Dans sa publication diffusée le 29.09.2021 dans les Actualités du site Internet www.cclj.be sous le titre « LES HÉROS DE L’ATTAQUE DU 20E CONVOI, HONORÉS ET INVISIBILISÉS ! », Nicolas Zomersztajn me met en cause sans me citer nommément, mais en me désignant implicitement sans aucun doute possible.
Il y reproche au reportage diffusé au JT de la RTBF du 23.09.2021 de ne consacrer que 17 secondes aux trois héros dont le portrait n’est pas même présenté (sur une durée totale de 2 minutes et 38 secondes), tout en déplorant que
« Tout le reste du reportage ne parle que d’une seule personne : un Juif de 89 ans (11 ans au moment de l’attaque du convoi) ayant sauté du train suite à son immobilisation par les trois résistants. Très présent depuis des années dans les médias, il est très prolixe sur le pardon qu’il a accordé à un gardien flamand de la Caserne Dossin mais se montre plus laconique sur la mémoire des résistants qui lui ont permis d’échapper à l’extermination.
Les téléspectateurs de la RTBF savent désormais que le pardon qu’il a accordé à ce SS flamand lui a « fait du bien » mais hélas, ils n’ont rien appris sur Robert Maistriau, Jean Franklemon et Youra Livschitz ».
Je précise d’emblée que je ne suis pas responsable de la programmation de la RTBF ni de ses choix éditoriaux. Cela étant, peut-on s’étonner de l’initiative prise par le média d’interviewer le seul témoin disponible de l’attaque du 20ème convoi ?
Monsieur Zomersztajn énonce différents éléments biographiques des trois héros qui auraient dû selon lui figurer dans ce reportage; néanmoins, pour ce faire, il faudrait non une séquence du JT mais un documentaire spécial d’au moins une heure… Ce serait d’ailleurs un projet utile que je l’encourage à initier et que je soutiendrais sans réserve.
Pour le surplus, je réponds comme suit aux griefs formulés dans l’article :
- « mais se montre plus laconique sur la mémoire des résistants qui lui ont permis d’échapper à l’extermination »…
Je me vois ainsi accusé d’ingratitude envers les trois résistants qui m’ont indirectement sauvé la vie.
Dans l’intervalle, Monsieur Zomersztajn aura peut-être lu ma carte blanche « L’hommage bienvenu aux trois héros du Vingtième Convoi » publiée dans Le Soir du 7 octobre dernier[1], dont j’avais adressé le texte à La Libre dès le 26.09.2021, soit avant la publication visée ici (mais La Libre avait d’autres projets).
J’en déduis en outre que Monsieur Zomersztajn ne m’a jamais lu, car dans tous mes livres je parle abondamment de l’acte extraordinaire des trois héros et du fait qu’ils ont contribué à ma survie.
Parlant de la discrétion des trois héros, Monsieur Zomersztajn prend comme exemple le fait que Marion Schreiber, journaliste correspondante à Bruxelles du Spiegel, a intitulé le livre qu’elle leur a consacré : « Stille Rebellen » (Rebelles silencieux).
Je suppose donc qu’il aura lu ce livre qu’il cite, dont l’avant-propos mentionne (p. 11) :
« Et c’est ce même Simon Gronowski qui me parla pour la première fois de ces trois jeunes gens qui, le 19 avril 1943, stoppèrent le XXe convoi afin de libérer des déportés, fait unique dans l’histoire de l’Holocauste. Je peux dire que ce récit m’obséda littéralement », raison pour laquelle Mme Schreiber a écrit ce livre.
- « Très présent depuis des années dans les médias » : je n’ai jamais rien demandé mais je n’ai jamais dit non quand une école m’appelait à témoigner de la barbarie nazie ou quand un journal désirait m’interviewer, etc… car j’estime que ces témoignages relèvent de mon devoir de rescapé.
- « … très prolixe sur le pardon que j‘ ai accordé à un gardien flamand de la Caserne Dossin…. », c’est-à-dire que j’aurais dû le cacher, comme une maladie honteuse.
J’ai déjà répondu aux attaques de Monsieur Zomersztajn quant au pardon que j’ai accordé dans un droit de réponse du 17.05.2019.
J’ai rendu cette décision publique car j’estimais qu’elle pouvait montrer :
– aux victimes, une voie possible de guérison et de résilience,
– aux coupables, une voie possible de rédemption.
d) Monsieur Zomersztajn reproche à nouveau aux deux universités bruxelloises d’avoir attribué le titre de Docteur Honoris Causa à un artiste (Koenraad Tinel) « dont le récit sur son père et son frère ayant rejoint les rangs de la SS flamande suscite surtout de la pitié pour ‘les victimes’ de la répression ‘anti-flamande’… » [2].
Ce titre nous a été décerné à tous deux avec la mention : « … pour votre message d’espoir, de fraternité et de paix, exemple pour les générations futures » et pour notre amitié (improbable) et mon pardon.
Comme une distinction ne peut être accordée à une amitié, elle l’a été aux deux amis ; j’estime que critiquer le titre décerné à Koenraad revient à critiquer le mien.
Bruxelles, le 18 octobre 2021
Simon Gronowski
[1] https://www.lesoir.be/399233/article/2021-10-07/carte-blanche-lhommage-bienvenu-aux-trois-heros-du-vingtieme-convoi
[2] Voir la carte blanche publiée par Joël Kotek et Nicolas Zomersztajn, publiée dans la Libre du 11.03.2020 à laquelle j’ai répondu le 18.3.2020 suivant lien https://www.lalibre.be/debats/opinions/2020/03/18/les-docteurs-honoris-causa-de-la-vub-et-de-lulb-une-amitie-symbole-despoir-et-de-paix-IFBE72XCIBBLLDCBXTDUKA6DZ4/