Le flux incessant d’attaques haineuses et imbéciles envers Israël suscite bien des interrogations tant elles paraissent outrées et déconnectées de la réalité. Comment peut-on qualifier la bande de Gaza et ses 45 hôpitaux, ses centaines d’écoles, ses sept universités, ses 40.000 combattants surarmés, ses 400 km de tunnel, ses industries d’armement… de ghetto, voire de même de camp de concentration ? Voyons ! Que dire aussi de ces voix qui accusent Israël de génocide ? Si c’était réellement le cas, comment comprendre que la Cour internationale de justice (CIJ) n’ait pas exigé de cessez-le-feu immédiat et, surtout, que les principaux intéressés n’agissent pas pour l’interrompre ? Il suffirait, en effet, au Hamas de libérer tous les otages et de négocier le départ de ses leaders vers l’Algérie ou le Qatar pour obliger Israël à se retirer de la bande de Gaza. Sans doute, au grand dam de Netanyahou qui, de son coté, accroché au pouvoir et donc à la guerre, parie sur la victoire de Trump. Que penser aussi de ces politiciens qui, ici, accusent les rabbins d’inciter au viol et, là, qualifient les soldats israéliens de racistes pires que les nazis, pour s’y refuser ! En résumé, Israël, quoi qu’il fasse, est toujours coupable et la Palestine, toujours innocente et ce, en dépit des viols et massacres du 7 octobre qu’on nous présente désormais comme grandement exagérés.
Ces calomnies infâmes tiennent à deux facteurs : une véritable aversion pour les Juifs et/ou une posture purement opportuniste, dictée par des calculs électoraux. L’hystérie anti-israélienne autour de Gaza témoigne, en effet, d’abord, de la survie, à l’extrême droite comme au sein de la gauche radicale, d’un habitus antisémite totalement étranger à la cause palestinienne. Reste que si les antisémites de droite ont toujours eu le courage de leur détestable haine, la gauche, en revanche, bien plus habile ou cynique, n’a de cesse de protester de son amour des Juifs, tout en les accablant simultanément de critiques assassines. C’est, en effet, au nom du Bien et de l’antiracisme qu’elle dénie au peuple juif (mais pas pakistanais, kosovar et bien sûr palestinien) le droit à un État à soi. La cause est entendue : en se structurant autour d’un État-nation, commodément dénoncé comme particulariste, voire raciste, le peuple juif faillirait à sa vocation prophétique, victimaire, bref tragique.
C’est ainsi que depuis son retour en Judée, le Juif est redevenu l’assassin du Christ. La preuve avec ce surréaliste post Facebook du très poutinien Jean-Marie Dermagne, ancien bâtonnier du barreau de Namur, rappelant, lors des fêtes de Pâques, que les Juifs choisirent de sacrifier l’étranger (?) galiléen (Jésus) plutôt que le Judéen Barabbas. Assurément, la fragilité blanche (et/ou goy) n’épargne personne, surtout pas les marxistes biberonnés au catéchisme.
Évidemment, ces hommes de « gauche » repousseront toujours avec indignation la moindre accusation d’antisémitisme. Nous l’avons dit, l’acharnement contre Israël est aussi dicté par pur opportunisme. Nul besoin de rappeler que les Belges issus de l’immigration arabo-musulmane sont seize fois plus nombreux que ceux d’origine juive. Cette donne démographique explique les raisons qui poussent les partis progressistes et centristes à faire des concessions aux sentiments des musulmans sur des questions qui ne sont perçues comme vitales, tel le conflit israélo-palestinien ou encore l’abattage rituel. Certes, l’intégration culturelle des musulmans dans la société belge va apaiser à terme les passions, mais cette issue n’est pas prévisible dans un avenir proche. En attendant, c’est à qui, entre le PS, Ecolo et le PTB, fera montre de la plus grande hostilité à l’égard d’Israël. Et à ce jeu-là, le PS comme Ecolo ne feront jamais le poids face au PTB, un parti ontologiquement judéophobe, car stalinien. Pas étonnant dès lors que le PTB se hisse en tête des intentions de vote (19,3%) à Bruxelles, une région où le vote musulman est décisif. Ce n’est pas moi qui le dis, mais le journaliste David Coppi dans le quotidien Le Soir : « Explication ?… Plusieurs observateurs pointent le parti pris palestinien du PTB à propos de la guerre au Proche-Orient et l’écrasement de Gaza. Qui aurait un impact en sa faveur. Notamment vu les populations de culture arabo-musulmane. » En réalité, comme hier le peuple juif en diaspora, Israël doit être compris en termes de variable d’ajustement, de politique du moindre mal, pour reprendre l’expression de Maxime Steinberg. Elle fut la politique des autorités communales belges durant la Seconde Guerre mondiale. Elle amena, par exemple, Joseph Bologne, le bourgmestre socialiste de Liège, à communiquer aux nazis des listes d’étrangers, de communistes et de Juifs.
À l’évidence, la nouvelle donne démographique bruxelloise explique en très large partie l’attitude des partis traditionnels de gauche vis-à-vis non seulement d’Israël, mais aussi des Juifs. À l’exemple des catholiques sous l’Ancien Régime, nos hommes de gauche sont prêts à soutenir les Juifs, mais à condition qu’ils renoncent à leur particularisme, à leur identité, aujourd’hui à leur soutien à Israël. Dans cette optique, les Juifs risquent bien de devoir choisir entre le statut de marranes, de parias, qui fut le leur jusqu’à l’émancipation, et celui de parvenus, prêts à toutes les compromissions pour être acceptés dans cette société qui les rejette. C’est vrai pour nos Juifs de l’Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB), mais aussi pour nos Juifs de Cour, autre expression chère à Maxime Steinberg. C’est ainsi que nos Juifs marxistes et nombre de nos consistoriaux israélites se retrouvent dans un commun souci de minimiser les menaces qui pèsent sur les Juifs. Cette posture permet à ces parvenus, au sens arendtien du terme, de jouir de privilèges indus. Ici, d’être invités prioritairement sur les plateaux télé et autres groupes de travail sur… l’antisémitisme (!), là, d’exercer une emprise sur les institutions clefs d’une judaïcité tétanisée par l’angoisse. Basta !
Bravo !