Aimer Israël, c’est refuser l’inacceptable

Le gouvernement israélien a choisi d’utiliser la privation délibérée de nourriture et de ressources essentielles pour contraindre le Hamas à se rendre. L’usage de la famine comme arme de guerre, puisque c’est bien de cela dont il s’agit, est une tactique inacceptable sur le plan moral et politique car les souffrances touchent principalement des populations civiles de Gaza. La responsabilité ne peut être simplement rejetée sur le Hamas, notamment parce qu’il refuse de se rendre et qu’il utilise la population civile comme bouclier. Celui qui impose un blocus a une responsabilité active dans la souffrance causée.

Comme le souligne la Déclaration d’indépendance d’Israël de 1948 et les lois fondamentales sur la liberté et la dignité humaine de 1992, la démocratie israélienne tire aussi sa légitimité de son adhésion aux principes de justice, d’humanité et de respect du droit. Or, la famine comme arme de guerre est incompatible avec ces principes que nous défendons à la fois en tant que citoyens attachés à la démocratie et en tant que Juifs fidèles aux valeurs humanistes du judaïsme.

Dans ce cas, le lien indéfectible qui nous unit à Israël risque d’être érodé si le gouvernement israélien s’obstine à agir en contradiction flagrante avec les valeurs démocratiques qu’il prétend incarner. L’opération de grande envergure qu’il entend lancer à Gaza comprend une attaque militaire et un déplacement forcé de la plupart de la population civile vers un réduit situé dans le Sud de la bande de Gaza. Pire, l’expulsion des Gazaouis serait même l’un des objectifs-clés de cette opération militaire ne se souciant plus du tout du sort des otages. Sous couvert d’une « émigration volontaire vers un pays tiers », il apparait clairement que se profile une épuration ethnique de la population palestinienne de la bande de Gaza, un autre crime contre l’humanité en perspective.

Le lien affectif et moral que nous entretenons avec Israël est intense et profond mais il n’est pas aveugle. Quand le gouvernement de l’État d’Israël, État censé incarner l’autodétermination du peuple juif et sa dignité retrouvée après des siècles de persécutions, choisit d’affamer une population et envisage très sérieusement de procéder à une épuration ethnique, il n’est plus question d’une divergence politique mais d’une faillite morale et politique que nous ne pouvons ni accepter ni cautionner.

Le conseil d’administration du CCLJ

Écrit par : Le conseil d’administration du CCLJ

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Annette Wieviorka
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Historienne spécialiste de la Shoah, directrice de recherche honoraire au CNRS et vice-présidente du Conseil supérieur des archives depuis 2019,
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