« Barbarie », c’est le mot qui revient sans cesse dans les conversations pour qualifier les pogroms du 7 octobre, nous explique Attar Ornan. Cette psychologue vivant à Jérusalem s’est immédiatement portée volontaire pour apporter un soutien aux familles endeuillées, recueillir leur parole et tenter de les apaiser. Mais qu’il est difficile d’exprimer l’indicible ! La nation tout entière est sous le choc, étranglée de douleur, hantée jour et nuit par le sort des otages. Avec ce sentiment si pesant que nulle part le peuple juif n’échappe à son destin. Par quelle absurdité pourrait-on reprendre le cours normal de la vie quand la tragédie a frappé et que la guerre menace à vos portes ? Et pourtant, les Israéliens s’activent, mobilisés comme jamais. C’est la grandeur du peuple d’Israël, dit-on. L’humanité face à la barbarie.
Les Israéliens ont réussi en quelques heures à lever des armées de volontaires. Rien à voir avec Tsahal. De façon remarquable, l’entraide emprunte les mêmes réseaux que ceux des manifestants opposés à la refonte judiciaire. Ils sont déjà pleinement engagés sur le terrain et communiquent depuis des mois dans des groupes sur les réseaux sociaux. Leur mobilisation s’est faite instantanément. « Je passais dans la rue à Jérusalem le lendemain des atrocités dans le Sud et j’ai vu une annonce concernant un centre pour le volontariat », se rappelle Attar. « Je suis entrée et j’ai vu qu’il y avait des centaines de gens, avec beaucoup de jeunes. Tous les mouvements qui organisaient les manifestations de protestation à Jérusalem depuis neuf mois étaient à l’œuvre. Ils ont l’habitude de travailler ensemble et sont très bien organisés. Priorité était donnée à la collecte de nourriture pour les gens du Sud et les soldats. Deux jours plus tard, ils ont diversifié l’aide : des vêtements, un logement pour ceux qui n’ont plus de toit, des baby-sitters pour les familles, ou encore du soutien psychologique. Évidemment, j’ai proposé mon aide. »
Les dons affluent de tout le pays, plus émouvants les uns que les autres. On trouve des jouets, du lait maternel à destination des bébés qui ont perdu leur mère ou encore des chaises pour la shiva (période de deuil de sept jours). Les anciens manifestants ont activé leurs réseaux pour distribuer des repas chauds aux blessés dans les hôpitaux. À Tel-Aviv, l’immense parking souterrain du parc des Expositions est investi par les Frères d’armes, ces réservistes opposés au coup d’État judiciaire du gouvernement Netanyahou. On y trouve réparti comme dans un entrepôt Amazon tout ce dont une famille a besoin quand il lui faut repartir de zéro : des chaussures, des tubes de dentifrice, des ustensiles de cuisine et autres lave-linges.
Chaînes de solidarité
Entre les survivants des pogroms des kibboutzim, les évacués du Sud fuyant les roquettes du Hamas et ceux du Nord exposés aux missiles du Hezbollah, ce sont près de 200.000 personnes qui ont quitté leurs foyers. Beaucoup sont accueillies à l’hôtel. « Je m’occupe des familles évacuées de Sderot. Elles sont dans une situation beaucoup plus difficile que celles venues des kibboutzim », me confie Osnat, une psychologue pour enfants, « car elles n’ont pas de communauté autour d’elle pour les soutenir ». Personne n’est mis de côté et rien n’est laissé au hasard. Ami Dror, l’un des leaders du mouvement pro-démocratie, a sollicité ses collègues de la high-tech pour soutenir les 360.000 réservistes mobilisés. Ses bureaux ressemblent à une ruche vrombissante : là on collecte les batteries de téléphone portable, ici on gère des stocks de cigarettes, plus loin on distribue des bandelettes de sparadrap qui pourront servir de garrot. Des ingénieurs ont mis leurs talents au service des équipes médico-légales chargées d’identifier les corps, le monde du cinéma réalise gracieusement des clips pour les familles des otages et les musiciens de Koolulam montent une gigantesque chorale à travers le monde pour appeler à leur retour.
Quand il a fallu nourrir les animaux des kibboutzim et s’occuper des champs désertés par les travailleurs étrangers, les Frères d’armes se sont transformés en Frères à la ferme. Orli Elias, une graphiste, est devenue experte en récolte des ananas ; Roi Kozlovski, le directeur de l’école d’architecture de l’Université de Tel-Aviv, s’est mis à la cueillette des salades. Le parc des Expositions a ouvert une nouvelle halle de fruits et légumes et, en quelques heures, les agriculteurs menacés de faillite ont pu écouler leurs produits. Parmi ceux venus prêter main-forte pour décharger des cageots, on pouvait croiser l’ancien Premier ministre Yaïr Lapid, grand rival de Netanyahou.
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Les manifestants qui battaient le pavé, drapeau bleu-blanc en main pour défendre la démocratie, se révèlent, s’il en était besoin, plus patriotes que le gouvernement. Celui-ci a totalement disparu des radars. Évaporés les ministres agitateurs prêts à enflammer n’importe quel débat. Silencieuses les passionarias de droite si promptes à communiquer. Une caricature d’Amos Biderman parue dans Haaretz le 9 octobre montre tous les ministres du gouvernement planqués sous la table. À commencer par le Premier d’entre eux. Netanyahou a mis six heures avant de s’adresser à la nation après l’attaque du Hamas. Il a attendu une semaine avant de se rendre au kibboutz Beeri, et encore était-ce pour y rencontrer des soldats et non les familles des victimes.
