Souccot

La fête des cabanes

1109 Carnet de cuisine illu
Une cucurbitacée sur la table de Souccot
Carnet de cuisine.
Regards
Michèle Baczynsky
Carnet de cuisine
Savez-vous manger les choux, à la mode "holishkes" ?
Matthew Goodman, chroniqueur culinaire au Forward, a, un jour écrit, qu’à l’image des Esquimaux qui possèdent un large vocabulaire pour parler de la neige, il en est de même, chez les Juifs, avec les feuilles de chou farcies.
Regards
Michèle Baczynsky
Visu Site Une (13)
Souccot 5784
Culture

Pratiques & Symboliques

En souvenir des tentes dans lesquelles les enfants d’Israël ont vécu, une fois la liberté obtenue, au sortir du pays d’Égypte, nous mangeons et/ou dormons dans une cabane la semaine de Souccot.  Le fait de dormir et passer du temps dans sa cabane, nous rappelle la fragilité, le côté éphémère de nos vies et de nos possessions. Cette précarité rappelle aussi la condition juive et son exil.

A Souccot, on construit une cabane ou une tente que l’on décore de plantes, de fleurs et de fruits. Les gens les construisent dans leur jardin, sur leur terrasse et même sur un balcon ! C’est une obligation religieuse (mitsva) de manger, boire, dormir si possible dans la soucca. Il y doit y avoir un trou au plafond pour pouvoir voir le ciel, mais que lors du zénith, l’ombre soit plus importante dans la soucca que le soleil, apportant un abri symboliquement jamais complet.

On construit la soucca:

Cabane dans laquelle les juifs sont invités à siéger pendant la période la fête, elle peut être construite de n’importe quels matériaux à condition que son toit (le s’khakh) soit composé d’éléments végétaux (le plus souvent en branches de palmier ou de bambou). Elle est souvent décorée, de lumière, de dessin par les enfants, de fruits le plus souvent pour souligner le caractère agricole de la fête. Si les préconisations religieuses recouvrent le fait d’y manger, étudier et dormir, le plus souvent seuls les repas y sont pris, particulièrement dans la région où le climat ne permet pas d’y passer la nuit.

Le loulav :

Faisceau composé des 4 espèces de plantes suivantes:

  • Loulav : palmier dattier
  • Aravah : le saule
  • Hadass : le myrte
  • Etrog : le cédrat

 

Chaque soir durant la semaine de Souccot on l’agite dans les 6 directions : nord, sud, est, ouest, haut, bas.

 Selon l’interprétation kabbalistique, ces quatre espèces représentent les quatre catégories qui constituent le peuple d’Israël.

  • Le palmier donne des fruits comestibles mais n’a pas de parfum : il représente le juif qui pratique en toute simplicité, sans étudier.
  • Le saule n’a ni fruit, ni parfum : il représente le juif qui ne pratique pas et n’étudie pas.
  • Le myrte ne donne pas de fruit mais un bon parfum : il représente le juif qui étudie, mais ne pratique pas.
  • Le cédratier (arbre fruitier donnant l’étrog) possède fruits et parfum : il représente le juif qui pratique et étudie.

Contexte socio-culturel

Souccot est une fête des récoltes ; comme de nombreuses fêtes du calendrier hébraïque ( Hanoucca, Tou Bichvat, Chavouot ) sa célébration était probablement antérieure à la venue des Hébreux en Canaan.

Elle marque la fin du cycle agricole annuel.

Elle marque la domestication par l’homme de son environnement, on pense, symboliquement, au passage entre le paléolithique et le néolithique. Les Hébreux durant cette période d’errance dans le désert vivent tels des chasseurs/cueilleurs avant leur arrivée et leur installation en Canaan. Installation qui se caractérise par une organisation nouvelle de sa société, de son expansion et de ses modes de gouvernance.  

