Motl fils du chantre, SHOLEM-ALEIKHEM

Henri Raczymow
Motl fils du chantre, SHOLEM-ALEIKHEM, roman traduit (admirablement) du yiddish par Nadia Déhan-Rotschild et Evelyne Grumberg, L’Antilope. 285 p.
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Nous voici avec ce classique de la littérature yiddish précisément au cœur du yiddishland, quelque part en Ukraine. Quand ? Peut-être au début du XXe siècle. Un shtetl, comme il se doit. Une famille des plus misérables. Le père, chantre de la synagogue, est en train de mourir. On a vendu tous les meubles, tous les objets pour payer ses soins. Il ne reste plus rien. C’est Motl qui parle. Un petit garçon de cinq ou six ans, qui reçoit des taloches mais qui ne se plaint pas. Au contraire : « Moi, j’ai la belle vie, je suis orphelin » répète-t-il sur tous les tons. Quel plaisir de lire une fois encore Sholem-Aleikhem, « le Mark Twain juif » comme on l’a appelé. Qui nous peindrait la misère extrême sous des couleurs aussi plaisantes ? Même la religion, présente à toutes les pages et à tout propos, est délicieusement moquée. Et ce rêve que connurent tant de Juifs de l’est de partir pour l’Amérique, l’Eldorado, rêve qui fut celui de Sholem-Aleikhem lui-même, et dont il est revenu… Sholem-Aleikhem, c’est un ton, une exubérance, l’humour dans le mauvais sort et, croyez-moi, le sort pour ces pauvres yidn est toujours mauvais. Il faudrait être comme Yoynè le boulanger : ne rire qu’à moitié, à savoir que « sa lèvre du haut rit, et celle du bas pleure » …

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