L’espoir de voir des équipes de chercheurs israéliens trouver un vaccin nous pousse à vouloir, plus que jamais, sauter dans le premier avion pour Tel-Aviv. Si la pandémie se confirme, autant se rapprocher le plus possible de l’antidote. Et puis, puisqu’on n’y échappera pas, mieux vaut se retrouver en quarantaine avec vue sur la mer et houmous au petit-déjeuner !
Avec ce Covid-19, rien n’a changé, mais en pire. Une psychose mondiale fait grimper les prix du gel hydroalcoolique plus haut que la pression artérielle des mères à la veille du mariage de leur fils. Des théories délirantes, mais tellement attendues désigneront bientôt les Juifs à la place des chauves-souris et des pangolins avariés comme responsables de l’épidémie (ça change des insectes nuisibles, n’est-ce pas Alost ?). Jusqu’à présent, les mesures de protection émises par le ministère de la Santé israélien relèvent du bon sens : n’embrassez plus votre mezouza, évitez les contacts interpersonnels, maintenez une distance de sécurité d’au moins trois mètres avec les autres, ne vous serrez pas la main, ne vous embrassez pas, ne vous prenez pas dans les bras. Note aux Ashkénazes : faites comme d’habitude, et vous serez épargnés !
La sortie d’Egypte biblique va-t-elle se rejouer sous forme de refoulement à la frontière par le Magen David Adom au lieu de sa fermeture par les brigades de Pharaon ? Un Moïse contemporain trouvera-t-il un moyen de protéger les foyers de son peuple en marquant leur linteau d’un puissant antiviral appliqué à l’os de gigot ? Son bâton magique ouvrira-t-il les eaux ou bien servira-t-il à contrôler collectivement la température de la marée humaine qui se bousculera à la sortie des avions ? Pourquoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres nuits ? Parce qu’on va combiner Pessah et Pourim en enfilant ces tenues intégrales de protection contre les risques biologiques !
Les herbes amères, symbole de la pénibilité de la condition d’esclave incarneront si bien notre soumission à l’information en continu. Des mouvements de panique nous conduiront à faire des réserves totalement disproportionnées et incohérentes d’aliments de première nécessité, variable subjective selon les familles : sucre en poudre, cornichons et café chez les uns, pastrami, mimolette et mayonnaise chez les autres.
On s’accoudera, comme l’exige la tradition, mais nos têtes reposeront sur des mains recouvertes de gants stériles. Les kippot endosseront une double fonction, religieuse et hygiénique, grâce à un élastique judicieusement placé sous le menton et derrière les oreilles, qui permettra de les faire glisser d’un seul mouvement du haut du crâne sur le visage, en guise de masque protecteur. Ah qu’on sera bien, libérés-délivrés du joug égyptien. Vivement l’automne et Souccot, qu’on installe des bulles stériles équipées de sas de décontamination dans nos jardins !