Souccot 5784

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Une lecture des défis contemporains à la lumière d’une mémoire commune

Souccot nous enseigne les fruits du temps long. Tout comme l’exil dans le désert des hébreux dura 40 ans pour accoucher d’un peuple, nos combats, nos actions et nos engagements sont muris sur le long cours, et se doivent de refléter des changements durables. Nos réflexions ne peuvent pas être de court terme ou opportunistes, sinon les changements qu’elles proposent ne pourront être réellement efficaces.

Souccot nous appelle à l’hospitalité et à la solidarité. En construisant nos propres Souccot, imitations des abris temporaires aux murs et aux toits ouverts et sous lesquelles nous devons inviter voisins et amis, nous nous rappelons qu’accueil, partage et solidarité sont des devoirs. L’écho particulier de ce devoir prend forme cette année encore dans l’attention que nous devons porter aux exilés. Celles et ceux qui meurent sur les routes migratoires aux frontières de l’Europe doivent être protégés et accueillis, c’est notre devoir en humanité et en tant que Juifs que de rappeler ce devoir d’hospitalité.

Souccot questionne notre confort de vie. L’aspect individualiste de nos sociétés tend à gommer nos élans de solidarité. Nous rappeler que le fait d’être à l’abri n’est jamais totalement acquis nous permet de rester accessibles aux besoins de l’Autre et sensibles à ses souffrances. Nous devons voir et entendre les plus vulnérables et les plus soumis aux insécurités sociales, énergétiques et alimentaires, au risque de créer des fractures indépassables. Le silence n’est pas une option juive.

Comme les quatres espèces (arba’at haminim) qui rassemblées constituent le peuple juif dans toutes ses différences, nous tirons comme enseignement de Souccot que nos différences, voir nos oppositions, ne constituent jamais de motifs légitimes d’exclure l’Autre de l’espace commun, de le priver de sa dignité ou de sa liberté. Il est de notre devoir de Juifs humanistes que d’affirmer notre solidarité envers toutes celles et ceux qui subissent des discriminations. Nos sociétés ne sont pas complètes sans eux, toutes et tous doivent être reconnus dans leurs différences.

Enfin, Souccot convoque notre mémoire. La fête nous ramène aux origines de l’unité du peuple juif, aux épreuves surmontées pour parvenir à cette construction. Si nous connaissons et nous souvenons du chemin parcouru, alors plus clair est celui qui se dessine devant nous. Le récit mythologique biblique nous rappelle que cette identité Juive se construit dans l’adversité. Aujourd’hui encore, la haine antisémite s’exprime trop souvent. Soyons fidèle à notre mémoire par notre vigilance et notre action contre celle-ci.

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