JJL, le maître-mot c’est s’adapter

Anne Rozenberg
Covid ou pas et c’est tant mieux, la JJL, le mouvement de jeunesse du CCLJ vibre toujours, dès qu’on en franchit la porte, de l’énergie de ses haverim et madrihim. Les règles de confinement les ont bien sûr obligés à modifier leurs habitudes et leurs activités, mais la joie de se retrouver le samedi est là, toujours intacte.
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Alors que les infos, les cartes blanches dans les journaux, bruissent de nouvelles alarmantes sur la santé mentale des jeunes, la JJL, elle, maintient le cap, et c’est une bonne nouvelle. Elle a dû s’adapter, c’est évident, renoncer aux mahanot que madrihim comme haverim aiment tant, mais dans l’ensemble, la vie continue. Alexis Rossler est Rosh Ken et quand on lui demande comment il va, il reste plutôt positif : « Comme tout le monde, j’essaie de faire face à la situation, ça pourrait être pire, mais évidemment ça pourrait aussi aller mieux ! ». Hila Abraham, shliha de la JJL depuis 18 mois, souligne, elle, comment les jeunes ne pouvaient rien faire dans les premiers mois du Covid. Imaginez, eux qui aiment tant se voir, qui sont si tactiles les uns avec les autres, ont dû renoncer à une grande partie de ce qu’était leur vie. « A l’âge où ils ont le plus besoin de relations sociales, ils n’en avaient plus du tout, ni à l’école ni à la JJL, ils se sentaient en prison ».

Après le confinement dur entre mars et mai 2020, une partie des activités ont heureusement pu reprendre. Mais était-ce sans danger ? Certainement pas et c’est une prise de risque que les madrihim mesurent très bien. A ce propos, Hila nous confie qu’ils « font tout pour que ce risque soit le plus faible possible. L’équipe est très chouette et assure que ça se passe bien et dans les règles ». Petit à petit, au fil des différentes réglementations Covid, la JJL a fait face. Aujourd’hui et en tout cas jusque fin février, les plus jeunes – de 7 à 11 ans – se réunissent au ken par groupe de dix enfants maximum, chaque groupe restant dans un local séparé. Les plus âgés – de 12 à 16 ans – doivent obligatoirement se voir à l’extérieur et toujours par groupe de dix. « Ça nous complique un peu la vie, parce qu’on doit chaque fois s’adapter aux conditions climatiques, mais aussi à la présence d’autres personnes sur le terrain, à la sécurité », constate Alexis. « Nous organisons des jeux de piste où les haverim bougent beaucoup, où ils apprennent des choses. En tout cas, nous avons hâte de pouvoir reprendre nos habitudes, de pouvoir tous revenir au ken ». A l’heure où nous écrivons ces lignes, on ne sait pas encore si les règles seront assouplies dans les semaines qui viennent.

Si on imagine facilement que les haverim les plus âgés comprennent la situation, on s’est bien sûr demandé comment les plus petits enfants pouvaient vivre cette période de Covid. « Ils ont besoin, encore plus que d’habitude, de se lâcher, de se défouler. Et le mouvement de jeunesse est le lieu idéal pour cela ». Et Alexis d’ajouter « Il est vrai que lorsqu’ils sont en famille, ils ne peuvent plus sortir, aller à la piscine, au cinéma… Et ils en ont assez de devoir suivre des règles, mais ce sont des enfants bien éduqués, donc tout se passe bien ». Hila, elle, insiste sur le fait que mieux vaut garder une apparence de normalité : «  Je crois que ça les rassure ». Pour les enfants comme pour les jeunes, venir à la JJL, c’est une occasion de se voir. Et c’est devenu plus indispensable que jamais. » La shliha observe que « De toute façon – et je vois ça aussi avec mes propres enfants – ils n’en peuvent plus de rester à la maison ». Heureusement ni Alexis, ni Hila n’ont constaté ou entendu parler de dépression. Les mouvements de jeunesse seraient-ils un rempart à la souffrance des adolescents ? Nous ne ferons pas de conclusions hâtives, mais cette question mérite d’être posée.

Du changement dans les activités

Avant le Coronavirus, chaque samedi se passait au ken et était structuré en quatre temps : le mifkad qui rassemblait tout le mouvement, la peoula en kvoutza, le goûter ou koumzits et un grand jeu sur des sujets très variés auquel participait toute la JJL. La plus grande difficulté des madrihim a peut-être été de devoir changer ce schéma en vigueur depuis des années. « On a supprimé le mifkad et toutes les activités étendues à tout le mouvement. On a été forcés de faire des activités, des grands jeux, où chaque kvoutza reste dans son heder, pendant trois heures et ce pour respecter les conditions d’hygiène. » Alexis poursuit, « Vous imaginez la difficulté pour les plus jeunes. Un petit exemple : avant, nous ne devions pas faire attention lorsque tous les enfants touchaient une même balle ! Nous ne devions pas non plus les compter pour respecter le nombre d’enfants imposés. Tout cela pèse sur la préparation des activités. Quant aux enfants, ils sont parfois un peu frustrés de devoir continuellement rester avec leur bulle et de ne pas pouvoir jouer avec ceux avec qui ils ont le plus d’affinités, mais qui ne sont pas dans leur kvoutza. En tous cas, on est heureux de constater qu’il y a peu d’absentéisme et que chaque samedi, les enfants répondent présent ».

Hila, la shliha a, elle aussi, un regard plutôt positif sur la situation : « Le Covid a changé tout notre programme de cette année. Toute la logistique autour des activités est différente, cela exige des madrihim beaucoup de capacités à se réinventer. Mais j’espère que ce qu’ils retiendront de cette période, c’est qu’ils peuvent tout surmonter. Même si la situation est très difficile, je voudrais qu’ils gardent cet enseignement à l’esprit pour le futur. Qu’ils sachent, que quoi qu’il leur arrive dans la vie, ils se débrouilleront ».

Semaine après semaine, les madrihim ont pu, malgré tout continuer de faire passer, au fil de leurs activités, les valeurs essentielles de la JJL – tolérance, ouverture à l’autre, judaïsme, laïcité. Des valeurs qu’ils ont apprises enfants, et qu’il leur est essentiel de transmettre. Ce super groupe d’une quinzaine d’ados, animés par un sentiment de bataille, s’investissent de toutes leurs forces, s’interrogent sur la façon de continuer à plaire, de faire venir les haverim à la JJL. Et ce malgré toutes les difficultés. Une belle leçon apprise du Covid. Le CCLJ peut être fier de son mouvement de jeunesse qui porte haut ses valeurs et qui laisse dans le cœur des enfants des souvenirs impérissables et des amis pour la vie. Comme quoi, les meilleures choses ne changent jamais ! 

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