L’Accord de Genève signé par des personnalités des deux bords en 2003 et qui se base en grande partie sur le plan Clinton et les discussions de Taba prévoit un règlement global et pacifique du conflit : création d’un Etat palestinien, délimitation des frontières, échanges de territoires, colonies, résolution du problème des réfugiés, sécurité, cogestion de Jérusalem, etc.[1]Seule manque la volonté politique. L’absence de leaders visionnaires, capables d’entraîner leur peuple respectif dans une spirale positive aboutissant à une solution négociée, plutôt que dans les abîmes d’une lutte fratricide sans fin, est sans nul doute la pièce manquante du puzzle. Benjamin Netanyahou, dont l’horizon politique s’est toujours limité à sa propre réélection, a trouvé ces dernières années dans des forces réactionnaires et obscurantistes [partis religieux israéliens extrémistes, néoconservateurs américains, etc.] des alliés objectifs. Poussé dans le dos par son extrême droite, il a pris le dangereux pari de considérer la loi du plus fort[2], la politique du fait accompli [la colonisation] et le temps comme des éléments jouant en faveur d’Israël au risque d’entraîner son pays dans une longue descente aux enfers. Mahmoud Abbas, lui, n’a pas réussi à prendre la place laissée vacante suite à la mort de Yasser Arafat et n’a finalement jamais répondu aux attentes qui avaient été placées en lui. Il demeurera dans l’Histoire comme un éternel second couteau. Englué dans la corruption et en concurrence avec un mouvement religieux extrémiste [Hamas] pour le leadership, le Chef de l’Autorité palestinienne cherche son salut dans la confrontation [violente en adoubant le meurtre d’Israéliens par les Palestiniens et juridique en poursuivant Israël et ses responsables politiques pour crime de guerre, génocide et crime contre l’Humanité devant les tribunaux internationaux] plutôt que par la négociation.
La communauté internationale a aujourd’hui, plus que jamais, l’obligation d’intervenir [en faisant notamment pression sur Israël afin que cesse définitivement la colonisation] avant que la solution dessinée par les accords d’Oslo de « deux Etats pour deux peuples » ne soit définitivement plus possible.
Cela étant dit, l’absence de solution politique, qui entraîne chaque jour un peu plus les deux peuples dans la spirale de la violence, ne permet pas d’expliquer les raisons pour lesquelles le conflit occupe une place si singulière sur le devant de la scène internationale et en arrive à susciter autant de réactions passionnelles à travers le monde.
Les défenseurs d’Israël considèrent cette fascination du monde pour un conflit, somme toute, régional éminemment suspecte. L’antisémitisme dont les Juifs seraient victimes en serait, selon eux, l’explication majeure.
Les défenseurs de la Palestine rejettent violemment cette explication et dénoncent « le terrorisme intellectuel qui viserait à empêcher tout débat quant à la politique du gouvernement d’Israël et qui consisterait à taxer d’antisémite toute personne qui viendrait à critiquer celle-ci »[3]. Ils considèrent cet intérêt international totalement légitime et pleinement justifié. L’injustice historique subie par les Palestiniens, le lourd tribut payé par la population civile palestinienne, la gravité de certains actes commis par les Israéliens, leur violation systématique du droit international justifieraient, à eux seuls, la centralité du conflit israélo-palestinien sur l’échelle internationale des conflits régionaux. La présente contribution entend proposer une autre explication.
[1] Le texte intégral de l’accord est publié sur www.geneva-accord.org
[2] Un adage célèbre israélien dit : « si ton ennemi ne comprend pas la force, alors tape encore plus fort ».
[3] Voir par ex. Alain Gresh : « Israël/Palestine, vérités sur un conflit », Ed. Fayard, 2007.