Mehmet Saygin, agent d’influence turque en Belgique

Willy Wolsztajn
Mehmet Alparslan Saygin est un agent d’influence politique islamo turque en Belgique depuis bientôt 15 ans. Les faits exposés ci-dessous éclairent les diverses facettes de ses activités : nationalistes turques, pro Erdogan/AKP, anti israéliennes, anti arméniennes, anti kurdes. Sous couvert de laïcité, il travaille à islamiser la société belge. Il contrecarre la lutte contre l’antisémitisme. Il soutient avec enthousiasme l’agression turque contre le canton kurde d’Afrin.
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Mehmet Saygin utilise pour principaux outils la section belge de l’Union of European Turkish Democrats (UETD), fondée en 2006, et Vigilance musulmane/Justice and Democracy (J&D/VM) créée par lui en 2009 avec un autre activiste, Abdelghani Ben Moussa. J&D/VM se présente pompeusement comme un think tank. Il s’agit en fait une officine de propagande aux effectifs essentiellement limités à ces deux personnages.

A propos de l’UETD Felice Dassetto écrit dans son ouvrage L’Iris et le Croissant (2011) : « Ce réseau fait partie du monde associatif satellite du Parti pour la justice et le développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan. (…) En juin 2010, toutes les organisations de ce réseau, coordonnées par le siège central de Cologne, sont intervenues sur la scène européenne contre l’assaut israélien de la flottille turque vers Gaza. La section belge (bruxelloise) est l’instance accréditée auprès du Parlement européen. (…) Le secrétaire général de cette association, Mehmet Alparslan Saygin, intervient sur diverses questions concernant l’islam belge (Exécutif, foulards, minaret) dans son blog (…), dans de fréquents articles dans la presse quotidienne, ou via l’association Vigilance musulmane qu’il anime avec Abdelghani Ben Moussa. »

En 2015, c’est l’UETD qui coorganise le meeting pré électoral d’Erdogan à Hasselt, 15.000 participants en délire. Et quand le Centre démocrate humaniste (CDH) exclut la parlementaire bruxelloise Mahinur Özdemir pour négationnisme du génocide des Arméniens, l’UETD monte à Bruxelles un bruyant rallye automobile de solidarité avec elle, entre le siège du CDH et l’ambassade de Turquie.

Harcèlement procédurier contre les critiques de l’islam

De son côté J&D/VM mène son action sur les plans idéologique et procédurier. En 2010, elle dépose plainte auprès de la ministre compétente contre l’enseignante Nadia Geerts parce que, lors d’une conférence tenue dans un athénée provincial, elle se déclare opposée au port du voile à l’école. Selon J&D/VM, elle n’aurait pas eu le droit, en vertu du décret neutralité, de « faire de la propagande ou du prosélytisme » dans un établissement scolaire public.

En 2011, J&D/VM attaque devant le Centre pour l’Egalité des Chances le sociologue Mark Elchardus (VUB) pour avoir affirmé que « l’antisémitisme chez les élèves a une inspiration théologique et (qu’) il y a un lien direct entre le fait d’être musulman et celui d’éprouver des sentiments antisémites. » En 2012, le documentariste Frédéric Deborsu (RTBF) subit les foudres de J&D/VM devant le Conseil de Déontologie journalistique (CDJ) pour un reportage sur l’islam. En 2013, J&D/VM attrait devant le tribunal civil la commune de Verviers pour son règlement d’ordre intérieur proscrivant les signes convictionnels ostentatoires. En 2015 J&D/VM poursuit devant le CDJ la journaliste Marie-Cécile Royen et Le Vif pour leur dossier consacré aux Frères musulmans.

Cette énumération de cas révèle la méthode, une stratégie de harcèlement judiciaire et administratif. Les plaintes n’aboutissent pas, ou alors partiellement. Mais on vise à fatiguer, à intimider, à générer l’autocensure, à taire l’antisémitisme musulman, à décourager la critique de l’islam, à entraver la régulation des signes convictionnels ostentatoires. A s’écraser devant l’islam visible qui impose insidieusement ses pratiques et ses normes.

Question idéologie, J&D/VM publie en 2015 dans La Libre, sous la plume d’Abdelghani Ben Moussa, une tribune intitulée « L’islam des ambassades, un frein à un islam de Belgique ? Non. » Et de prôner un islam belge sous tutelle bicéphale de la Diyanet, ministère turc des affaires religieuses et du Makhzen, réseau d’influence politique informel du palais royal marocain, alias la Commanderie des Croyants. Autrement dit, J&D/VM préconise la prise en otage de nos concitoyens belges d’ascendance turque et marocaine par le Maroc et la Turquie de leurs ancêtres. Merci pour l’intégration. Quant au contenu des prêches, lors de l’agression contre Afrin, la Diyanet produit en février 2018 un sermon du vendredi qui proclame que « la lutte armée pour la foi est le niveau le plus élevé du djihad. » Bonjour le bourrage de crâne pré terroriste.

Honorabilité académique et réflexes pavloviens antikurdes

Grâce au soutien du secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique Hervé Hasquin qui a préfacé son opus La laïcité dans l’ordre constitutionnel belge (2015), Mehmet Saygin, l’agitateur islamiste et nationaliste, accède à la respectabilité académique. A l’ULB son bouquin intègre les recommandations de lecture sur la laïcité. La revue de Bruxelles Laïque lui ouvre ses colonnes. De même le magazine catholique L’Appel. Des Maisons de la Laïcité lui proposent tables rondes et débats, ainsi que le Service protestant d’éducation permanente. Sans parler de médias écrits et audiovisuels divers et variés.

Mais on ne se refait pas. L’écrasement des Kurdes à Afrin pousse Mehmet Saygin à tweeter le 19 février 2018 « Pour un regard différent, en français, sur l’actualité politique (et culturelle) en #Turquie, je vous suggère de suivre le compte du nouveau média Red’Action (@RedActionMedia) ainsi que celui de sa fondatrice Öznur Sirene (@oznur_sirene) ». Ce Red’Action-là n’a rien à voir avec le PTB. Il renvoie à un post où l’on voit Erdogan en tenue de camouflage entouré de deux dames sous la mention « Quand des célébrités turques se rendent à Hatay avec le président #Erdogan pour rencontrer et soutenir les soldats participant à l’opération #RameaudOlivier, une opération antiterroriste menée par la #Turquie dans le nord-ouest de la #Syrie ».

Quant au compte Tweeter de la dénommée Öznur Sirene, on peut y lire à la date du 18 mars : « Le #18Mars est une double victoire pour la #Turquie et le peuple turc : tout d’abord à #Gallipoli contre les puissances occidentales en 1915 et ensuite à #Afrin contre les terroristes des #YPG en 2018. Quel jour de fête pour les #Turcs. » Et le 14 mars : « L#Europe, les #EtatsUnis, vous pensiez combattre un groupe terroriste (#Daech) en soutenant d’autres groupes terroristes (#PKK, #PYD, #YPG) en s’en foutant des souffrances de 40.000 personnes tuées depuis 1984 en #Turquie. Voici le retour du bâton et sûrement un simple début… ».

Nous voilà avertis.

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