Elle est l’occasion pour nous de   

  • Se souvenir de notre liberté et des conditions qu’elle importe. En effet, ceux qui suivirent Moïse abandonnèrent aussi leur statut d’esclaves. Leur premier acte d’hommes libres est de renoncer à l’assurance d’une pitance quotidienne, au prix de leur dignité, pour saisir une liberté payée au prix de la précarité, sous des tentes, se nourrissant grâce à la manne (en un quasi-retour au statut de chasseurs/cueilleurs)
  • Se souvenir de nos interdépendances, de nos responsabilités envers les autres et envers celles et ceux qui nous succèderont. L’exil des hébreux dans le désert pendant 40 ans est symbolique au sens où ce périple fait partie de la construction du peuple juif. Aucun ancien esclave d’Egypte n’entrera en terre promise, les obstacles franchis par eux le furent pour leur liberté mais également pour celle des générations à venir, d’où le rôle primordial de la transmission, de la mémoire et de la responsabilité.
  • Se souvenir de notre dépendance aux cycles de la nature (Tefilat HaGuéchem, la « bénédiction pour la pluie » récitée lors de la fête de Chemini Atseret, qui suit Souccot, symbolise la reprise du cycle de l’eau en automne). La période de Souccot, comme celle de Tou Bichvat, célèbre aussi la nature et nous pousse à penser à ceux qui viendront après nous et au monde que nous leur laisseront. Si nos responsabilités sont envers nos prochains elles sont aussi envers notre écosystème, pour que ceux qui nous succèderons sur les chemins futurs puissent aussi profiter de ses bienfaits.

Souccot nous rappelle que ce qui nous construit, nous émancipe et nous rassemble, nos réalisations comme nos épreuves, sont les parties de notre histoire mais aussi de celle des générations futures, des pierres de mémoire laissées dans la conscience collective. 

Hag Sameah !

Recette de Michèle Baczynsky

Bocca di dama

Les juifs vécurent paisiblement durant plus de 15 siècles en Sicile. Ils y cultivaient, entre autres, des citrons, des oranges, des cédrats pour la fête de Souccot, mais en 1492, ils furent contraints de remonter vers le nord de la péninsule pour échapper à l’inquisition. A cette époque, la Sicile était sous domination espagnole. Ils se dispersèrent aux quatre coins de l’Italie, en y apportant des pâtisseries à base d’amandes, le massepain, d’origine arabe, les aubergines, le fenouil et les agrumes.

Ingrédients

  • 6 gros œufs
  • 150 gr de sucre
  • 250 gr d’amandes blanches entières (ou finement moulues si l’on ne possède pas de moulin électrique)
  • 1 pincée de sel
  • Le jus de 2 gros citrons (bio de préférence) + leur zeste finement râpé
  • Feuille de papier sulfurisé
  • 1 poignée d’amandes effilées ou du sucre glace pour décorer (optionnel)

Préparation

  • Moudre finement les amandes
  • Séparer les blancs d’œufs des jaunes que vous mélangerez avec le sucre, les amandes moulues, le sel, le jus de citron et le zeste.
  • Battre les blancs en neige.
  • Incorporez-les à la préparation et mélangez jusqu’à obtenir un mélange crémeux.
  • Préchauffez le four à 180 degrés.
  • Versez la préparation. Enfournez.
  • Vérifier la cuisson au bout de 30 minutes avec une allumette.
  • Idéalement, le temps de cuisson : 1h

Esc pour fermer

22
Le kubbeh bamya : un ragoût d’okras avec des kubbeh
Carnet de cuisine Okra est le nom donné aux États-Unis à ce légume conique et iconique. Appelé aussi bamya au(...)
Michèle Baczynsky
Vie Juive
Visuel Utick 2024-2025 (11)
Retracer la mémoire invisible de la Shoah
L’exposition Archives du paysage s’efforce de redonner une existence aux victimes juives anonymes de la Shoah en Pologne, assassinées en(...)
Pierre Briand
Mémoire, Culture
13
Olivier Barrot, Portrait d’Itkine, Éditions Gallimard, 120 p.
Je lis, tu lis, ils écrivent par Henri Raczymow
Henri Raczymow
Culture
14
Jean-Claude Grumberg, Quand la terre était plate, Seuil, Éditions La librairie du XXIe siècle, 156 p.
Je lis, tu lis, ils écrivent par Henri Raczymow On ne présente plus cet auteur de célèbres pièces de théâtre,(...)
Henri Raczymow
Culture, Mémoire
2
Que faire des Juifs ?
Joann Sfar arpente l’histoire juive, l’antisémitisme et son propre héritage familial dans Que faire des Juifs ? (Éditions Les Arènes(...)
Roland Baumann
Antisémitisme, Culture
Visuel regards 2024-2025
Le livre de ma mère d’Henri Raczymow
Chroniqueur littéraire à Regards et auteur de romans, de récits et d’essais, Henri Raczymow a publié, fin 2024, Variations pour(...)
Régina Zylberberg
Culture