Je ne pardonnerai jamais à l’Internationale antisémite de m’avoir forcée à m’intéresser à l’Eurovision. L’édition 2024 restera dans les mémoires, pas seulement pour ses problèmes de décalage dans la communication (trois secondes de silence gênant entre les questions des présentatrices et la réponse des représentants du jury, pendant lesquelles tout le monde souriait niaisement) ou le chatoiement des tenues de ses participants (mention spéciale aux garçons en jupe, aux costumes traditionnels et au Finlandais à poil). Seule la candidate irlandaise Bambie Thug semble avoir tenu à jouer la carte de la sobriété, dans un costume de scène (déchiqueté) noir, rouge à lèvres assorti, smoky eyes plus proches du double coquard que des yeux de biche, rune germano-celtique noire peinte sur le front, ongles noirs de huit centimètres, serre-tête à cornes, dents recouvertes de plaquettes orthodontiques et parfaitement taillées en pointe. Si les islamistes obtiennent au paradis les 72 vierges que leur idéologie mortifère leur promet après leur mort, je leur souhaite qu’elles aient cette tête-là.
Jamais radio-crochet kitsch ne fut aussi politique, ni autant marqué par le fossé entre le vote du jury et celui du public. De quoi restaurer un peu sa foi en l’humanité, et peut-être servir de pronostic pour les futures élections belges régionales, fédérales et européennes du 9 juin prochain : les gens en ont marre des revendications identitaires, de l’importation et de l’exploitation politique électoraliste cynique d’un conflit étranger, des inversions de charge accusatoire entre victime et agresseur.
Le boycott des jurys à l’égard de la chanteuse israélienne Eden Golan, belle comme le jour et dotée d’une voix d’ange, aura fait écho au déchaînement de violence verbale de la part d’activistes anti-israéliens primaires et d’autres candidats, à commencer par cette sorcière néo-païenne-gothico-gremlin sataniste irlandaise qui, dans une prodigieuse cohérence d’image et de son, a soutenu les appels à l’exclusion d’Israël de la compétition, a fait un caprice pour changer de loge afin de s’éloigner de celle d’Eden Golan, et a versé des larmes amères de mauvaise perdante en apprenant dans un premier temps la qualification de l’interprète de Hurricane en finale, puis de n’avoir pas été plébiscitée par le public, contrairement à la lumineuse Eden. Le dispositif de sécurité prévu pour la chanteuse de 20 ans qui portait la douleur d’un peuple martyrisé le 7 octobre fut de ceux qu’on réserve habituellement aux chefs d’État (100 policiers, convoi de voitures blindées, gardes du corps à tout moment), sa victoire populaire fut digne de celle d’un inventeur de vaccin.
Première ou pas à Malmö, Eden Golan a gagné le cœur du monde et la médaille de la bravoure. Et finalement, en ne remportant pas la première place, Israël s’épargne le casse-tête de la prochaine édition, dont les enjeux sécuritaires auraient sans doute contraint les organisateurs à la convertir en réunion Zoom.