Le spectateur lambda pourra-t-il séparer le bon grain de l’ivraie ? Et comment le pourrait-il ? Autour de l’exposition de certaines traditions juives plus ou moins connues, de l’éveil d’un intérêt pour l’industrie du diamant ou des rites orthodoxes, nous ne sommes pas à l’abri de raccourcis fâcheux et d’associations périlleuses. Un ami s’enflamme : en plus de s’être ennuyé, il a exécré le protagoniste, « un Juif européen assimilé, amoral, dénué de toute sensibilité, détestable. Et de poursuivre, qu’en rejetant tous les signes extérieurs du Juif pratiquant, il devient “indétectable” et se cache sournoisement dans la société pour faire le mal, ce qui n’est pas sans rappeler, » reproche-t-il, « la logorrhée antisémite des nazis… »
« Je ne dirais pas que cette série a un caractère antisémite parce qu’elle a été faite par un Israélien mais comment dirais-je, c’est provocant », résume Arthur Langerman qui a fait remarquer au metteur en scène que si Israël compte, parmi les siens, des gangsters, des prostituées, de la drogue, du fait qu’il s’agit d’un pays, en diaspora, les Juifs sont globalement honnêtes et soucieux de véhiculer des valeurs humanistes. A cela, le réalisateur lui aurait répondu que Rough Diamonds est une fiction, une histoire « romancée » qui ne reflète pas forcément la vérité, à l’image de The Crown qui n’est pas l’histoire de la famille royale britannique mais une fiction, un fantasme. Netflix aurait peut-être pu insérer un avertissement en début de chaque épisode. Et puis disons que ce polar a effectivement quelque chose de brut à défaut de facettes subtiles et brillantes.