Sam Ruben peut dire qu’il vit de sa passion, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Il tient peut-être cela de son père, l’humoriste Richard Ruben, qui lui a transmis, confie-t-il, cette volonté de mener des projets de bout en bout, avec la satisfaction de les voir réussir.
Né à Bruxelles en 1996, dans une famille juive détachée de la religion, Sam Ruben a 4 ans lorsqu’il déménage à Paris, où se produit son père. Il y restera avec sa sœur de deux ans sa cadette et sa mère, Sylvie Poffé, jusqu’à ses 12 ans. S’il fête Noël avec ses parents, c’est avec ses grands-parents paternels, sépharades d’Egypte et ashkénazes de Suisse, qu’il renoue véritablement avec ses racines en célébrant les grandes fêtes juives. Sam fera sa bar-mitzva avec le rabbin Benizri, heureux d’apprendre l’hébreu, l’histoire du judaïsme et du peuple juif, et d’en savoir plus sur ses origines. « Nous nous sommes toujours sentis juifs, mon père en a souvent parlé dans ses spectacles, et c’est une appartenance dont je suis fier », affirme-t-il.
Rentré à Bruxelles avec sa famille, Sam tente les secondaires au Collège Cardinal Mercier, mais ne se retrouve pas dans cet enseignement et regrette la multiculturalité de ses fréquentations parisiennes. Il terminera ses études à l’Institut Saint-Luc avec bien plus de succès, et une grande distinction en graphisme qui lui donne enfin l’impression d’avoir trouvé sa voie : le cinéma. Alors qu’il vient d’entrer à l’INRACI, il enchaine les contrats professionnels et renonce dès lors à poursuivre ses études. « Le fait de créer quelque chose, de le présenter ensuite, cette satisfaction de partir de rien et de construire un projet en étant libre de travailler comme je l’entends, cela n’a pas de prix », confie-t-il, conscient que la responsabilité de ses succès comme de ses échecs repose sur ses seules épaules.
Etudiant-entrepreneur dès l’âge de 16 ans, Sam a très vite fait le choix de produire des clips musicaux pour des artistes de hip hop et de rap, en Belgique, puis rapidement en France, renforçant progressivement sa présence sur les plateformes en ligne et Youtube. Producteur, réalisateur, monteur, il profite de la réalisation de ses vidéos pour voyager, « découvrir d’autres cultures et… rencontrer des Juifs partout dans le monde », à New York récemment, mais aussi à Toronto, au Vietnam, en Côte d’Ivoire, et aux quatre coins de l’Europe.
L’inspiration, américaine
La production de clips pour le rappeur parisien Kalash Criminel, avec quelque 30 millions de vues, lui offrira une énorme visibilité, lançant un bouche-à-oreille bien nécessaire dans la profession, notamment auprès des maisons de disques. Ici, encore, la question de l’identité n’a jamais posé de problèmes. « Le milieu du rap est souvent associé aux banlieues, mais j’ai toujours assumé le fait d’être juif, je ne l’ai jamais caché, comme beaucoup de leurs avocats d’ailleurs ! On en rigole plutôt », affirme celui qui apprécie cette mixité culturelle. « Je travaille avec un Marocain et un Algérien. Chacun apporte sa vision sur le tournage et c’est ça qui est enrichissant. Le conflit ? On l’évite, ni eux ni moi n’avons la solution ni les clés pour en parler de façon constructive. Nous avons chacun notre opinion sur le sujet et ça ne va pas plus loin ».
En attendant l’ouverture de son studio vidéo/photo (prévue pour le mois d’avril), Sam Ruben travaille de chez lui, toujours aussi inspiré par la culture musicale américaine, « où se concentre la plus grande partie des réalisateurs (Colin Tilley, Zac facts…) », souligne-t-il. Créatif, mais aussi ambitieux, le jeune homme rêve de travailler un jour avec des artistes américains, avec à la clé, il le sait, des milliards de vues sur le Net. Pour partager avec eux ce qui sans conteste le singularise : une vision cinématographique léchée et poétique, la volonté de raconter une histoire, avec un traitement brut des images, sauvage. Wild Shot. Au-delà du « grand angle » avec lequel joue le nom de sa société, le message ne pouvait être plus clair.
Plus d’infos : directorsamruben.com