Si cette fête représente la libération des hébreux du joug de l’esclavage, elle ne saurait se limiter à cela. Lorsque nous nous extrayons d’une lecture religieuse, la fête de Pessah est le moment où nous devons également questionner cette libération.
Celle-ci est-elle complète ? Peut-elle être achevée ? De quelle manière ?
Lorsque l’on se penche sur les textes et sur leur symbolique il ressort que Pessah est une libération physique mais également une libération spirituelle et philosophique. Les hébreux, qui forment un groupe hétérogène, se rassemblent dans une volonté de liberté et d’indépendance. Se faisant, ils agrègent auprès d’eux d’autres nations qui se joindront à eux et que l’on retrouvera au pied du mont Sinaï pour y recevoir la Torah, symbole d’une unité pas seulement héritée mais construite dans les épreuves et par une vision commune de l’avenir.
Bien évidemment, cette libération philosophique qui nous encourage à l’universel ne peut pas se réaliser sous le joug de l’oppression ni dans la captivité. C’est pour cela, et encouragé par la valeur morale de fraternité, que nous connaissons dans le judaïsme la prescription du « rachat des captifs » qui nous encourage à nous soucier de toutes celles et ceux qui sont emprisonnés. Nous ne pouvons donc pas imaginer la période de libération de Pessah cette année sans penser aux otages aujourd’hui encore retenus par le Hamas depuis le 07 octobre. Obtenir leur libération relève d’une obligation morale qui découle directement du prix que nous connaissons devoir payer pour la liberté. Aucun prix n’est trop élevé pour obtenir la libération de celles et ceux arrachés à leurs familles, même si ce prix est celui de la paix. Car par cette paix, nous n’obtenons pas seulement la libération de celles et ceux que nous appellerions « les nôtres » mais nous reconnaissons également notre devoir de participer à la libération de toutes celles et ceux qui souffrent. Le message du judaïsme ne saurait être aujourd’hui une pensée rabougrie et exclusive.
Dans un monde où les conflits et les tensions ont explosées et semblent insurmontables, le récit de Pessah résonne comme un appel à l’émancipation et à la recherche de la paix. La libération symbolise un désir universel de se libérer des chaînes de l’oppression, qu’elles soient politiques, sociales ou économiques. C’est un rappel que la liberté est un droit fondamental de tout être humain, et que nous devons continuellement lutter pour préserver cette liberté, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les autres.
En Israël et en Palestine, région marquée par des décennies de conflits et de souffrances, le message de Pessah prend une résonance particulière. Aujourd’hui plus que jamais une libération s’impose : de l’escalade de la violence, de l’occupation, du terrorisme, de la peur et des préjugés qui divisent les communautés. Dans l’optique d’une paix durable et équitable qui permettrait à chacun de vivre dans la sécurité et la prospérité.
En cette période de Pessah, alors que nous nous rassemblerons autour de la table du seder pour commémorer notre histoire, nos traditions et la construction de notre identité juive, rappelons-nous également que nous sommes tous liés par notre humanité commune. Le combat pour la liberté et la paix est de notre ressort, en œuvrant ensemble ici et partout pour un avenir où chacun puisse vivre dans la dignité et la sécurité. Cette fête est un rappel permanent qui doit nous inspirer à travailler sans relâche pour un monde meilleur, où la lumière de la liberté et de la paix brille pour toutes et tous. Et si pas maintenant, quand ?
Hag Sameah !