Depuis que, sur les campus du monde entier, on entend « Free Palestine, du fleuve à la mer », on vit, en Israël, « au bord de l’abîme », selon les mots du poète Nathan Alterman. Le grand romancier et essayiste engagé, David Grossman, né à Jérusalem en 1954, garde encore la foi et le goût du combat pour la justice et la paix. Sa bête noire : la famille Netanyahou « avec toute sa dramaturgie à la Ceausescu ». Et s’il hait si fort la guerre, ce n’est pas tant à cause des morts qu’elle engendre, mais de la marque idéologique qu’elle impose aux consciences.
« La guerre qui nous a été imposée aura cimenté les stéréotypes et les préjugés les plus extrémistes et les plus haïssables qui définissent – et qui continueront de définir – l’identité israélienne. » Dès lors, on se demande à bon droit comment, à partir d’un tel constat, Grossman peut-il encore se considérer comme un indéfectible chercheur de paix. Il n’est plus question de changer le monde, dit-il, mais de lutter pour que le monde ne nous change pas.