Regards n°1040

L’éditorial

A travers ce procès de plus de neuf semaines, nous avons tous pu comprendre ce qui s’est passé ce samedi 24 mai 2014 au Musée juif de Belgique. Ce travail de vérité ne fut pas aisé en raison des souvenirs douloureux qu’il a fait remonter à la surface. Mais ce travail fut nécessaire, car il a permis aux familles des victimes d’aller de l’avant.

Cette exigence de vérité est indissociable de la volonté de ne pas oublier ce qui s’est produit. Grâce aux nombreux témoins venus s’exprimer devant la Cour d’assises et une enquête minutieuse qui s’étale sur plus de quatre ans, il fut difficile, voire impossible de nourrir quelques doutes sur la culpabilité de l’assassin. A sa manière très solennelle, la Cour d’assises a montré que le droit et la justice peuvent aider un groupe humain à ne pas oublier ce qu’il a subi.

Dans la motivation de son arrêt, la Cour d’assises a également mis en exergue le caractère antisémite de cet assassinat terroriste. Il s’agit donc d’un attentat à la fois djihadiste identique à ceux qui ont frappé l’Europe en 2015 et en 2016, et d’un acte terroriste antisémite. La conjonction de ces deux dimensions est nécessaire, car elle permet de dissiper le malaise que certains éprouvent si l’on n’en retient qu’une seule. En ne présentant cet attentat que sous sa dimension antisémite, certains craignent que la société dans son ensemble ne se sente pas concernée, qu’elle n’y voie qu’un problème de Juifs. Cette crainte compréhensible se nourrit d’expériences vécues où les Juifs se sont retrouvés isolés face à l’antisémitisme.

Mais dans le cas de l’attentat du Musée juif, la dimension antisémite, omniprésente dans l’idéologie djihadiste, se combine avec une haine de l’Occident et des valeurs de modernité qu’il porte. Cet attentat ne fait qu’illustrer la métaphore du canari dans la mine à laquelle se réfère le rabbin Delphine Horvilleur dans son livre Réflexions sur la question antisémite  (éd. Grasset) : « Quand on commence à s’attaquer aux Juifs, cela préfigure toujours une violence encore plus grande ». La violence qui a frappé les Juifs en mai 2014 était le symptôme de violences extrêmes qui menaçaient toute la société.

Écrit par : Nicolas Zomersztajn
Rédacteur en chef
22 bis

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Historienne spécialiste de la Shoah, directrice de recherche honoraire au CNRS et vice-présidente du Conseil supérieur des archives depuis 2019,
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