Religion et politique au parlement israélien. Au delà de la fracture religieux/laïques ?

Sharon Weinblum
Loin de ce qu’avaient imaginé les pères fondateurs du sionisme, la religion est aujourd’hui une partie intégrante des institutions, du droit et du quotidien des citoyens d’Israël dont une majorité se définit pourtant comme laïque. Parce que les relations entre laïques et religieux se distinguent par l’antagonisme, la plupart des études traitant de la question religieuse en Israël ont mis l’accent sur le clivage séculier-religieux et les conflits qui en découlent.
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Ces études ont montré comment en raison de leurs divergences de vue et d’intérêts propres, religieux et laïques s’opposent aussi bien dans la société israélienne que dans la sphère politique. Si le clivage séculier-religieux est effectivement bien ancré dans la vie sociale et politique israélienne et peut servir de cadre d’interprétation du phénomène religieux, l’utilisation de ce prisme d’analyse dissimule une réalité autrement plus complexe.

Cette étude cherche précisément à offrir une image plus nuancée et détaillée des rôles variés de la religion dans l’arène politique israélienne. Elle analyse la façon dont la religion apparaît dans les débats au Parlement israélien (la Knesset) et examine dans quelle mesure ces différents usages traversent ou recoupent le clivage religieux-laïque. A partir d’une série de débats parlementaires, l’analyse propose une typologie des différents usages de la religion où cette dernière apparaît principalement sous trois formes : comme source d’autorité, comme marqueur d’identité et enfin comme source de valeurs. Sur cette base, l’analyse démontre que l’utilisation de la religion dans la politique israélienne, et plus particulièrement au sein du Parlement israélien, ne peut être réduite à une fracture entre religieux et laïques. L’étude souligne que si dans sa première forme, le clivage religieux-laïque prédomine, l’utilisation de la religion comme marqueur d’identité par les membres religieux de la Knesset ne conduit pas nécessairement à un conflit avec les députés laïques, tandis que dans sa dernière forme la religion est une ressource mobilisée par les députés des deux groupes : religieux et laïques.

L’étude conclut que l’avenir de l’Etat d’Israël comme « Etat juif et démocratique » dépendra de l’utilisation de la religion qui parviendra à s’y imposer.

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