Passant son enfance dans un quartier où les théâtres et les music-hall yiddish sont nombreux, George Gershwin décroche occasionnellement un rôle sur scène en tant que figurant et se met très tôt à jouer au piano. Très rapidement, il embauché par une manufacture de partitions musicales de Broadway comme compositeur et interprète et de chansons.
Gershwin combine l’héritage musical des Juifs d’Europe de l’Est avec les sons de Broadway. Il a confié au compositeur Lazare Saminsky : « Bien que je ne connaisse pas vraiment la chanson folklorique juive, je pense que beaucoup de mes thèmes ont un feeling juif ». Et dans une interview accordée en 1925 à The American Hebrew, il explique que « les mélodies religieuses traditionnelles juives ont eu une influence marquée sur la musique moderne et que les chants hébraïques possèdent une sonorité particulièrement plaintive qui leur donne un attrait universel ».
Avec Porgy and Bess, Rhapsody in Blue ou encore Un Américain à Paris, Gershwin a prouvé que les éléments les plus fins du jazz peuvent être intégrés dans la musique pour former la base de créations symphoniques typiquement et uniquement américaines. Il continuera malgré tout de composer les plus grands standards du jazz et de la chanson populaire américaine sans jamais renier l’influence de la culture musicale juive.
Ainsi, dans son opéra Porgy and Bess, Gershwin n’hésite à se nourrir de références juives, notamment lorsque dans la chanson It Ain’t Necessarily So, le personnage de l’escroc Sportin’ Life se moque des habitants de Catfish Row parce qu’ils croient dans le récit biblique. Le refrain de cette chanson reprend l’air de la prière récitée en l’honneur des fidèles appelés à la Torah à Shabbat : « Barekhou èth-Adonaï amevorakh ». Certains spécialistes font remarquer non sans humour que si l’on pouvait garder Gershwin hors de la synagogue, on ne pouvait pas garder la synagogue hors de Gershwin !
L’intimité précoce de Gershwin avec le théâtre yiddish s’est aussi révélée lorsqu’on lui a proposé en 1929 un contrat pour composer un opéra basé sur Le Dybbuk de Sh. Ansky. Malheureusement, les droits de la pièce de théâtre ayant été attribués à un compositeur italien, ce projet ne sera jamais concrétisé même si Gershwin avait prévu de voyager en Europe pour y étudier les traditions musicales juives afin de lui donner plus d’authenticité.