux ». Rions de la conception belge d’unité nationale, pour le moins fantasque, après l’attentat terroriste commis par un islamiste le 16 octobre, tuant deux Suédois, blessant un troisième : mardi 17, à Bruxelles, les écoles néerlandophones ont fermé tandis que les écoles francophones sont restées ouvertes.