Les motivations des grands producteurs juifs qui règnent sur Hollywood entre la fin des années 1910 et la fin des années 1950 sont étrangères à un quelconque « enjuivement » de l’industrie cinématographique. Non seulement ils n’ont jamais cherché à faire du cinéma américain un centre de diffusion de la culture juive, mais ils n’ont pas non plus placé dans leurs priorités la défense de la communauté juive des Etats-Unis, et encore moins la lutte contre l’antisémitisme.Immigrés ou fils d’immigrés d’Europe centrale, ces producteurs juifs issus de milieux très modestes ambitionnent de faire du cinéma plus qu’un simple divertissement, un véritable art de masse. Par ailleurs, ils sont animés d’un désir énorme d’assimilation à la société américaine. Au-delà de leur réussite économique, ils entendent pénétrer les hautes sphères de l’establishment qui leur sont fermées. A travers les films qu’ils vont produire, les producteurs juifs d’Hollywood déploient les efforts les plus soutenus pour adopter les valeurs traditionnelles américaines ainsi que celles véhiculées par l’establishment. Ils façonnent à Hollywood un empire à l’image même de l’Amérique telle qu’ils la rêvent, tout comme ils vont se modeler eux-mêmes à l’image de la bourgeoisie américaine. Hollywood devient donc le vecteur le plus important et le plus puissant de l’American Way of Life. Ce désir d’américanité et de respectabilité des producteurs juifs a pour effet de faire du cinéma américain la quintessence de l’Amérique, alors que précisément ces producteurs représentent tout sauf la quintessence de l’Amérique.
Hanoucca 5785 : La toupie, le hasard et notre refus de l’incertitude
À Hanoucca, une petite toupie tourne. Elle tourne entre les mains des enfants, des adultes, et elle semble, l’espace d’un instant, suspendre le temps. Sur ses quatre faces sont inscrites les lettres Noun, Guimel, Hé et Shin, formant l’acronyme de la phrase « Nes Gadol Haya Sham », « Un grand miracle a eu lieu là-bas ». Pourtant, lorsque la toupie s’arrête et tombe, personne ne peut choisir la face qui apparaît. Le hasard décide.