27/09/2024
Regards n°1076

David Banet, le maccabi c’est toute ma vie et jusqu’ 120 ans

David Banet est un homme enthousiaste. Il a commencé à jouer et joue toujours au football dans l’équipe de la communauté juive. « Le Maccabi, c’est toute ma vie », s’exclame-t-il, lorsque nous évoquons avec lui l’équipe où il a fait ses classes. « J’y ai joué de mes six ans jusqu’à vingt ans. Une fois que j’ai commencé et que j’ai été voir mes premiers matchs dans un stade, j’ai eu le coup de foudre et ça ne m’a plus jamais quitté. C’était le fait de pratiquer un sport collectif avec de belles valeurs, de jouer avec mes copains dans le cadre d’une institution communautaire qui m’ont plu. Ça restera ancré en moi, toute ma vie, jusqu’à 120 ans ! J’ai fait une petite pause, pendant mes études et j’y suis revenu maintenant que je suis marié et que j’ai deux petits garçons. J’ai d’ailleurs intégré le comité exécutif du Maccabi. » A 38 ans, patron d’un restaurant en semaine, il rechausse ses crampons dans une équipe de vétérans le week-end. Vous l’aurez compris, le foot est une passion pour David Banet. Passion que lui a communiquée son père et qu’il a, à son tour, transmise à son fils aîné de six ans qui a rejoint le club il y a un an. La boucle est donc bouclée.

Football et antisémitisme

Alors que l’affaire Noa Lang (jeune joueur du Club de Bruges qui a entonné un chant antisémite avec ses supporters) est encore dans tous les esprits, nous nous sommes demandé si le Maccabi, une équipe ouverte sur l’extérieur, connaissait des cas d’antisémitisme. Heureusement, la réponse que nous donne David est rassurante. « Les valeurs du Maccabi sont la tolérance, le respect et l’ouverture, explique-t-il. On y trouve un pourcentage élevé de jeunes enfants issus de notre communauté mais à côté de ça, c’est un club riche de différentes cultures, de différentes nationalités, on accepte tout le monde. Des gamins musulmans jouent chez nous et, ça n’a jamais posé le moindre problème. Au contraire, c’est un enrichissement. Nos enfants, en plus de l’éducation sportive qu’ils reçoivent de leurs entraîneurs diplômés, apprennent aussi nos valeurs, c’est fondamental pour pouvoir évoluer chez nous. S’il y a des problèmes lors des rencontres, ils sont exceptionnels. Et lorsque cela arrive, ça ne dégénère jamais parce que les enfants sont toujours bien encadrés. »

Dans le milieu et les clubs de foot professionnels, la situation est malheureusement différente. Les discriminations homophobes, le racisme, l’antisémitisme sont bien présents même si toutes les précautions sont prises aujourd’hui. Et ce n’est pas pour rien qu’en 2017 déjà, le CCOJB a réagi à un chant entonné par les supporters du même club de Bruges : « Qui ne saute pas est un Juif ». Charmant !  David nous explique que « Dans cette affaire-là, le CCOJB s’est battu pour poursuivre ces chants et pour faire reconnaître leur caractère antisémite alors que le club de Bruges les présentait comme du folklore. En soutenant devant la Cour Belge d’Arbitrage du Sport que certains chants d’un autre âge n’avaient plus de place dans les stades de football, le CCOJB a fait avancer les choses. Des textes de loi ont été adaptés. Poursuivre le Club de Bruges pour le chant de Noa Lang (« Plutôt mourir que d’être un Juif d’Anderlecht ») sera plus facile cette fois-ci. Un tribunal indépendant va être mis sur pied, et cela dans le prolongement de l’action du CCOJB. »

C’est pour éviter justement ce type d’affaire que la Royal Belgian Football Association (en collaboration avec ACFF et Voetbal Vlanderen) vient de mettre sur pied son Diversity Board. David Banet en fait désormais partie avec 13 autres candidats de diverses origines, tous experts dans le domaine de l’égalité des sexes, du racisme et de l’homophobie. Leur but : lutter contre la discrimination et le racisme. Ils auront un rôle de prévention, mais aussi de signalement des dérapages. Mais comment David Banet est-il arrivé dans ce Diversity Board ? « Je suis tombé sur une annonce et j’ai eu l’impression, qu’elle était faite pour moi, que c’était du sur-mesure, nous explique-t-il. Avec le Board je peux me battre pour une cause qui me tient particulièrement à cœur : lutter dans le football contre toute forme de discriminations, de racisme et d’antisémitisme. » La première réunion du Diversity Board a eu lieu au mois de juin. Quatre sont prévues par an. Souhaitons qu’il apporte la sérénité dans le monde du football.

Écrit par : Anne Rozenberg

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