L’Institut d’histoire sociale de Gand, Amsab-ISG, a inauguré un site web sur les volontaires partis de Belgique défendre la République espagnole, dont de nombreux Juifs
Brigadistas from Belgium offre une base de données sur les « brigadistes » qui ont rejoint les Brigades internationales et d’autres milices en Espagne. En 1975, l’historien Rudi Van Doorslaer découvre les dossiers de ces volontaires à Salamanque dans les anciennes archives de la police secrète de Franco. Il mène alors une recherche d’archives et d’histoire orale de longue durée sur les brigadistes partis de Belgique et en particulier sur les volontaires juifs. François Van Pelt a complété récemment cette patiente collecte de données à l’aide des dossiers de brigadistes établis à Albacete, la base des Brigades, et conservés actuellement à Moscou. Brigadistas from Belgium ne concerne les combattants, et aussi les volontaires pour des tâches civiles, médicales, etc. La base de données reprend les informations suivantes : nom et prénom, date et lieu de naissance, sexe, adresse, profession, date d’arrivée en Espagne, éventuelle mort au combat et date du décès, date de départ, état civil, appartenance à un parti politique ou syndicat, nationalité, région (Bruxelles, Flandre, Wallonie, Grand-Duché de Luxembourg), grade dans les Brigades, et sources consultées.
Dès son déclenchement, le conflit espagnol mobilise l’opinion publique internationale. En Belgique, les partis de gauche et syndicats soutiennent la République et mènent des actions de solidarité, comme l’accueil de centaines d’enfants de guerre. Quelque 1.600 Belges et 800 étrangers résidant dans notre pays partent en Espagne, dont près de 200 Juifs. Rudi Van Doorslaer et Sven Tuytens, (Israël Piet Akkerman. Van Antwerpse vakbondsleider tot Spanjestrijder. De Algemene Centrale ABVV Antwerpen-Waasland, 2016) ont retracé le parcours des frères Akkerman, Emiel et Israël ´Piet´, nés à Anvers de Juifs polonais et élèves de l’Athénée royal d’Anvers. Membres de l’organisation scout Bar Kochba, ils sont du noyau fondateur de l’Hashomer Hatzaïr. Devenu citoyen belge, Emiel se signale comme « agitateur communiste » durant la grève des ouvriers textiles à Roubaix-Tourcoing (1931), ce qui vaut ensuite à Piet le rejet de ses demandes de citoyenneté par les autorités belges. En 1934, Emiel épouse Feigla « Vera » Luftig, rencontrée au Kulturfarein, l’association culturelle juive communiste. Piet est en tête des ouvriers du diamant grévistes en 1935-1936.
Les « mamàs belgues » de l’hôpital d’Ontinyent
En octobre 1936, Emiel, puis Piet, quittent Anvers et rejoignent les Brigades internationales. Emiel périt dans les combats de la cité universitaire à Madrid, fin novembre. Nommé commissaire politique, Piet meurt le 1er janvier 1937, en patrouille sur le front de Guadalajara. Vera Luftig et ses sœurs, Golda et Rachel, seront infirmières au nouvel hôpital militaire d’Ontinyent, entre Valence et Alicante, créé par l’Internationale socialiste des travailleurs et la Fédération internationale des syndicats, à l’initiative du docteur Albert Marteaux et du Parti ouvrier belge. Une des galeries photos du site Brigadistas from Belgium montre des combattants juifs. Une autre immortalise les « mamàs belgues » de l’hôpital d’Ontinyent. Un cliché pris le 1er mai 1937, Place de Catalogne, à Barcelone, montre le groupe de ces volontaires juives d’Anvers et de Bruxelles, dont les sœurs Luftig (au centre de l’image : Golda, assise, Vera, en robe blanche, à côté de Rachel) et aussi Lya Berger, l’amie de Piet Akkerman. Le lendemain, elles seront à Ontinyent : première station d’un long combat contre le fascisme et pour la vie..






