Whoopi Goldberg, la Shoah et le racisme

La Rédaction
Dans l’émission The View qu’elle co-anime sur ABC, l’actrice Whoopi Goldberg a déclaré que « l’holocauste n’est pas une question de race ». Des propos qui ont entraîné sa suspension de l’antenne et suscité l’indignation des Juifs. Consciente d’avoir tenu des propos inacceptables, elle a présenté ses excuses.
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L’actrice afro-américaine Whoopi Goldberg co-anime le talkshow The View sur ABC. Lors d’une séquence consacrée au retrait de la bande dessinée Maus par une école du Tennessee, Whoopi Goldberg, condamnant fermement cette décision absurde et prenant la défense de son auteur Art Spiegelman, s’est pris les pieds dans la tapis en déclarant toutefois que l’Holocauste n’était « pas une question de race, c’est une question d’inhumanité des hommes envers les hommes ».

Sur le plateau, ses interlocutrices lui ont immédiatement fait remarquer que « les Juifs étaient considérés comme une race inférieure » et qu’il s’agit de « la suprématie blanche. Il s’agit de s’en prendre aux Juifs, aux Tsiganes et aux Roms ». La comédienne afro-américaine a alors rétorqué qu’il était question de « deux groupes blancs de personnes ».

Suite à cette sortie, la chaîne ABC News a décidé de la suspendre d’antenne pendant deux semaines, lui demandant de « prendre le temps de réfléchir et d’apprendre ». Ce qu’elle a d’ailleurs fait en commençant par présenter ses excuses sur Twitter : « J’aurais dû dire que c’était lié aux deux ». Et d’ajouter : « Comme l’a dit Jonathan Greenblatt de l’Anti-Defamation League, l’Holocauste a été la destruction systématique par les nazis du peuple juif, qu’ils considéraient comme une race inférieure. Les Juifs du monde entier ont toujours eu mon soutien et cela ne changera jamais ». Et de conclure en présentant ses excuses : « Je suis désolée que mes mots aient causé cette souffrance ».

Cet incident n’est pas anodin et elle n’est pas la première personnalité noire à s’appuyer sur la notion de race pour affirmer ensuite que la Shoah ne s’inscrit pas dans le cadre d’une politique et d’une idéologie raciale.

Dans son essai Racisme, mode d’emploi (2011), la militante française Rokhaya écrit que « L’antisémitisme nazi a une particularité : il ne sert jamais à justifier une domination ou l’exploitation d’autres peuples »., Et notre entrepreneuse antiraciste de poursuivre : «L’idéologie nazie, si elle a prêté aux Juifs les caractères négatifs que l’Eglise leur avait déjà associés… ne leur a jamais attribué de caractéristiques inférieures, au point de les dire rusés voire plus intelligents que la moyenne – à l’inverse des Tziganes, des homosexuels et des personnes handicapées, eux aussi déportés mais perçus comme des populations nuisibles ou malsaines ».

On pensait sincèrement la question réglée depuis plus de 85 ans, depuis les fameuses lois antisémites de Nuremberg et les conséquences fatales à sept chiffres pour les Juifs. Mais non ! Rien n’y fait : les six millions de Juifs assassinés par les nazis n’en font toujours pas des « racisés ».

En réalité, les nazis définissaient les Juifs en tant que « race ». Ils expliquaient tout un éventail de stéréotypes négatifs sur les Juifs et le comportement « juif » par un patrimoine biologique inchangé qui avait poussé la « race juive » (et d’autres races) à lutter pour leur survie en se développant aux dépens des autres.

Hitler et le parti nazi définissaient leurs ennemis raciaux de façon claire et sans équivoque : le peuple juif restait l’ennemi principal, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Allemagne. Leur patrimoine génétique prétendument racial et inférieur était à l’origine des systèmes d’exploitation capitalistes et communistes que le nazisme combattait. Dans leur quête d’expansion, les Juifs avaient promu et utilisé ces systèmes de gouvernement et d’organisation étatique, notamment les constitutions, les proclamations de l’égalité des droits et la paix

internationale, pour ébranler la conscience raciale des races supérieures — telles que la race allemande — et permettre la dilution du sang supérieur par l’assimilation et les mariages mixtes.

Les Juifs utilisaient les outils qu’ils contrôlaient ou qu’ils pouvaient manipuler, comme les médias, la démocratie parlementaire (en mettant l’accent sur les droits individuels) et les organisations internationales dédiées à la réconciliation pacifique des conflits nationaux, pour faire avancer leur expansion biologique dans le but de devenir une puissance mondiale. Selon Hitler, si l’Allemagne n’agissait par fermement contre les Juifs, à l’intérieur du pays comme à l’étranger, les hordes de Slaves et d’Asiatiques barbares que les Juifs auraient réussi à mobiliser allaient anéantir la race « aryenne » allemande.

En vertu de leur supériorité raciale, les Allemands avaient le droit et le devoir, selon Hitler, de prendre les territoires de l’est aux Juifs et à leurs marionnettes slaves et « asiatiques ». Les Juifs sont perçus comme une menace car, selon les nazis, c’est la seule « race » capable de rassembler les races inférieures en une idéologie bolchevique-communiste brutale (idéologie biologique propre au peuple juif).

Afin d’éliminer cette iéldéologie dangereuse à la survie du peuple allemand, il fallait éliminer le peuple juif, qui en était foncièrement le porte-drapeau. Il fallait que les « Aryens » allemands éliminent les Juifs, faute de quoi le peuple allemand risquait lui-même de disparaître. Voilà pourquoi la liquidation des Juifs d’Europe est un projet antisémite résolument raciste.

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