La fée Viviane*

Joel Kotek
L’humeur de Joël Kotek
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Tandis qu’il y a dix ans, en plein cœur du Sablon, un jeune musulman fanatisé assassinait au hasard quatre individus du seul fait de leur supposée judéité, notre pays semble n’avoir toujours pas pris la mesure des menaces qui pèsent sur les Juifs de Belgique. Un seul exemple, notre gouvernement, secrétaire d’État Ecolo en tête, se refuse toujours avec obstination à nommer un coordinateur de lutte contre l’antisémitisme.

Le plus curieux est que cette posture semble partagée par les responsables du Musée juif de Belgique, plus que jamais adeptes de la méthode Coué. Comme le confirme la cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat. Je cite la dépêche Belga : « Non, cet acte n’était pas essentiellement antisémite », a nuancé le président du Musée juif, Philippe Blondin. « Il y avait de l’antisémitisme, mais il s’agissait aussi d’attaque notre culture, notre civilisation, notre intelligence et notre vivre-ensemble », a-t-il précisé, sans nommer le coupable Mehdi Nemmouche, comparé à « une machine programmée pour tuer, un robot dépourvu d’humanité ». Commentaire d’un ami parisien : « À suivre son raisonnement, l’attentat contre l’Hyper Cacher de Paris serait aussi une action contre la malbouffe. »

Et que dire de l’interview exclusive accordée au Soir par la directrice du Musée, Barbara Cuglietta, qui se rengorgea « du dialogue entamé par le musée avec les communautés arabo-musulmanes », rappelant (on imagine des étoiles dans les yeux) « les Iftars (rupture du jeûne pendant le mois de ramadan) organisés ensemble, ces grands moments de fête collectifs ». Un Iftar, fort bien mais pourquoi pas organiser un… Seder de Pessah ? Trop juif ? Évidemment, il n’y a pas lieu de contester la politique d’ouverture du Musée juif de Belgique. Encore faudrait-il songer à mieux choisir ses partenaires, pour aller à l’essentiel, convier plutôt des musulmans laïques et/ou modérés (cela ne manque pas à Bruxelles) que des partisans de l’Islam politique et de l’antisionisme rabique. On peut difficilement imaginer meilleure opération de blanchiment pour tous ces tenants de la disparition d’Israël ?

Ne serait-il pas temps pour les responsables du musée d’opérer une révolution copernicienne (je n’oserais dire de remiser certaines de leurs idées au musée) ? Mais comment l’espérer si l’on songe que vous avez confié votre service pédagogique à des proches de l’UPJB et son tenant néerlandophone ? Ces questions sont loin d’être anodines dans la mesure où le musée va se transformer de fond en comble. Bravo, mais sur quelles assises ? Allez-vous faire de l’histoire (évoquer l’apport des Juifs à la Belgique mais aussi l’affaire de la profanation des hosties qui entraîna en 1370 la fin de la présence déjà rare des Juifs dans le Brabant, et encore la chasse aux Juifs durant la Shoah) ou persévérer dans le mythe, le « plaire à tout prix » ? Je cite à nouveau la directrice du Musée : « Au niveau du Musée, il y a un peu moins de visiteurs mais on continue à faire résonner nos missions. On vient d’ouvrir une exposition qui s’appelle ‘‘Tanger, ville mystique’’, qui montre comment cette ville était une ville interculturelle internationale. L’ambassadeur du Maroc et de nombreux représentants de la communauté arabo-musulmane sont venus… Donc le dialogue n’est pas rompu. Je pense que, de part et d’autre, on respecte ce qui se passe au Proche-Orient, on respecte les victimes. » Combien reste-t-il de Juifs dans le monde arabe : tout au plus 6.000 sur les 900.000 qu’il comptait encore en 1945. Soyons sérieux : l’heure n’est pas à « respecter les victimes » (?) mais à agir pour la libération des otages, à lutter contre l’antisémitisme sans couardise et fanatisme. Oui, il faut aussi militer pour un État palestinien aux côtés et non à la place d’Israël. Oui, il faut travailler de concert avec ce qui reste de forces vives dans notre pays, c’est-à-dire les derniers tenants de l’universalisme ; bref, il est urgent de sortir du syndrome de Stockholm. Qu’on se le dise, l’oubli de soi n’est certainement pas la meilleure des recettes pour contrer la bête antisémite.

L’heure est à la mobilisation tandis que les trois principaux partis progressistes se disputent le vote musulman à coups de déclarations incendiaires contre Israël. N’en déplaise à Ecolo et au PS, ce vote apparaît largement acquis au PTB (dixit Le Soir) pour être tout à la fois, et non sans malice, pro-palestinien, pro-abattage rituel et… pro-bagnole ! Saluons, le pragmatisme idéologique de nos communistes staliniens. Qu’on se le dise, toute la vie politique, bruxelloise comme la belge, semble concentrée sur la seule question d’Israël. Imaginez, nous avons en région bruxelloise un parti nommé Viva Palestina. Nous voilà revenus aux temps des partis antisémites de la Belle Époque ! À quand une nouvelle affaire Dreyfus ? L’heure est grave. Non, dramatique. On se souviendra des insinuations s’agissant des (seules) origines juives de certains politiques belges ; personne ne songeant jamais à questionner, et pour cause, à interroger celles d’Hadja Lahbib, d’Ahmed Laaouej ou de Sammy Mahdi, de vrais Belges eux, contrairement à Sophie Wilmès, notre ex-Première ministre et à Viviane Teitelbaum.

Justement, je m’en voudrais de ne pas terminer mon humeur sans vous donner un conseil : votez pour qui vous voulez aux prochaines élections, à l’exception évidemment du PTB, du VB et, en région francophone à tout le moins, de la NVA, mais votez utile… universaliste, antiraciste, laïque. Au niveau fédéral, un choix s’impose : Viviane Teitelbaum. Cette femme politique est l’exemple même du courage en politique, ne ménageant jamais sa peine en faveur de toutes les causes qui sont les nôtres. Nos ennemis ne s’y sont pas trompés. Elle est la cible d’attaques haineuses, et même d’appels au meurtre, qui honorent ses combats. C’est un modèle de droiture et de vaillance qui devrait inspirer nos amis du Musée juif. Cette Viviane est notre Excalibur. Soutenez-la. Pas pour elle. Pour vous.

* La fée Viviane ou la Dame du Lac est le personnage des légendes arthuriennes qui donne l’épée Excalibur au roi Arthur.

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