On sait, depuis les années 1960 et les expériences de Milgram, que certaines situations, bien que graves, peuvent parfois provoquer l’hilarité. Ces rires nerveux constituent en réalité une réaction physique au stress, à la tension, à l’anxiété. Ils expriment l’embarras, le malaise ou la confusion de la part d’un individu, plutôt que l’amusement, allant parfois paradoxalement jusqu’au franc fou-rire maniaque. C’est l’effet qu’a déclenché chez moi la déclaration du Comité International de la Croix-Rouge après 492 jours de captivité des 76 otages encore détenus par le Hamas à Gaza. En substance, le CICR a évoqué « l’urgence d’avoir accès aux otages avant leur libération pour s’assurer de leur bien-être », après qu’Eli Sharabi, Or Levy et Ohad Ben Ami sont sortis des tunnels de la mort dans un état qui ne peut que rappeler celui d’autres, sortis 80 ans auparavant des camps du même nom.
Tandis, donc, que des dépravés sadiques déguisés en Tortues Ninjas sous PCP matraquent, affament, enchaînent, encagent, pendent par les pieds et torturent psychologiquement d’autres êtres humains depuis seize mois, des gens dont le métier, « la mission, le mandat et les principes », consistent fondamentalement à empêcher, dénoncer et à tout le moins écourter ces horreurs se réveillent après presque 500 jours de coma pour parler « d’urgence ». Ils se plient aux mises en scène de plus en plus macabres des terroristes lors de chaque remise d’otages, signent des certificats sans valeur, serrent des mains sans honneur, se contentent de conduire comme d’ordinaires chauffeurs, mais font mine de s’affoler, après presque un an et demi, comme s’ils avaient été ramenés à la vie par un choc de défibrillateur. Depuis 70 semaines, plus on la presse de s’affirmer et de se montrer à la hauteur de ses prétentions, plus la Croix-Rouge confirme son inutilité et son indignité. Sous l’onglet « Notre histoire » du site Internet du CICR, le paragraphe consacré à la Seconde Guerre mondiale force à la relecture : « C’est aussi à cette période que le CICR connaît son plus grave échec : son inaction face aux victimes de l’Holocauste et à d’autres groupes persécutés (surtout ne dites pas « Juifs »). Il se montre incapable de prendre des mesures décisives ou de s’exprimer ouvertement. »
Vivement qu’on assiste à l’effondrement final de cette organisation purulente qui a fait défaut à l’humanité au moins deux fois en moins d’un siècle. Comme l’UNRWA, dont des employés ont kidnappé des otages ; comme l’UNRWA, dont des bâtiments ont servi de lieu de séquestration, la Croix-Rouge s’est révélée complice des crimes du Hamas et du Jihad islamique depuis le premier jour, au mieux par son inaction flagrante travestie en neutralité. Le 17 décembre 2023, Malki Shem Tov remettait en mains propres à la Présidente de la Croix-Rouge Internationale, Mirjana Spoljaric, l’inhalateur anti-asthme de son fils Omer, enlevé au festival Nova le 7 octobre. Il ne l’a jamais reçu, malgré l’engagement public du CICR « de protéger les personnes placées sous sa responsabilité ». Après ce miracle de résurrection tardive et partielle, on peut peut-être espérer le réveil de l’UNICEF vis-à-vis de Kfir et d’Ariel Bibas.