Les Israéliens se sont sentis si vulnérables, abandonnés par un leadership défaillant, que leur seul espoir est venu de Washington. Le 10 octobre, Joe Biden a prononcé un discours puissant, trouvant les mots justes pour réconforter une nation endeuillée tout en l’assurant du soutien de son allié. Le journaliste Ben Caspit relate sur X qu’au QG du commandement central de Tsahal, à Tel-Aviv, beaucoup d’officiers l’écoutaient en larmes. Netanyahou et son épouse Sarah, pédopsychiatre de formation, auraient pu se rendre au chevet des blessés. Ils n’ont pas franchi la porte des hôpitaux. La raison est simple : ils auraient été conspués. « Vous avez du sang sur les mains ! », hurlent les familles meurtries aux rares représentants du gouvernement qui pointent le bout du nez. L’entrepreneur multimillionnaire Eyal Waldman, dont la fille Danielle a été tuée dans la rave party, n’hésite pas à diffuser le portrait de Netanyahou couvert d’une main ensanglantée.
Incurie de l’État
Après la guerre du Kippour, Golda Meir a été poussée à la démission sous la pression populaire tandis que Moshe Dayan, héros déchu, fuyait les commémorations de peur d’être vilipendé par les foules. Netanyahou n’en est pas là, lui qui refuse de reconnaître sa part dans la tragédie. Il a agrandi sa coalition et élargi le cabinet de guerre à deux anciens chefs d’état-major, Benny Gantz et Gadi Eisenkot, pour mieux diluer les responsabilités. L’État n’en reste pas moins scandaleusement absent. Plusieurs semaines après le choc de l’attaque du Hamas, le gouvernement semble toujours paralysé. « Le volontariat ne peut pas être le plan d’action du gouvernement » fustige, dans Calcalist, Yarden Mendelson, médecin dans des services psychiatriques. Alors que l’économie tourne au ralenti, les fonds d’aide peinent à être débloqués.
Le 20 octobre, le ministre des Finances, l’ultranationaliste Bezalel Smotrich, a présenté un plan global d’urgence. Il prévoit notamment des subventions à hauteur d’un peu plus d’un milliard d’euros pour les entreprises de l’enveloppe de Gaza. « Les responsables du ministère des Finances ne comprennent pas que nous sommes en guerre ! », a déploré une semaine plus tard son collègue, le ministre de l’Économie, Nir Barkat. Et de présenter son propre plan, élargi à l’ensemble du pays et des travailleurs. En attendant, c’est la société civile qui supplée l’État défaillant.
Front uni
Les Israéliens font bloc dans la guerre. De ce point de vue, la résilience juive est une force trop souvent ignorée par l’ennemi. Elle permet à ce peuple, hier encore déchiré sur la refonte judiciaire, de se retrouver sous la bannière bleu-blanc. « En avant, tous les réservistes : les ‘anarchistes’, les ‘pro-Bibi’, les ‘traîtres’, les ‘messianiques’, les ‘planteurs de couteau dans le dos’, les ‘fossoyeurs de la démocratie’, le ‘Premier Israël’, le ‘Second Israël’… », ironisent les comédiens de l’émission Eretz Nehederet sur la très populaire chaîne 12, en reprenant tous les jurons que les Israéliens se sont lancés à la figure pendant des mois. L’heure est aujourd’hui à l’union.
Tout n’est pas rose, évidemment. Les querelles politiques ressurgissent çà et là. Les gens ont les nerfs à vif. Quelques va-t-en-guerre osent reprocher aux familles des otages de demander une trêve humanitaire pour faire sortir leurs proches de l’enfer de Gaza. Le plus difficile reste la cohabitation entre Juifs et Arabes. Certaines mamans retirent leurs bambins des crèches où travaillent des nounous arabes, on a vu de violentes disputes éclater dans les magasins entre clients juifs et employés arabes israéliens.
« Nous avons un nouveau monde à construire. Nous avons une nouvelle israélité qui doit naître d’un sol imbibé de sang », écrit Yaïr Lapid. « Nous l’avons déjà fait. Après la Shoah, après la guerre du Kippour, après le meurtre de Rabin. Nous nous étions dit que c’était fini, et il s’est avéré que ce n’était pas le cas. » Chaque fois, le peuple d’Israël s’est relevé. Aujourd’hui encore il montre qu’il est vivant.
C’est grâce à de véritables dieux, comme Monsieur Simon Bretholz, que de tels actes de solidarité ont été rendus possible.
Je suis particulièrement fier de compter parmi ses amis.
Je lui ai proposé de se présenter aux prochaines élections pour la Knesset et m’engage dès à présent à faire du lobbying parmi les juifs originaires de Belgique pour qu’il soit élu et honore la Knesset de sa présence.
Son ami Didier
Didier,
Notre communauté a la chance d’avoir en son sein de nombreux psychiatres compétents que je vous invite à consulter au plus vite tant ce que vous écrivez est débile. Elever le monsieur au rang de dieu. Personne n’avait encore osé aller jusque là. Cela décrit la personne malade que vous devez être.
Celui que vous citez n’a pas plus de mérite qu’un autre. J’ai été consulté sa page facebook et je trouve au contraire qu’il se met beaucoup trop en avant que cela en devient douteux quant au but poursuivi.
Sara
Et pourquoi pas le prix Nobel tant qu’à faire ?
Vous delirez mon cher.
Sarah a raison. Vous devez consulter au plus vite.
Cordialement
David Cohen